Littérature Russe et d'Europe centrale
-> retour Russie et... <-
|
(Jitomir, Ukraine, 31/08/1937 - )
"Mark Kharitonov est romancier, essayiste et poète. - Le Gardien (1994). Traduit du russe par Laure Troubetzkoy. 224 pages. Editions Fayard. Le Gardien, c'est Storoj en russe. Et Storoj, c'est aussi le nom de celui qui semble être le personnage principal. Je dis qui semble, parce que je n'en suis pas bien sûr, en fait. Ce qui est sûr, c'est que le livre commence ainsi : Il était sportif ; il lui faut maintenant renoncer à toute ambition dans ce domaine. Ce qui est étrange, c'est que cette insomnie ne lui est pas venue tout de suite, mais une semaine après avoir commencé son nouveau travail, dans sa ville natale ou presque. C'est un travail qui est compatible avec son handicap – douleur de la colonne vertébrale, quasi-impossibilité de marcher plus de dix minutes. Storoj est ainsi quotidiennement en contact avec un œuf étrange, installé au fond d'un lac artificiel récemment créé – on voit encore une partie du clocher de l'église qui dépasse, vision insolite. La ville de Iam-le-Bas est à moitié submergée, ce qui n'est pas le cas de Iam-le-Haut. Il y a une mauvaise ambiance, la tension monte ; des arrivages aléatoires de denrées provenant de l'étranger prouvent bien que le statut de la ville a changé. Des scientifiques sont là. Des techniciens aussi. Des gens des services secrets, ou spéciaux, ou autres... Mais qui sait quoi ? Qui sait ce que les autres savent ? Quelle est la nature de l'expérience ? A cause d'une tripotée de personnages (surtout au début du livre : il y en a vraiment trop dont on se demande ce qu'ils viennent faire là : nous étourdir d'histoires, de coïncidences, de bizarreries, sans doute), on ne sait plus comment on en est arrivé là. On se focalise finalement sur certains. Tous sont étranges, ils ont généralement eu un choc qui a révélé chez eux des aptitudes (lévitation…). "Nous sommes comme des singes dans une ville abandonnée, qui tripotent et essaient les objets d'une civilisation incompréhensible. Peut-être qu'elle vient effectivement d'ailleurs ?" (page 165). C'est un livre pas banal, c'est certain. "… il volait, espérant atteindre la vitesse salvatrice qui lui ouvrirait une fenêtre sur la lumière pure, celle qui est la même pour tous, mais que chacun n'aperçoit que par une petite fente. Le point rouge de son feu arrière se déplaçait silencieusement dans le ciel et les hommes qui veillaient sur les collines, isolés et ignorant chacun l'existence des autres, le suivaient du regard." (page 222).
|
Toutequestion, remarque, suggestion est la bienvenue.