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Mário de SA-CARNEIRO
(Lisbonne, 19/05/1890 - Paris, 26/04/1916)


de sa carneiro

 

 

"Mário de Sá-Carneiro, né à Lisbonne le 19 mai 1890 et mort à Paris le 26 avril 1916, est un poète et écrivain portugais, considéré comme l'un des représentants essentiels du courant symboliste et de « l’école du désenchantement ».

Dès l'âge de 14 ans, Mário de Sá-Carneiro écrit des pièces de théâtre avec des camarades de lycée. Après sa sortie du lycée et une tentative avortée d'études de droit, il se lance dans une vie littéraire et fait de nombreux voyages à Paris. En 1912, il publie une pièce de théâtre, Amizade, et un recueil de nouvelles, Principio. En 1913, il publie un roman, La Confessipn de Lucio (A Confissão de Lúcio), et un recueil de poèmes, Dispersão. En 1915, il publie un recueil de nouvelles, Ciel en Feu (Céu em Fogo).

Après sa seule aventure sexuelle avec une jeune Parisienne, il se sent bouleversé et finit par se donner la mort le 26 avril 1916, dans un hôtel du 9e arrondissement de Paris (29, rue Victor-Massé), près d'un mois après avoir annoncé son suicide par une lettre à Fernando Pessoa.
Son œuvre poétique porte la marque de diverses influences, entre le décadentisme lyrique et nostalgique de Jules Laforgue et les tentatives modernistes de Blaise Cendrars dans les années 1910." (merci Wikipedia)


la confession de lucio

- La Confession de Lucio (A Confissão de Lúcio, septembre 1913, Editions de la Différence,traduit et préfacé par Dominique Touati). 143 pages.

A la fin de son introduction, Dominique Touati écrit : "La Confession de Lucio est un roman qui se nie au fur et à mesure qu'il s'écrit, avec des personnages en forme de mirage, des souvenirs qui ressemblent à l'oubli, des comme si qui invalident, en même temps qu'ils l'énoncent l'un des termes de la comparaison. La substance du roman semble se dérober dans une sorte de discours autodégradable qui laisse tête à tête le lecteur et l'auteur dans une exhibition forcenée de ce dernier contre soi-même et contre le roman, lutte dont est faite la matière dramatique de cette oeuvre, et qui nous tient en haleine pendant plus de cent pages." (page 12).

C'est vrai. D'ailleurs, le livre commence avec une citation de Fernando Pessoa (« Dans la forêt de l'égarement ») qui met bien dans l'ambiance : "... ainsi étions-nous obscurément deux, sans qu'aucun des deux sache dire si l'autre n'était lui-même, si cet autre improbable pouvait exister..."

 

Le roman commence : "Ayant passé dix années en prison pour un crime que je n'ai pas commis et dont je ne me suis jamais défendu, mort pour la vie, mort pour les rêves, n'ayant plus rien à espérer, j'envisage maintenant de passer aux aveux, c'est-à-dire de démontrer mon innocence.
Il se peut qu'on ne me croie pas. Il est certain qu'on ne me croira pas. Mais peu importe. Je n'ai plus aucun intérêt aujourd'hui à clamer que je n'ai pas assassiné Ricardo de Loureiro. Je n'ai pas de famille ; je n'éprouve nul besoin d'être réhabilité. Dix ans passés en prison ne se réhabilitent jamais. Telle est la simple vérité.
" (page 17).
Plus loin, il écrit : "Mais cessons de divaguer. Je ne suis pas en train d'écrire un roman. Mon seul désir est d'évoquer clairement les faits. Et pour la clarté, je me vois mal parti... D'ailleurs, quels que soient mes efforts de lucidité, je crains bien que ma confession ne produise l'effet le plus incohérent, le plus troublant et le plus obscur qui soit." (page 19). Le texte est donc inscrit dans la réalité, comme dans certaines nouvelles de Maupassant, celles où le narrateur se rend compte avec horreur que les objets marchent tous seuls...

Le narrateur est poète, et il gravite dans un milieu artistique parisien parfois excentrique :
"Car Gervasio partait du principe que l'artiste ne se révélait pas dans ses oeuvres, mais dans sa personnalité. Peu importait au sculpteur l'oeuvre d'un artiste. Par contre, il le voulait intéressant et génial dans son aspect physique, dans son comportement, soit : dans ce qu'il avait d'extérieur :
- Car, disait-il, appeler artiste et homme de génie un noceur obèse comme Balzac, ce bossu, ce puits d'ennui dont la conversation n'avait d'égal que la banalité des opinions - cela ne pouvait se faire, c'était injuste et inadmissible.
" (page 30).
Ce Gervasio dit à un moment, page 46, quelque chose qui fait forcément penser à Pessoa : "Vous êtes trop impatient de faire imprimer vos écrits. Le véritable artiste se doit de garder inédit l'essentiel de sa production. Me suis-je jamais risqué à exposer ?"

Au cours d'une soirée, le narrateur rencontre Ricardo de Loureiro, un écrivain, l'homme qu'il va assassiner. Ils vont devenir très amis.
On plonge dans une fête somptueuse et décadente. "Une pure splendeur, la toilette de l'Américaine. Elle était enveloppée d'une tunique à l'étoffe singulière, impossible à décrire. On aurait dit que d'étroites mailles de fils métalliques coulés dans les métaux les plus divers se diluaient en scintillements embrasés, tandis que des hululements de couleurs s'enlaçaient à des émanations tumultueuses de sifflements stellaires réfléchis. Toutes les couleurs, dans cette tunique, se prenaient de folie." (page 35). Déjà, la réalité semble se dilluer en illusions, en folie.

Ricardo de Loureiro est la proie d'angoisses. "Si je voyage - si, en un mot, je vis, croyez-moi : c'est dans le seul but de consommer l'instant. Mais sous peu (j'en ai le pressentiment), cela même, je ne le supporterai plus. Ah ! Quelle douleur infinie." (page 47).
Il dit ne pas se contenter de la vie de tous les jours. "Et je suis fier de ne pas m'en contenter... Je suis fier d'être malheureux... Nous y voilà : maudite littérature !..." (page 58). Toutefois, il a des doutes : et si les gens médiocres n'avaient pas raison ?
"Mais aurait-il mieux valu que nous appartenions à la majorité qui nous entoure ? Nous y aurions gagné la sérénité et la paix de l'esprit. [...] Non, ce n'est pas la beauté qui m'émeut. C'est quelque chose de plus vague, d'impondérable, de translucide : la grâce. Et comme elle se révèle en tout, il me vient des désirs fous, des désirs sexuels de posséder les voix, les gestes, les sourires, les odeurs, les couleurs !" (page 60).

Ricardo quitte Paris pour Lisbonne, et un an après Lucio fait de même. Mais les choses ont changé (on ne dira pas comment), et c'est le saut dans l'étrangeté dans laquelle l'histoire va baigner, une sorte de refoulement d'une passion homosexuelle... on sent l'omniprésence du thème du double, annoncé par la citation de Pessoa : le roman lui-même semble être composé de deux parties, avec des correspondances souterraines plus ou moins visibles...

C'est vraiment un très bon roman, original (il fait parfois un peu songer au Tunnel, d'Ernesto Sabato - écrit en 1948- , mais c'est très différent), dont on ne peut s'empêcher de tenter de discerner les éléments autobiographiques.




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