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Gyrðir Elíasson

(Reykjavík, Islande, 04/04/1964 - )

gyrdir eliasson


"Gyrðir Elíasson (né le 4 avril 1964) est un auteur de premier plan en Islande. [...]
Il a publié dix recueils de poésie ainsi que cinq livres en prose.
Il est également traducteur, avec un intérêt particulier porté aux peuples indigènes des Amériques. Il vit actuellement à Reykjavík avec sa femme et leurs trois enfants.

Elíasson a obtenu le prestigieux Grand Prix de littérature du Conseil nordique en 2011 pour son recueil de nouvelles intitulé Entre les arbres (Milli trjánna). Un autre recueil de nouvelles, Gula húsið (non traduit ; littéralement La Maison jaune), a remporté le Prix littéraire islandais ainsi que le Prix Halldór Laxness de littérature.
" (Wikipedia)


entre les arbres

- Entre les arbres (Milli trjánna, 2010), traduit de l'islandais en 2012 par Róbert Guillemette). Books Editions. 237 pages.
Ce recueil de nouvelles s'ouvre par une citation de Bo Carpelan :

"Le soir vient avec son crépuscule,
va comme l'eau du fjord
entre les arbres obscurs
où ils se tiennent, immobiles.
"

Les 47 nouvelles occupent 237 pages... chaque nouvelle est donc très courte.

Généralement, il s'agit d'une situation banale dans laquelle s'immisce un élément qui n'est pas à sa place, à la limite du fantastique. Un bruit étrange, un murmure qui provient d'on ne sait où, un rêve, un souvenir, un monstre... La mort peut également survenir de façon brutale, comme dans la vraie vie. Ou bien, encore, un personnage peut agir, généralement en fin de nouvelle, de façon apparemment étrange, en rupture avec le bon sens, ou avec ce que l'on croyait savoir, ce qui perturbe et fait s'interroger sur la signification du geste.

Ces nouvelles reposent sur pas grand-chose. Les personnages principaux ont généralement leur vie derrière eux. Ils sont veufs ou divorcés, connaissent la solitude.
La nouvelle La bibliothèque commence ainsi :
"
Il était vieux maintenant, et l'apparition de certains signes était une claire indication de la brièveté de la vie. Un jour, allongé sur le sofa du salon, il considéra sa bibliothèque pleine de livres et eut une idée.
Il se leva lentement, pesamment, s'approcha de la bibliothèque et se mit à la vider de ses livres. C'était un meuble profond, en chêne, de la belle ouvrage. Il posa les livres sur les chaises et le sofa, feuilletant de temps à autre un volume qu'il affectionnait particulièrement avant de continuer à vider les rayons.
" (page 23).
Il fait basculer la bibliothèque, de sorte de la mettre à plat.
Il prend les planches, un marteau, et se met au travail.
Puis : "
Il saisit le coussin rouge brodé par sa femme et le déposa à l'extrémité de la bibliothèque. [...] Il se glissa lentement et péniblement à l'intérieur, s'allongea en posant sa tête grise sur le coussin et regarda fixement le plafond jaune." (page 24).
Il a transformé sa bibliothèque en cercueil...

Quasiment chaque nouvelle fait mention d'un auteur, d'un compositeur, d'un cinéaste, à travers une référence ou une anecdote. Ainsi, dans la nouvelle
La Bibliothèque :
"Elle aimait tout particulièrement les courts morceaux composés par Charles-Valentin Alkan, le pianiste qui mourut, dit-on, terrassé par une bibliothèque alors qu'il voulait atteindre un livre sacré posé à son sommet." (page 25).


Adagio de la Sonate de concert opus 47 pour piano et violoncelle en mi majeur (1857), de Charles-Valentin Alkan.


Dans une autre nouvelle, un homme abat méthodiquement des rats avec sa carabine. La fin est énigmatique.

Dans Entre les Arbres, à un moment, on lit d'étranges graffitis :
"Jésus était un petit cheval aveugle.
C'est le pied de tringler les trolls
." (page 54).

Il y a aussi des références à des proverbes, des expressions. J'aime bien la plaisanterie de Nasr Eddin Hodja, expliquée dans une note : "Dans l'une de ses histoires, ce personnage de la culture populaire musulmane rétorque, à qui lui reproche de n'avoir pas assisté aux funérailles de son ami, que celui-ci n'assistera pas non plus aux siennes." (page 60)

Dans Le Magasin de musique, le narrateur rêve qu'il entre dans un magasin de musique qui contient des enregistrements inédits, voire improbables.
"Il y avait une Onzième Symphonie de Beethoven, qu'il n'avait à ma connaissance jamais composée mais qui se trouvait bel et bien là, dans une fort belle édition allemande. L'oeuvre de Satie Marche militaire pour 203 pianoforte était là elle aussi. Même chose en ce qui le concerne : je savais qu'elle n'avait jamais été jouée. À la mort de Satie, on trouva 354 chemises sales derrière son piano à queue. Qui sait si ce n'est pas en composant ce morceau qu'il avait sué ?
Je passait ensuite au blues.
" (page 68) Mississippi John Hurt chante des airs que Neil Young n'a jamais composés...
C'est une jolie nouvelle.
On trouve aussi un médecin qui lit Homère dans sa voiture, tout en conduisant, à chaque fois qu'il doit rendre visite à des patients...

Il y a donc beaucoup de bonnes nouvelles, mais également un certain nombre qui auraient bien pu ne pas être incluses (surtout vers la fin du recueil).
Les nouvelles réussies ont un petit charme évanescent.



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