Littérature Russe et d'Europe centrale
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(Maloszyce -Pologne-, 04/08/1904- Vence - France - 24/07/1969) Witold est le dernier de quatre enfants d'une famille de la noblesse terrienne de la région de Varsovie. Après des études de droit à l'université de Varsovie, puis de philosophie et d'économie à Paris, il publie Mémoires du temps de l'Immaturité en 1933 puis Ferdydurke (1937), qui le fait connaître.
Varsovie, les années 1930. Le narrateur a dépassé le "Rubicon" de la trentaine. Pourtant, il se sent jeune par certains côtés... son immaturité ? L'immaturité, c'est le sujet du livre (enfin, un des sujets, je crois...). Voici Pimko, professeur machiavelique, qui jette le narrateur dans une machination infernale. Il cuculise (ce n'est pas un gros mot...) notre narrateur, qui est maintenant appelé "petit Jojo" : tout le monde le perçoit désormais comme un enfant, malgré ses trente ans passés ! Direction : l'école ! "Le cucul, le cucul, le cucul. Je ne sais pas si vous le croirez, les adultes artificiellement rapetissés et infantilisés par nos soins constituent un élément meilleur encore que les enfants à l'état naturel. Le cucul, le cucul ! Sans élèves, il n'y aurait pas d'école et sans école, il n'y aurait pas de vie." (page 55). Ce n'est pas un livre de SF avec une conspiration extra-terrestre, c'est du "grotesque". Les professeurs sont consternants (ah, les cours de littérature... un grand moment !). Les concours de grimace sont de véritable duels (et l'histoire du duel entre le roi des synthéticiens et l'analyste ! Un grand moment de n'importe quoi brillant.) Mais, se demandera-t-on, pourquoi le narrateur ne s'échappe-t-il pas de l'école ? Il y a quasiment du Tex Avery dans la distorsion des visages, étonnamment plastiques, qui reflètent les émotions (notamment la haine). Alors, maintenant, du côté des idées et du sens... Gombrowicz fait un éloge de l'immaturité de l'écrivain, qui progresse en écrivant. S'il était mûr, il serait au sommet, et n'aurait plus de marge de progression. Mais, plus généralement, que veut dire ce livre ? Gombrowicz, roublard, pose lui-même la question au lecteur : "Il faudrait aussi établir, définir et décréter si c'est un roman, un journal, une parodie, un pamphlet, une variation sur des thèmes imaginaires, une étude - et ce qui prévaut en lui : la plaisanterie, l'ironie ou un sens plus profond, le sarcasme, le persiflage, l'invective, la sottise, le pur non-sens, la pure blague - à moins qu'il ne s'agisse d'une pose, d'un artifice [...]." (pages 281-282). Bref, il dynamite tout, pose des fausses pistes. Un très bon livre, original dans le fond et dans la forme, mais je ne sais pas exactement ce que j'ai lu. Est-ce un mal ?
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