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Ferenc Karinthy
(Budapest, 2/06/1921 - Budapest, 29/02/1982)
"" (merci Wikipedia).
Il était également un joueur de water-polo de haut niveau.
- L'Age d'or (Aranyido, 1972). Roman traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy. Denoël et d'ailleurs. 104 pages.
"" (postface de Marion van Renterghem, page 103).
Voici notre héros, Joseph, qui arrive. Il achète le journal au coin de la rue, lit en diagonal les nouvelles de guerre et tourne les pages jusqu'à la rubrique sportive, qui semble beaucoup plus l'intéresser.
Puis, il entre dans un immeuble.
"" (page 8).
Joseph est un bourreau des coeurs. Toutes les femmes semblent l'aimer, et cela est encore plus vrai dans la situation présente, où les hommes se font rares... Au beau discours de Nelly, il ne répond pas grand-chose ; toutefois, il pose une question :
"" (page 9).
Plus que tout, il est insouciant, "" (Marion van Renterghem, préface, page 104). Il ne laisse pas échapper une occasion de manger, boire, fume et puis coucher (pour le plaisir ou pour obtenir de quoi manger, boire et fumer).
Budapest est assiégé par les Soviétiques.
Ils vont commencer à bombarder, il faudra alors se réfugier dans les abris.
La
famine va menacer, sans compter les milices des croix-fléchées...
Le décalage entre le comportement d'apparence très cool de Joseph et les événements dramatiques qu'il vit font de ce texte quelque chose d'assez étonnant (bien sûr, on peut se dire que la mort pouvant survenir à n'importe quel moment, point n'est besoin de trop penser à l'avenir, et qu'il vaut mieux saisir toute bonne chose à portée de main : jouissons de la vie tant qu'il en est temps...), qui devient quasiment surréaliste, à la limite de l'absurde.
Un très bon texte.
- Epépé (Epépé, 1970). Roman traduit du hongrois par Judith & Pierre Karinthy. Editions Denoël, 283 pages.
"" (Claude Hagège, préface, pages 7-8).
Le roman commence ainsi :
"" (page 9).
Budaï devait se rendre à Helsinki pour prononcer une conférence à un congrès de linguistes. Très fatigué, il s'est endormi dans l'avion. Une fois arrivé (mais où ?), toujours fatigué, il a pris le bus depuis l'aéroport jusqu'en ville. Pendant le trajet, quelque chose lui est parut étrange : il n'était visiblement pas à Helsinki. Comme tout le monde, il est descendu et s'est retrouvé devant un hôtel.
"" (page 10).
Il y a foule car comme, on le verra, il y aura toujours du monde partout dans la ville, jour et nuit : une population extrêmement mélangée, des gens de toutes origines, à tel point qu'il est impossible de savoir sur quel continent on se trouve. Budaï, qui connaît un grand nombre de langues, est pourtant incapable de communiquer, et ne comprend pas non plus ce qu'on lui dit. Même lorsqu'on lui répète une phrase, il a l'impression que les mots ne sont pas exactement les mêmes.
La langue écrite est composée de mystérieux signes de type runique. Budaï n'est même pas sûr du sens de lecture, et les livres qu'il se procure le laissent perplexe...
Il est installé à l'hôtel, mais
veut en repartir le plus vite possible pour assister à son congrès. Comment faire ? Pour lui qui connaît tant de langues, cela ne devrait a priori pas être trop difficile de faire comprendre qu'il veut aller à l'aéroport...
Il y a du bruit et du monde partout (les gens se poussent, s'écrasent)... et pourtant, personne ne fait attention à lui. Les gens sont totalement indifférents à notre héros, qui parle une langue bizarre : serait-il fou ? se moquerait-il des autres ? Ils n'ont pas le temps ou la volonté, ou encore l'intérêt de creuser la question, de s'occuper de lui, alors-même que tout le monde passe des heures à faire la queue. Car, pour la moindre chose, le moindre renseignement, il faut faire la queue.
Tant de temps passé à attendre ! Cela lui est insupportable.
Et pourtant...
"" (pages 93-94).
Budai, en vrai virtuose des langues et de l'étymologie, va se creuser les méninges, il est confiant dans ses capacités de raisonnement... "" (page 77).
Budaï arrivera-t-il à repartir pour retrouver sa famille ?
Epépé est un excellent roman, curieusement prenant, qui parle bien sûr du problème de la communication dans les sociétés contemporaines, de l'anonymat de l'individu dans la foule, de la perte des certitudes, de la capacité de l'homme à s'adapter (pour accepter ou se révolter) à des situations absurdes et a priori intolérables.
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