Littérature Portugaise
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"Mário de Sá-Carneiro, né à Lisbonne le 19 mai 1890 et mort à Paris le 26 avril 1916, est un poète et écrivain portugais, considéré comme l'un des représentants essentiels du courant symboliste et de « l’école du désenchantement ». Dès l'âge de 14 ans, Mário de Sá-Carneiro écrit des pièces de théâtre avec des camarades de lycée. Après sa sortie du lycée et une tentative avortée d'études de droit, il se lance dans une vie littéraire et fait de nombreux voyages à Paris. En 1912, il publie une pièce de théâtre, Amizade, et un recueil de nouvelles, Principio. En 1913, il publie un roman, La Confessipn de Lucio (A Confissão de Lúcio), et un recueil de poèmes, Dispersão. En 1915, il publie un recueil de nouvelles, Ciel en Feu (Céu em Fogo). - La Confession de Lucio (A Confissão de Lúcio, septembre 1913, Editions de la Différence,traduit et préfacé par Dominique Touati). 143 pages. A la fin de son introduction, Dominique Touati écrit : "La Confession de Lucio est un roman qui se nie au fur et à mesure qu'il s'écrit, avec des personnages en forme de mirage, des souvenirs qui ressemblent à l'oubli, des comme si qui invalident, en même temps qu'ils l'énoncent l'un des termes de la comparaison. La substance du roman semble se dérober dans une sorte de discours autodégradable qui laisse tête à tête le lecteur et l'auteur dans une exhibition forcenée de ce dernier contre soi-même et contre le roman, lutte dont est faite la matière dramatique de cette oeuvre, et qui nous tient en haleine pendant plus de cent pages." (page 12). C'est vrai. D'ailleurs, le livre commence avec une citation de Fernando Pessoa (« Dans la forêt de l'égarement ») qui met bien dans l'ambiance : "... ainsi étions-nous obscurément deux, sans qu'aucun des deux sache dire si l'autre n'était lui-même, si cet autre improbable pouvait exister..."
Le roman commence : "Ayant passé dix années en prison pour un crime que je n'ai pas commis et dont je ne me suis jamais défendu, mort pour la vie, mort pour les rêves, n'ayant plus rien à espérer, j'envisage maintenant de passer aux aveux, c'est-à-dire de démontrer mon innocence. Le narrateur est poète, et il gravite dans un milieu artistique parisien parfois excentrique : Au cours d'une soirée, le narrateur rencontre Ricardo de Loureiro, un écrivain, l'homme qu'il va assassiner. Ils vont devenir très amis. Ricardo de Loureiro est la proie d'angoisses. "Si je voyage - si, en un mot, je vis, croyez-moi : c'est dans le seul but de consommer l'instant. Mais sous peu (j'en ai le pressentiment), cela même, je ne le supporterai plus. Ah ! Quelle douleur infinie." (page 47). Ricardo quitte Paris pour Lisbonne, et un an après Lucio fait de même. Mais les choses ont changé (on ne dira pas comment), et c'est le saut dans l'étrangeté dans laquelle l'histoire va baigner, une sorte de refoulement d'une passion homosexuelle... on sent l'omniprésence du thème du double, annoncé par la citation de Pessoa : le roman lui-même semble être composé de deux parties, avec des correspondances souterraines plus ou moins visibles... C'est vraiment un très bon roman, original (il fait parfois un peu songer au Tunnel, d'Ernesto Sabato - écrit en 1948- , mais c'est très différent), dont on ne peut s'empêcher de tenter de discerner les éléments autobiographiques. |
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