Littérature Portugaise
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- Le Premier voyage de Vasco de Gama aux Indes (1497-1499). Editions Chandeigne. 126 pages. Récit attribué à Alvaro Velho. Traduit et présenté par Paul Teysiser. "Notre texte a été transmis par un manuscrit provenant du monastère de Santa Cruz de Coimbra." (Introduction, page 21). Il a été découvert au XIX° siècle par le fameux historien Alexandre Herculano.
"Deux événements dominent, dans les premières années du XV° siècle, l'histoire des Grandes Découvertes : en 1492, Christophe Colomb, naviguant pour le compte de la reine Isabel de Castille, débarque dans une des îles Bahamas et, croyant aborder en Asie, découvre l'Amérique ; quelques années plus tard, en 1497-1499, Vasco de Gama réalise pour dom Manuel Ier, roi du Portugal, la première liaison maritime entre l'Europe et l'Inde par le cap de Bonne-Espérance." (Introduction, page 5). "L'auteur de ce texte a participé au premier voyage de Vasco de Gama. C'est un témoin oculaire, qui a directement vécu les événements. Son récit couvre la période allant du départ de la flotte, le 8 juillet 1497, au 25 avril 1499. Il s'interrompt brusquement avant la fin du voyage, lorsque le navire sur lequel se trouve le rédacteur a atteint les rives de l'actuelle Guinée-Bissau." (page 24) En 1497, donc, quatre navires quittent le Portugal pour aller chercher des épices. "Le capitaine-général de ces navires était Vasco de Gama. L'un des autres était commandé par son frère Paulo de Gama, un autre par Nicolau Coelho. Dès la page suivante, il y a du brouillard, deux bateaux s'égarent. Mais, connaissant la route, ils finissent par se retrouver. Ainsi, lorsque le capitaine-général est en vue : "Nous avons tiré force coups de bombardes et sonné de la trompette, tout cela pour montrer notre grand bonheur de l'avoir retrouvé." (page 26). Page 27, en quelques lignes, on passe du 22 août en 27 octobre. Le navire part vers le sud-ouest. Puis, quelques mots sur le
fameux Traité de Tordésillas (1494). "Quand on trace ce méridien sur une carte actuelle, on constate qu'il traverse l'Amérique du Sud depuis l'embouchure de l'Amazone jusqu'au nord-ouest du Rio de la Plata, attribuant ainsi au Portugal toute la partie orientale de ce qui deviendra le Brésil, un pays qui ne sera officiellement « découvert » que dix ans plus tard, en 1500." (Introduction, page 10).
Mais revenons au texte. Pendant que nous regardions les cartes, nos marins sont arrivés - ou plutôt revenus - en Afrique. Michel le Bris, dans son Dictionnaire amoureux des explorateurs, écrit, à propos des pilotes et de Vasco de Gama : "Il ne fallut pas longtemps au Portugais pour soupçonner qu'ils étaient parfaitement incompétents - ce dont il s'assura, par acquit de conscience, en les torturant jusqu'à ce que mort s'ensuive". (page 404). Parfois, le péril est immense, les ennemis menacent. "Mais Notre Seigneur ne leur permit pas de réussir, puisqu'ils ne croyaient pas en lui." (page 57). On arrive ainsi à destination : Calicut (ou Kozhikode). Et là, on lit : "Cette ville de Calicut est habitée par des chrétiens." (page 67). Une note précise : "Pendant tout son séjour à Calicut l'auteur de notre texte va prendre les hindouistes pour des chrétiens." "Cette énorme erreur est, pour nous, aujourd'hui, proprement stupéfiante. Certes Vasco de Gama a dû assez vite être détrompé. Mais beaucoup de Portugais, abusés par l'existence en Inde de véritables et très anciennes communautés chrétiennes (évangélisées, disait-on, par l'apôtre saint Thomas), ont sincèrement vu dans les hindouistes autant de chrétiens." (Introduction, page 15). Des chrétiens qui n'ont pas tout à fait la vraie doctrine, certes. Stylistiquement parlant, le texte est factuel. Il ne verse absolument pas dans le pathétique, le suspens. Le retour est très dur, car les vents sont contraires.
La découverte du chemin par voie maritime de Vasco de Gama est le sujet central des Lusiades, de Luis de Camões, en 1572.
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