- dictées
- listes
- liens recommandés
-> retour S-F <-
retour
page d'accueil
|
WILSON Robert Charles
(Californie, 1953 - )
Robert Charles Wilson est né en Californie mais a émigré au Canada à l'âge de neuf ans.
Le livre qui l'a fait connaître est Darwinia (nominé aux Hugo), un roman qui se déroule dans les années 1910.
Les Chronolithes (2001) a également été finaliste des Hugo, prix que Wilson a fini par décrocher en 2006 avec Spin.
- Les Chronolithes (2001). Folio SF, 388 pages. Traduit de l'anglais (Canada) par Gilles Goullet. Denoël, Lunes d'encre. 325 pages..
Dans un futur très proche, donc un peu plus loin sur la voie de la décadence, des "chronolithes" apparaissent brusquement, comme cela, en provenance de nulle part.
Qu'est-ce qu'un chronolithe ? C'est une statue immense (plus de cent mètres de hauteur), faite en un matériau mystérieux et indestructible, qui représente Kuin, le grand dictateur (ou libérateur ?) victorieux... vingt ans plus tard.
Parfois, ces statues surgissent en plein désert, mais il arrive qu'elles se matérialisent en plein milieu d'une ville.... et dans ce cas, elles font un nombre considérable de victimes.
Ces chronolithes sont des monuments qui célèbrent des victoires... Mais pourquoi apparaissent-elles ? Ne serait-ce pas dans le but de modifier le futur, par un effet de feed-back "positif" ? En effet, des fans de ce Kuin, les "Kuinistes" apparaissent très rapidement... s'organisent et militent en faveur de ce chef qu'ils ne connaissent pas et que personne n'a jamais vu.
Un peu comme si, mettons, un homme politique promettait aux foules enthousiastes des lendemains qui chantent, et que personne ne se demande comment il va s'y prendre : il faut juste tout mettre en oeuvre pour lui préparer la voie.
Le roman est censé être écrit à la première personne, par le personnage principal, qui a vécu de très près les événements qu'il relate.
Ces événements, il en parle pour la postérité, donc pour des lecteurs qui sont censés les avoir vécus de plus loin que lui, ou bien dont les parents les ont vécus.
Ce procédé narratif a deux énormes avantages.
1 - Il permet de faire monter la sauce. Ainsi, les phrases destinées à mettre en appétit abondent. Exemples :
*
"" (page 9). Ta-daaaa ! qu'est-ce qu'il veut dire par là ? se demande le lecteur anxieux qui se hâte de tourner les pages pour le découvrir.
*
Ou bien encore : "" (page 11).
* "" (page 35).
2 - Il dispense de donner certaines précisions que l'auteur serait parfois bien en mal d'inventer. Ainsi, pour tout ce qui doit paraître évident pour un lecteur du futur, l'auteur se dispense d'entrer dans les détails.
Il parle ainsi (page 322) de l'"idéologie" kuiniste... mais ne dit jamais en quoi elle consiste ! Et cela, c'est un des gros points faibles du roman. Toute cette agitation, surtout chez les jeunes... Le "Faites l'amour, ne faites pas la guerre" soixante-huitard avait le mérite d'être clair et compréhensible.
Mais avec les kuinistes, tout est flou. Que veulent-ils ?
Le roman, écrit dans le futur par rapport à l'action, pèche donc par un manque de précision astucieusement camouflé. Se veut-il symbolique du flou qui nous environne ? Dutronc l'avait déjà chanté...
Il y a donc une bonne idée de base, le roman se lit avec un certain intérêt, le monde légèrement futuriste dans la décomposition de la société est bien décrit, les scènes d'arrivée des chronolithes sont même assez fascinantes, mais il y a un des gros défauts inhérents à beaucoup des GTS (Grand Truc Stupide, voir le très bon dossier sur le site de Cafard Cosmique consacré à ces Big Dumb Objects: http://cafardcosmique.com/Les-BDO-Big-Dumb-Objects) : la fin, un peu décevante, et les explications fumeuses (la "turbulence tau", notamment).
Bref, l'auteur ne fait pas grand chose de son idée (un peu comme Larry Niven avait gâché son roman L'Anneau Monde, pour rester dans le domaine des GTS). Il l'expose bien, avec un certain talent, mais c'est à peu près tout. Pas de vrai retournement, pas de chute, pas de révélation que la quatrième de couverture ne nous aurait pas déjà appris.
Le point positif, et qui change de nombreux romans de S-F, c'est que ce n'est pas un roman héroïque : les gens font ce qu'ils peuvent par rapport à ce qu'ils comprennent des événements, c'est-à-dire souvent pas grand chose. Et ils ne se font pas beaucoup d'illusions sur ce qu'il restera de ce qu'ils ont vécu.
Le narrateur parle des événements qui, aussi incroyablement importants qu'ils puissent lui sembler, finiront par disparaître de la mémoire en l'espace de quelques générations. Il écrit ainsi, à propos des jeunes :
"" (page 325)
Pour conclure : un roman pas mal, mais qui aurait pu être tellement mieux, comme nombre de romans qui ont décroché ou ont concouru pour le Hugo : un livre qui a les apparences d'un grand roman (un pavé, ça en impose toujours plus), mais un myope ne s'y laisse pas tromper : il regarde de plus près...
Quelques autres livres :
- Les Fils du Vent (1988)
- Le vaisseau des voyageurs (1992)
- Darwinia (1998)
- BIO (1999)
- Blind Lake (2003)
- Spin (2005)
- Axis
(2007). Il s'agit de la suit de Spin.
- Vortex (à paraître en 2011). La fin de la trilogie qui a commencé par Spin.
Site officiel de l'auteur : http://www.robertcharleswilson.com
|