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Milán Füst

(Budapest, Hongrie, 17/07/1888 - Budapest, 26/07/1967)

gyula krudy

 

"Milán Füst, né le 17 juillet 1888 à Budapest en Hongrie et mort le 26 juillet 1967, est un écrivain, dramaturge, poète et esthéticien Hongrois issu d’une famille juive de la petite noblesse appauvrie.

En 1908, il rencontre le célèbre écrivain Ernő Osvát et publie son premier texte dans la revue littéraire Nyugat. Il devient l’ami de Dezső Kosztolányi et de Frigyes Karinthy.
Après des études de droit et d’économie à Budapest, il enseigne dans une école de commerce.
En 1918, il devient procureur de l’Académie Vörösmarty, mais est amené à prendre son congé en 1921.
En 1928, une névrose l’oblige à séjourner six mois au sanatorium de Baden-Baden.

Dès 1904, il commence à rédiger, avec acharnement, son long Journal ; une grande partie (concernant les années 1944-1945) sera perdue : les pages en auraient été détruites.

En 1947, il enseigne à la Képzőművészeti Főiskola. Il reçoit le Prix Kossuth en 1948. On pense à lui pour le Prix Nobel en 1965. Son roman le plus connu, A feleségem története (L’histoire de ma femme), paraît en 1942.
" (Wikipedia).

histoire d'une solitude


- Histoire d'une solitude (Egy magány története, 1956). Traduit du Hongrois par Sophie Aude en 2007. Préface de Peter Esterhazy (traduction de Agnès Járfás). 153 pages.
"Le 1er janvier 1956, Milán Füst écrit ceci dans sa lettre à un ami : « Peu avant Noël, une jeune femme s'est annoncée chez nous, elle s'est présentée comme Mlle Ersébet Lakato-Lőwy, elle a justifié de son identité et, en proposant des gages, elle nous a emprunté cent vingt forints. Nous n'avons pas accepté les gages, car elle se référait à toi en disant qu'elle était la fille de ta soeur, autrement dit que tu étais son oncle. Nous nous sommes donc mis à sa disposition, quant à elle, elle nous a promis de régler sa dette par des citrons qu'elle allait se procurer à l'épicerie locale de l'armée russe, citrons que tu devais nous apporter à Budapest avant Noël. »" (Introduction, page 9).
Bien sûr, il s'agissait d'une escroquerie, mais cette Ersébet Lakato-Lőwy va se retrouver dans le livre (l'a-t-elle jamais su ?).
"Autant l'anecdote initiale est claire et simple (aux contours simples), ordinaire et banale, autant... autant... comment est-il au juste, ce livre ?" se demande Peter Esterhazy (page 10).
C'est une bonne question.
Le roman parle de solitude, bien sûr, c'est dans le titre, mais pas que de ça, et pas tout le temps.

Au début, la belle demoiselle dont on a déjà parlé arrive. Elle demande de l'argent, raconte une jolie histoire : elle connaît des détails sur le narrateur, sa famille. Notre héros se demande quoi faire, et laisse sa mère décider (on se rend vite compte que c'est elle qui commande). Cette dernière, d'habitude très suspicieuse, donne son accord pour verser les cent vingt couronnes :
"- [...] Si l'on veut m'embobiner avec une telle adresse, qu'elle m'embobine, pour la modique somme de cent vingt couronnes, essaie qui veut.
- Quelle largesse, - lui dis-je. Cent vingt couronnes ne sont pas rien, et nous ne sommes plus si riches que cela. - Ma mère me regarda d'un air méprisant
[...]" (page 24)


Le narrateur est historien de l'art. Il étudie del Piombo, puis Le Caravage. Il est seul, mais il recherche parfois la compagnie des hommes. Il sort alors. "L'inquiétude m'arrachait à ma solitude pour me jeter parmi les hommes comme un affamé, puis de nouveau elle m'arrachait à eux pour me renvoyer dans la solitude. - Tout va mal, pensais-je alors." (page 30)
"Tout laborieux que je fusse les temps derniers, la vérité est qu'il n'existe pas fainéant plus appliqué que moi. J'ai hérité cela de mon père. C'est quand je ne fais rien que je suis dans mon état normal. Je peux passer des heures à regarder les mouches, et à rire de leur bourdonnement sur la fenêtre. [...] Et en même temps, je ne suis pas seulement comme ça, car deux personnes parlent à l'intérieur de moi." (page 31). Du côté de son père, il a envie de glandouiller, et du côté de sa mère, il est poussé à s'activer.
Sa mère est présentée comme pas très instruite par le narrateur, mais elle finit par lui imposer ses quatre volontés.

Bientôt, c'est l'armée. Grâce à des appuis, il se retrouve chez les Hussards. Il ne fera pas la guerre, mais il va lui arriver quelques petites (més)aventures...

Il a un problème, ou plutôt une caractéristique fondamentale, notre héros. Une fois, il était en visite chez sa tante, et la regardait préparer le café.
"Je suis assis là, m'ennuyant à plaisir, lorsque quelque chose attire soudain mon attention. Je devais avoir dix-sept ans. Je me rends compte soudain que ce n'est pas du vrai café, mais de la pure chicorée qu'elle met dans le pot, alors qu'elle n'était ni pauvre, ni particulièrement près de ses sous. Je lui demande pourquoi elle fait ainsi.
- Il y a des gens qui n'aiment que le succédané de café. Comme moi, - me répond-elle. [...] Il y a des gens qui choisissent le succédané de café, et ainsi pour toute chose en ce monde. - Et la voilà qui rit. [...]
Tu n'as jamais rien vu de pareil ? Il y a des gens, disons, qui n'aiment que l'imagination ou les fantasmagories, et pas la réalité. Pour certains les arts, pour les autres la collection de timbres, - tu n'as jamais rien rencontré de pareil ? [...]
Retiens bien, petit, que c'est toujours la plus grande passion qui détermine quel tournant prendra ta vie. Moi, apparemment, la solitude et l'imagination sont mes plus grandes passions. C'est pour cela que je vis si seule.
" (pages 69-70).

"En certaines circonstances, l'homme aime à éprouver de l'aversion, moi en tout cas." (page 144).

Cela aurait pu donner une analyse psychologique larmoyante d'un personnage pitoyable, mais pas du tout.
Un curieux livre, mais réussi.



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