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QUIROGA Horacio
(Salto Oriental, Uruguay, 1878- Buenos Aires, Argentine, 1937)
D'après wikipedia : "L'existence tout entière d'Horacio Quiroga est placée sous le signe de la mort : mort de son père, qui, alors que le futur écrivain est âgé de trois mois se tire une balle de fusil dans la tête sans que l'on sache s'il s'agit d'un accident ou d'un suicide; mort de son beau-père, dix-sept ans plus tard, qui se suicide d'un coup de fusil sous les yeux du jeune homme ; suicide de sa première femme en 1915 ; mort enfin de son meilleur ami, Federico Ferrando, accidentellement tué par Quiroga lui-même alors qu'il manipule un pistolet. [...]
On ne s'étonnera pas que dans ce contexte très particulier les contes et nouvelles publiés par Horacio Quiroga soient placés sous le signe de cette facilité sinistre de mourir dont parle Victor Hugo. [...]
À partir de 1912, Quiroga s'installe à San Ignacio, dans la forêt tropicale.
Atteint d'un cancer de la prostate, il mit fin à ses jours en avalant une pilule de cyanure en 1937."
- Anaconda. Recueil de dix-neuf nouvelles traduit de l'espagnol (Uruguay) par Frédéric Chambert en 1988. Editions A.M.Métailié, 198 pages.
La nouvelle qui donne son nom au recueil, Anaconda (36 pages, le plus long texte), commence ainsi :
"Il était dix heures du soir et il faisait une chaleur suffocante. Le temps lourd, sans un souffle, pesait sur la forêt. Le ciel de charbon était de temps à autre déchiré à l'horizon par de sourds éclairs, mais l'orage grondant au sud était encore loin.
Sur un chemin au milieu des spartes blancs, Lancéolée avançait avec la lenteur générique des vipères. C'était une yarara magnifique, d'un mètre cinquante, aux flancs ornés d'une ligne noire bien découpée en dents de scie, écaill par écaille. Elle avançait en s'assurant de la sécurité du sol avec la langue, qui remplace parfaitement les doigts chez les ophidiens." (page 7)
Les serpents vivent leur vie tranquille... Mais, depuis quelques jours, du bruit se fait entendre du côté de la Maison. "Et maintenant on y entendait des bruits insolites, des coups métalliques, des hennissements de chevaux, tout un ensemble de choses qui révélaient à une lieue la présence de l'Homme. Mauvais signe..." (page 8).
Branle-bas de combat, conseil de guerre... des éclaireurs sont envoyés. Très bonne nouvelle.
Le Simoun parle de désert. "Le soir, les crépuscules sont violets, complètement violets. Et le guebli commence à souffler sur les dunes, il effleure les cimes et soulève le sable en petits nuages, comme la fumée de volcans minuscules. On le voit s'aplatir, disparaître pour se reformer plus loin. Oui, c'est ce qui se passe quand souffle le sirocco... Et nous regardions tout cela avec un grand plaisir, les premiers temps." (page 51). L'ennui, la folie surviennent. Pas mal.
Gloire tropicale : "Un ami à moi est parti à Fernando Póo et il en est rentré cinq mois plus tard, presque mort." (page 64).
Quelqu'un lui a dit :
"- Vous voulez aller à Fernando
Póo ? Si vous y allez vous n'en reviendrez pas, je vous le garantis.
Pourquoi ça ? objecta mon ami. Le paludisme ? Vous en êtes bien revenu, vous. Et je suis américain, moi. [...]
Il y eut aussi un arboriculteur qui regarda mon ami avec des petits yeux pleins d'émotion.
- Comme je vous envie, mon ami ! Que de joies vus donnera cette resplendissante nature ! Savez-vous que là-bas les pêchers prennent en bouture ? Et les abricots de Damas ? Et les goyaves ! Et nous, ici, qui devons travailler comme des fous... Vous savez qu'en tombant les feuilles des oranges prennent racine ? Ah, mon ami, s'il vous venait l'envie de cultiver quelque chose là-bas...
" (pages 64-65).
Cet ami va donc faire la connaissance, à ses frais, de ce chaud paradis...
La majorité des nouvelles (Le Yaciyatéré, Le Marbre inutile, Le Monte Negro, La crème au chocolat ...) relèvent plus, notamment de par leurs dimensions, de l'anecdote que de la grande nouvelle, mais sont vraiment bien menées (notamment Dans la nuit, une lutte pour la survie).
On y rencontre du fantastique (Les Raies, Le Chant du cygne), beaucoup de folie (La langue, Le Vampire, La Tâche hyptalmique, Diète d'amour...), du burlesque à la limite du nonsense (La poulie folle), des situations qui échappent à tout contrôle (Les Hannetons).
Un très bon recueil de nouvelles, souvent surprenantes, pleines d'inventions.
Autres livres disponibles en français :
- Contes d'amour de folie et de mort
- Au-delà
- Contes de la forêt vierge
- Le Désert
- Le Dévoreur d'hommes
- Les Exilés
- Lettres d'un chasseur et autres contes
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