Littérature Russe et d'Europe centrale
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(Kislovodsk, nord du Caucase, 11/09/1918- Moscou, Russie, 03/08/2008) Tôt orphelin de père, il est confié à la famille de sa mère, puis vit avec elle dans un logement minuscule. Il épouse une étudiante et, après des examens de mathématiques, il passait des examens de littérature lorsqu'a éclaté la guerre contre le Troisième Reich (22 juin 1941). Il combat : fin 1942, il est commandant de batterie ; il est décoré de l'Etoile Rouge en 1944. "En 1945, il est condamné à huit ans de prison dans les camps de travail pour « activité contre-révolutionnaire », après avoir critiqué dans sa correspondance privée la politique de Staline ainsi que ses compétences militaires. Dans une lettre interceptée par la censure militaire, Soljénitsyne reprochait au « génialissime maréchal, meilleur ami de tous les soldats » (selon les qualificatifs officiels) d'avoir décapité l'Armée rouge lors des « purges », d'avoir fait alliance avec Hitler et refusé d'écouter les voix qui le mettaient en garde contre l'attaque allemande, puis d'avoir mené la guerre sans aucun égard pour ses hommes et pour les souffrances de la Russie « Nous étions deux qui échangions nos pensées en secret : c'est-à-dire un embryon d'organisation, c'est-à-dire une organisation ! » "
"À sa sortie du camp en février 1953, quelques semaines avant la mort de Staline, Soljenitsyne – matricule CH-262 (anciennement matricule CH-232) – est envoyé en « exil perpétuel » au Kazakhstan. Il est réhabilité le 9 avril 1956 et s'installe à Riazan, à 200 km au sud de Moscou, où il enseigne les sciences physiques. Il se remarie avec Natalia le 2 février 1957, divorce à nouveau en 1972 pour épouser, l'année suivante, Natalia Dmitrievna Svetlova, une mathématicienne.
"Grâce à l'aide de l'écrivain allemand Heinrich Böll, il s'installe d'abord à Zurich en Suisse, puis émigre aux États-Unis. Soljénitsyne devient alors la « figure de proue » des dissidents soviétiques, mais déjà apparaît, à travers ses interviews, un clivage avec certains de ses interlocuteurs qui le soupçonnent d'être réactionnaire ; il se montre en effet méfiant vis-à-vis du « matérialisme occidental » et attaché à l'identité russe traditionnelle, où le christianisme orthodoxe joue un grand rôle. [...] "Jusqu'en 1998, il conserve une activité sociale intense, il a sa propre émission de télévision, voyage à travers la Russie, rencontre une multitude de personnes et d'anciens déportés. La maladie interrompt cette activité.
Soljenitsyne vit ensuite retiré près de Moscou, au milieu de sa famille. Le Fonds Soljenitsyne aide les anciens zeks et leurs familles démunies en leur versant des pensions, en payant des médicaments. Après avoir pensé pouvoir jouer un rôle cathartique dans la Russie post-communiste, Soljenitsyne réalise que la nomenklatura a simplement changé d'idéologie, passant du communisme au nationalisme, mais qu'elle s'est maintenue aux affaires et que les démocrates, s'ils veulent convaincre, ne peuvent agir que sur les plans associatif et culturel, le plan politique étant entièrement verrouillé par Boris Eltsine, puis par Vladimir Poutine, seuls interlocuteurs agréés par l'Occident. [...]
- Une journée d'Ivan Denissovitch (Один день Ивана Денисовича, 1962). Traduction de Jean Cathala. 189 pages 10/18. Dans sa préface, Jean Cathala explique comment ce texte a pu être publié en URSS, "la seule liberté vraiment respectée en U.R.S.S. étant celle d'interdire." (page 11) Il dit à quel point ce texte a marqué : en effet, les survivants des camps ne parlaient quasiment pas de ce qui leur était arrivé. "De toutes les expériences, en effet, l'expérience concentrationnaire est la moins communicable." (page 11). La journée commence. Les riches reçoivent des colis de nourriture. Mais il faut donner à tant de monde pour pouvoir en profiter, et obtenir des avantages, comme celui de rester au chaud pendant que les autres travaillent... On va donc suivre Ivan Denissovitch Choukhov tout le long de sa journée. Il devra faire preuve d'une attention constante, de débrouillardise, toujours bien surveiller ce qui se passe, anticiper.
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