Frans Janssen van der Heiden
(1638 ? - 1681 ?)
Couverture : lithographie de Gudin (détail)
- Le Naufrage du Terschelling sur les côtes du Bengale (1661). Où l'on voit des effets extraordinaires de la faim, & plusieurs autres choses remarquables arrivées à ceux qui montaient ce vaisseau. Par Frans Janssen van der Heiden. Traduit et annoté par Henja Vlaardingerbroeck et Xavier de Castro. Editions Chandeigne. 220 pages. Illustrations de l'édition originale signées D. Bsoboom
"" (introduction, page 7).
L'éditeur de 1681, à la fin d'une préface un petit peu sensationnaliste, écrit :
"" (page 40).
Frontispice de l'édition de 1681.
Dans son avertissement au lecteur, l'auteur, Frans Janssen van der Heiden, écrit :
"" (pas 41-42).
Mais voici que commence le récit.
"" (page 43)
Batavia, c'est bien sûr le nom qu'a porté Jakarta pendant une parenthèse de quelques siècles (1619 à 1945).
Voici le trajet de Jakarta à Hugli, d'après googlemap, que l'on pourrait faire actuellement en utilisant principalement la route : 6 405 km et 150 heures en voiture et ferry.
C'était un peu plus compliqué au XVII° siècle...
"" (page 43).
Alors qu'il est près de la côte du Bengale, le vaisseau heurte le fond et s'échoue. Nos héros sont coincés, ils ne parviennent pas à trouver de chenal par où s'échapper.
"" (page 46).
Le temps devient exécrable, la houle se met de la partie et secoue le vaisseau qui manque sans cesse de se briser. Certains prient Dieu ; les pilotes, eux "" (page 47).
Par miracle, le vaisseau est soulevé et se retrouve libre, mais il prend l'eau : il est urgent d'arriver quelque part... mais dans quelle direction faut-il se diriger ?
Heureusement, quelqu'un aperçoit le rivage. À cause des éléments déchaînés, y parvenir est toutefois très difficile, et nombreux sont ceux qui se préparent à la mort.
Toutefois, nos héros parviennent à terre, pour se rendre compte que ce n'est pas le continent, ni quelque grande terre, mais une île sans source d'eau. Cela va les contraindre à boire de l'eau de mer... et à avoir très faim.
Les voici qui explorent la rive :
"" (pages 65-66)
Le désespoir, la fatigue et la faim conduisent certains à la folie. D'autres commencent à être prêts à tout pour survivre :
"" (page 74). On ne dort que d'un oeil...
Lorsque des disputes éclatent, personne n'intervient, chacun souhaitant presque un combat à mort "" (page 81).
On voit ce que les hommes sont prêts à manger quand ils ont de plus en plus faim (pour bien comprendre le peu qu'ils ingurgitent : nos héros n'auront pas déféqué pendant vingt-cinq ou vingt-six jours, précision de la page 121). Ce qui paraissait immangeable devient désirable... On n'est pas dans la fiction, le romanesque, ici c'est du vrai.
"" (page 89).
Nos héros devront rapidement se mettre sous la dent des choses bien pires que ce malheureux crapaud...
Il faudra construire un radeau pour tenter de gagner le continent ou quelque grande île (Sandwip n'est pas très loin), ce qui est loin d'être simple pour des hommes dans un état d'extrême fatigue. De plus, tout le monde ne peut pas tenir sur le radeau, et le voyage sera forcément très hasardeux...
Une fois sauvés - cela ne se fera pas simplement - en bien piteux état, nos héros ne sont pas au bout de leurs peines, et c'est une des originalités de cette relation : ils se trouvent enrôlés par le grand Moghol Aurangzeb (1618-1707). Ils sont incorporés dans l'immense armée menée par un général, le nabab khankhanan Mir Jumla (1591-1663) pour combattre le roi d'Assam.
L'auteur décrit ce qu'il voit, les moeurs des gens, le fonctionnement de l'armée. On découvre notamment que les chrétiens sont très bien considérés et traités, mieux même que les musulmans :
"M" (page 143).
"[c'est ainsi que le narrateur appelle les bengalais hindous, précise une note]" (page 151).
La carte ci-dessous, extraite de Wikipedia, permet de se rendre compte de l'étendue de l'empire moghol à la mort d'Aurangzeb (en rouge) :
En compagnie de l'auteur, on voit défiler cavalerie, infanterie, une foule de soldats armés de mousquets, de piques...
" " (pages 155-156)
Et on participe à des combats !
Le Naufrage du Terschelling sur les côtes du Bengal est un texte très intéressant.
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