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YAMAMOTO Shûgorô

(Otsuki, préfecture de Yamanashi, 22/06/1903-Yokohama, 14/02/1967)

Romancier, novelliste.
"Très attaché à l'époque d'Edo, aux habitants de la « Capitale de l'Est » et à leur mœurs, Yamamoto Shûgerô compta bientôt parmi les meilleurs auteurs de romans historiques du Japon. Il laisse une œuvre foisonnante, en constant renouvellement." (F.Rambaud, Dictionnaire de Littérature Japonaise sous la direction de Jean-Jacques Origas).

De son vrai nom Satomu Shimizu. Par reconnaissance, il prend le nom de plume Yamamoto, d'après le commerçant chez qui il travaille dès 1917, et qui "sera pour lui un véritable éducateur" (F.Rambaud). Il écrira toutefois sous une dizaine d'autres pseudonymes.
Il commence à publier en 1926, des œuvres pour la jeunesse, puis des histoires populaires pour adultes. Il continue avec des livres pour la jeunesse, des romans policiers... Le succès arrive progressivement.
En 1942, il reçoit la Prix Naoki, qu'il refuse. Deux raisons possibles à cela : "Sa vie durant, il récusa la distinction entre « littérature pure » et « littérature populaire ». Rien, à ses yeux, ne pouvait la justifier." (F.Rambaud) ou bien " Shûgorô refusa, disant modestement que ses « écrits populaires» ne devaient pas être considérés comme de la « littérature »". (wikipedia).
Il est mort de pneumonie.

Un prix qui porte son nom a été créé en 1987.

D'un point de vue cinéphilique, Yamamoto est une source d'inspiration très importante pour Kurosawa.
1962 : Sanjurô, d'après un roman (Peaceful Days, en anglais). Le script est travaillé de sorte de devenir une suite de Le Garde du Corps.
1965 : Barberousse, d'après le roman Akahige Shinryôtan (1964). Dernier film en noir et blanc de Kurosawa
1970 : Dodes'kaden. Premier film en couleurs de Kurosawa. Il adapte "Quartier sans soleil" ("J'ai tenu à transposer à notre époque toutes les nouvelles du recueil qui étaient étalées sur plusieurs époques, de l'ère Meîji à nos jours." a dit Kurosawa).
1999 : Après la pluie (Ame Agaru), scénario de Kurosawa, mais film de Takashi Koizumi.
2002 : Umi wa miteita, scénario de Kurosawa, film de Kei Kumai

Takashi Miike (Sabu, 2002), Masaki Kobayashi, Kon Ichikawa ont également adapté ses œuvres.

 

barerousse

- Barberousse (Akahige Shinryôtan, 1964). Traduit en 2009 par Corinne Atlan. Editions du Rocher, 284 pages.
Le roman débute ainsi :
"Une fois devant le portail d'entrée , Noboru Yasumoto s'arrêta un instant et considéra la guérite du gardien d'un œil vague. Il avait la nausée, et la tête affreusement lourde, conséquence d'une beuverie la veille.
- Alors, le voilà, le «Centre de soins Koishikawa » ? marmonna-t-il entre ses dents.
Mais, en réalité, seule Chigusa occupait son esprit.
" (page 5).

Noboru Yasumoto a étudié la médecine hollandaise pendant trois ans à Nagasaki.
Il a des ambitions : il veut se faire un nom, et grâce à un ami de son père, médecins eux aussi, il devait obtenir rapidement un poste de médecin titulaire à son retour. Et épouser une de ses filles, Chigusa.
Pas de chance, Chigusa ne l'a pas attendu, et il se retrouve là, devant cet hospice avec des gens misérables, des pouilleux.
Berk.
Bref, quand commence le livre, il tient plus du petit prétentieux sûr de lui que de l'humaniste.
"Il n'avait aucune intention de rejoindre l'équipe de médecins stagiaires. Il suffisait d'ouvrir les yeux pour se rendre compte que travailler dans ce cadre était salissant et peu stimulant, pour ne pas dire fort ennuyeux." (page 21).
Les patients – et certains médecins - se plaignent :
"- On a beau être dans un établissement de soins gratuits, la moindre des choses serait de nous faire dormir sur des tatamis comme tout le monde.
- On a nos propres vêtements quand même, au moins les femmes devraient avoir le droit d'utiliser des couleurs. Dans cette tenue, nous avons l'air de condamnés !
" (page 23)
Eh oui : il n'y a pas de tatamis dans le centre, seulement un plancher. Les malades portent tous une sorte d'uniforme pratique à enlever pour l'auscultation. Les médecins eux aussi portent une tenue blanche.
Tout ceci a des raisons pratiques qui sont expliquées au bout de quelques minutes chez Kurosawa, mais beaucoup plus tard dans le roman (page 77 pour la tenue et page 151, pour les tatamis).
Mais, en apparence, il ne s'agit que d'une lubie de l'autoritaire Kyojo Niide, appelé Barberousse à cause de sa barbe qui tire vers le roux.
Il a l'air d'une grande brute, il est bourru, Barberousse, mais sous des apparences de grand costaud, il y a un petit cœur qui bat, et une confiance quasi indéracinable dans l'Humanité, ce qui ne l'empêche pas d'en voir les aspects moins glorieux :
"Il n'y a rien de plus précieux, de plus beau, de plus pur qu'un être humain. En même temps, rien n'est plus abject, plus infâme, plus stupide, plus pervers, plus avide et plus cruel." (page 160).
"Pour moi, l'humanité authentique se trouve plutôt chez ceux qui souffrent de la pauvreté et de l'ignorance que chez ceux qui s'enrichissent et mènent des vies prospères ; ce sont les premiers et non les seconds qui ont véritablement espoir en l'avenir." (page164)

C'est la misère, l'ignorance, qui engendrent le crime et le malheur (dans le roman de Mary Shelley, la créature de Frankenstein dit quelque chose comme : "j'étais bienveillant et bon, la misère a fait de moi un démon" ; c'est un peu pareil).
"- Ce que nous pouvons faire actuellement, ce que nous devons commencer à faire, c'est lutter contre la misère et l'ignorance pour pallier les insuffisances de la médecine, tu comprends ? […] Tu peux toujours dire que c'est un problème politique, c'est la façon habituelle de se débarrasser de la question ! Mais qu'est-ce que la politique a fait jusqu'à présent pour éradiquer la misère et l'ignorance, hein ? Prends la misère, simplement : depuis le début du gouvernement d'Edo, il y a eu je ne sais combien de lois et d'ordonnances, mais peux-tu me citer un seul article interdisant de laisser les êtres humains vivre dans le dénuement ?" (pages 42-43).

Bien entendu, le jeune docteur Noboru Yasumoto va prendre conscience des réalités de la vie, des vraies valeurs, ne plus snober le docteur Mori (j'aime beaucoup son nom, qui fait penser au fameux Memento…) parce qu'il est d'une famille de fermier, etc.
Au cours des visites gratuites que Barberousse et lui effectuent auprès des démunis, on voit la misère, le dénuement des petites gens, des prostituées exploitées... Certains n'ont pas de quoi manger, se chauffer…

En gros, chacun des huit chapitres se focalise sur une histoire liée à un patient (sa vie, les circonstances mystérieuses de sa maladie…), ce qui donne un aspect un peu fragmenté au roman.

Kurosawa...
kurosawa : barberousse   barberousse
a réussi à donner du liant à l'ensemble, notamment en réduisant le nombre de "décors" – certaines histoires se déroulent au dispensaire, et non plus chez les gens, ce qui permet de limiter l'impression de dispersion – supprimant et condensant certaines histoires, les faisant se chevaucher.
De plus, il a mis un "Entracte" qui, en développant - en le recréant véritablement - un personnage (Otoyo – intrigue qui trouve sa source dans Humiliés et Offensés, de Dostoïevski me dit Wikipedia), ajoute une implication plus personnelle de la part de Noboru. Et la transition avec l'histoire Le fou au rossignol arrive de manière très naturelle, fluide.

C'est donc vraiment un bon roman, même si le style n'est pas fabuleux (il n'y a pas de coquetteries stylistiques), c'est sans doute ça la différence entre la "vraie littérature" et la "littérature populaire".
Yamamoto Shûgorô a une histoire à raconter, et il le fait très bien.

 

Quelques autres livres non traduits en français :
- Suma-dera fukin (Aux abords du temple de Suma, 1927)
- Nihon fudô-ki (De la voie de la femme au Japon,1942 - Prix Naoki, refusé)
- Belles de jours (Asagao, 1983, prix Tanizaki)
- Momi no ki wa nokotta (Le sapin, seul, est resté , 1959-1959)

Films d'après son oeuvre :
- Haru wa mata oka e (1929), réalisé par Hirotaka Nagakura
- Aozora roshi (1937), réalisé par Shichinosuke Oshimoto.
- Tsubaki Sanjûrô (1962), réalisé par Akira Kurosawa, avec Toshirô Mifune. Il s'agit de la suite de Yojimbô (le Garde du Corps, 1961). Le roman (Peaceful Days, en anglais) a donc été considérablement modifié.
sanjuro
 sanjuro

- Chiisakobe (1962), réalisé par Tomotaka Tasaka.
- Aobe ka monogatari (1962), réalisé par Yuzo Kawashima.
- Goben no tsubaki (1964), réalisé par Yoshitaro Nomura.
- Dojo yaburi (1964), réalisé par Seiichiro Uchikawa.
- Barberousse (Akahige, 1965), réalisé par Akira Kurosawa. Un chef-d'oeuvre, bien sûr. Toshirô Mifune dans le rôle de Barberousse. Yuzo Kayama dans celui du docteur Noboru Yasumoto. Le dernier film en noir et blanc de Kurosawa, et la dernière collaboration Kurosawa-Mifune. Nomination comme meilleur film étranger aux Golden Globes.
kurosawa : barberousse
- Hiya-meshi to Osanto-chan (1965), réalisé par Tomotaka Tasaka.
- Namida gawa (1967) (novel), réalisé par Kenji Misumi.
- Kiru (1968) (novel "Peaceful Days"), réalisé par Kihachi Okamoto. Il s'agit d'une nouvelle adaptation du roman Peaceful Days, qui avait été à l'origine du film de Kurosawa, Sanjûrô, en 1962.
- Dodesukaden (1970), réalisé par Akira Kurosawa. La premier film en couleurs de Kurosawa. Nomination comme meilleur film étranger aux Oscars. Echec commercial retentissant, sans doute pas étranger à la tentative de suicide de Kurosawa un an après. Il reviendra au cinéma en 1975 avec le magnifique Dersu Uzala (d'après le roman de Vladimir Arseniev).
dodeskaden  dodeskaden dodeskaden


- Inochi bô ni furô (1971), réalisé par Masaki Kobayashi (le réalisateur de Kwaidan et Seppuku).
- Fusa (1993), réalisé par Kon Ichikawa (le réalisateur de La Harpe de Birmanie)
- Ame agaru (1999), réalisé par Takashi Koizumi (l'assistant de Kurosawa depuis Kagemusha en 1980) d'après un scénario de Kurosawa. Très nombreuses récompenses Je l'ai presque détesté : mou, mal filmé, mal joué. A revoir : je devais être dans un mauvais jour.
après la pluie
- Dora-heita (2000), réalisé par Kon Ichikawa
- Kah-chan (2001), encore réalisé par Kon Ichikawa
- Sabu (2002), téléfilm de Takashi Miike. Le 48° film de Takashi Miike, ou quelque chose comme ça... Enfin, un des 8 films ou téléfilms de Miike sortis en 2002.
sabu   sabu
- Umi wa miteita (2002) , réalisé par Kei Kumai. Encore un scénario de Akira Kurosawa. Une fois mort, il semble plus facile de trouver de l'argent pour faire des films.
- Hatsu tsubomi (2003), téléfilm de Shin'ichi Kamoshita
- Tsubaki Sanjûrô (2007), réalisé par Yoshimitsu Morita. Il s'agit d'un remake du film de Kurosawa de 1962.


- Momi no ki wa nokotta (2010). Téléfilm de Hashimoto Hajime.

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