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Nancy KRESS

(Buffalo, New York, 1948 -)

"En général, elle écrit des histoires concernant un futur proche plausible et avec des technologies réalistes. Ses thèmes préférés sont le génie génétique et à un degré moindre l'intelligence artificielle." (Wikipedia).
"Riche d'une trentaine de romans et de cinq recueils, traduite dans une dizaine de langues, l'oeuvre de Nancy Kress est couverte des plus prestigieux prix littéraires du domaine, dont deux Hugo, six Nebula et cinq prix des lecteurs de la revue américaine Asimov's Science Fiction. Mariée à l'écrivain Jack Skillingstead, Nancy Kress vit à Seattle." (rabat du Nexus du Docteur Erdmann).
Wikipedia anglophone précise que le premier mari de Nancy Kress, jusqu'à sa mort en 2002, était l'écrivain de SF Charles Sheffield.

- Le Nexus du Docteur Erdmann (The Erdmann Nexus, 2008). Traduit de l'américain par Erwann Perchoc et Alise Ponsero. Editions Le Bélial. 147 pages. Prix Hugo 2009 du roman court (novella).

Le livre s'ouvre sur une citation de John Dryden (Tout pour l'amour, 1677) : "Les fautes surnagent comme la paille ; celui qui veut les perles doit plonger au fond".
Après une mystérieuse page intersidérale où l'on voit un vaisseau spatial qui n'en est pas tout à fait un, et qui se dirige en toute hâte vers quelque chose qui lutte pour naître, nous sommes bien sur Terre, aux Etats-Unis, à notre époque, dans une maison de retraite, décor original pour un livre de SF.
"Dans sa petite chambre, face à son miroir, Henry Erdmann s'efforçait de nouer sa cravate tout en maintenant sa prise sur son déambulateur ; entreprise hasardeuse vouée à l'échec. Il tira sur le noeud d'un coup sec et recommença. Carrie serait bientôt là.
Henry portait toujours une cravate à l'université." (page 12)
Henry Erdmann est docteur en physique et, bien qu'ayant atteint les quatre-vingt dix ans, donne toujours quelques cours à la fac.
Carrie, la jeune femme qui l'aide, lui demande s'il est prêt.
"« J'arrive, Carrie. » [...]
Au milieu du salon de son petit appartement de la résidence médicalisée, quelque chose survint dans l'esprit d'Henry.
Il s'arrêta, stupéfait. On aurait dit un contact timide, un doigt spectral dans son cerveau. La peur fit aussitôt place à la surprise. Une attaque ? A quatre-vingt dix ans, ce n'était pas impossible. Pourtant, il se sentait en forme, mieux que les derniers jours. Pas une attaque, non. Alors quoi ?" (pages 13-14).
Au même moment, d'autres pensionnaires ressentent aussi quelque chose d'étrange. Anna Chernov, par exemple, une ancienne danseuse de renom, fait un rêve si réaliste... Un autre pensionnaire sent un flot d'énergie... Le phénomène est-il localisé ? Non : des choses étranges arrivent à Tijuana, à Bombay et ailleurs encore...
"À Chengdu, dans la salle de méditation au sol lisse du vieux monastère Wenshu, un moine sur son coussin brisa le silence sacré d'un rire choqué, étonné." (page 22).
Que se passe-t-il ? Y a-t-il un lien avec le vaisseau du début ? (on se doute bien que oui, mais alors quel est-il ?). Et pourquoi seules les personnes âgées semblent-elles être la cible de ces étranges phénomènes, qui vont se reproduire avec plus de force et des conséquences plus importantes et inattendues ?
Le Docteur Erdmann, fort de son esprit rationnel, va tenter de comprendre ce qui se passe. Le pourra-t-il ?

Ce court roman montre la rencontre d'un esprit scientifique avec quelque chose qui semble inexplicable, qu'il a du mal à comprendre et rejette d'abord (page 36, la réaction de notre bon Docteur Erdmann lorsqu'il voit une pensionnaire lire le Tao Te King est de penser "encore une illuminée") ; il aborde d'autres thèmes, comme l'avenir de l'humanité, l'opposition entre collectif et individu, etc.
Il a une bonne ambiance, mais l'explication finale (un peu naïve ? pas très crédible ?) ne m'a quand même pas paru totalement satisfaisante.