PHOTOS ---> Visite du Musée des Confluences à Lyon (31 juillet 2015).
"Le Musée des Confluences est un musée d'histoire naturelle et des sociétés, à Lyon. Situé au confluent du Rhône et de la Saône, le musée ouvre ses portes le 20 décembre 2014. Il est l'héritier du musée Guimet de Lyon. Il en reprend les collections et a pour vocation de compléter son fonds par des acquisitions. Il fait l'objet de dépots et prêts de musées et institutions diverses (musées d'art et de la culture, jardins botaniques, fondations, congrégations religieuses...) pour ses espaces d'exposition temporaires et permanentes. [...]
Le projet déclaré est celui de pédagogie distrayante et artistique, « les confluences des savoirs », en même temps que de signal architectural de porte de ville. [...]
L'architecture du bâtiment est signée du cabinet autrichien Coop Himmelb(l)au et la construction a démarré en 2003. [...]
Le musée est finalement inauguré le 20 décembre 2014, en l'absence remarquée du président de la République, du Premier ministre ou de la ministre de la Culture." ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_des_Confluences )
"Le résultat dépasse toute attente. Déjà, la structure, extrêmement complexe, a découragé les entreprises, les assureurs, et même la gravité : pour arrimer ses 25 000 tonnes sur ce sol alluvionnaire instable, il fallut planter cinq cents pieux à 30 mètres de profondeur, et engloutir dans ces seules fondations les 60 millions d'euros prévus pour la construction du musée. Finalement, la chose coûtera presque cinq fois plus cher à la collectivité (255 millions HT). [...]
L'architecte, Wolf Prix, a benoîtement lâché qu'il faut y voir « la rencontre d'un Cristal de verre avec un Nuage d'inox, à l'image de ce lieu où la rivière s'unit au fleuve », et l'on reste sans voix devant la prétention du créateur et la lourdeur de son... dinosaure ou vaisseau spatial ? Sans oublier son absence totale de préoccupation quant à la maintenance : d'après Le Monde, le seul nettoyage du dôme du Cristal, soumis à toutes les pollutions alentour, coûtera 100 000 euros par an. Et le reste, les salaires, les expositions, les acquisitions : 18 millions annuels, dont 15 de subventions." ( http://www.telerama.fr/scenes/musa-c-e-des-confluences,121164.php )
Le musée est donc situé aux confluences du Rhône (à l'est) et de la Saône (à l'ouest), au bout de la presqu'île :
Lorsqu'on s'en approche à pied, l'environnement n'est pas formidable, tendance zone industrielle, avec route et circulation dense...
Autant prendre le tram, qui dépose juste devant le musée.
Aujourd'hui vendredi, le musée ouvre à 11h00. Je n'ai pas été très matinal, il est déjà l'heure de manger, et marcher, ça creuse. Qu'à cela ne tienne, il y a de quoi se sustenter : montons l'escalier et longeons le bâtiment..
Nous sommes à la brasserie des Confluences.
"Dans cet espace situé au rez-de chaussée du musée, Jean-Paul Pignol, meilleur ouvrier de France et Guy Lassausaie, 2 étoiles au guide Michelin [et lui aussi meilleur ouvrier de France], associent leur savoir-faire pour une restauration de type brasserie gastronomique en proposant une cuisine française traditionnelle." (source : http://www.museedesconfluences.fr/fr/les-restaurants ). Faisons confiance aux meilleurs ouvriers de France !
Ce fut magret de canard cuit au sautoir, son jus au miel et citron.
Les quantités sont vraiment minimes (la purée, notamment... c'est un peu chiche...) mais c'est très bon.
Dessert : Fraises Melba, glace vanille, coulis de fraise. Chantilly et amandes effilées :
Encore très bon ! Et la Chantilly passe toute seule.
Avant de commencer la visite du musée dans de bonnes dispositions, faisons un tour à l'extérieur.
Nous sommes devant le bout de la presqu'île, là où la Saône et le Rhône se rejoignent ; on se retourne pour voir le musée :
Il est temps d'aller au frais.
Commençons par le premier étage, où se trouvent les expositions temporaires.
A une semaine près, j'ai raté "Les trésors d'Emile Guimet".
Voyons ce qu'il y a d'autre en ce moment.
Une exposition intitulée "Appartement témoin", une installation pour spectateur en promenade.
Deuxième exposition : "Dans la chambre des merveilles". Il s'agit de pénétrer dans l''intimité des cabinets de curiosités.
Les responsables de cette exposition ont voulu jouer les malins : la lumière baisse progressivement, de sorte qu'on ne parvient plus à lire. Il faut alors attendre qu'elle revienne, là encore progressivement, ou regarder autre chose (dans une semi-obscurité), jusqu'à ce que la lumière soit de nouveau suffisamment forte, et alors revenir où on en était, en espérant que d'autres visiteurs ne se seront pas plantés devant la notice qu'on comptait finir. Je ne comprend pas bien l'intérêt du procédé (la symbolique ne va pas très loin). Par contre, j'ai bien ressenti l'agacement que cela procure quand, pour la énième fois, on sent qu'on n'aura pas le temps de finir ce qu'on lit à cause de ces [censurés] d'organisateurs/metteurs en scène.
Il y a de tout. 800 pièces sont présentées.
Montons maintenant au deuxième étage, pour suivre le "parcours permanent", réparti dans quatre grandes salles. Suivant les bons conseils de la dame qui a zieuté mon billet, j'ai suivi l'ordre des numéros de salles : 21, 22, 23, 24. Commencer par l'origine du monde et finir par la mort, ça semble assez cohérent, mais selon d'où l'on arrive (il y a deux entrées possibles), la première salle qui se présente à soi n'est pas forcément la "bonne".
"Le parcours permanent, proposé sur 3 000 m², raconte le grand récit du monde et de l’humanité en quatre expositions distinctes mais complémentaires. Elles décrivent et présentent la question des origines de l'Univers et de la vie sur Terre (Origines, les récits du monde), la place des êtres humains dans la chaîne du vivant (Espèces, la maille du vivant), la manière dont les sociétés s'organisent, échangent et créent selon des contextes précis (Sociétés, le théâtre des hommes), mais aussi la place de la mort et des rites funéraires dans différentes civilisations (Eternités, visions de l'au-delà)." ( http://www.museedesconfluences.fr/fr/le-parcours-permanent , où l'on trouvera plus de détails, photos et une interview de Hélène Lafont-Couturier, la Directrice du musée).
La vision des origines du monde est à la fois scientifique, artistique et religieuse.
Ainsi, nous voyons nos ancêtres :
Et voici plein de bébêtes surgies de temps préhistoriques !
A droite, gros plan sur un nimravidé à dents de sabre.
Il est autorisé (et quasiment encouragé) de toucher certaines pièces. Un enfant prend son courage à deux mains avant de toucher du bout du doigt et craintivement le crâne (un moulage, en fait, mais son papa ne le lui a pas dit) d'un Tarbosaure, une bébête pas commode du tout :
Plus loin, c'est une vraie météorite que l'on peut toucher.
On trouve de nombreuses explications scientifiques et des vidéos sur un grand mur ; d'un autre côté, de l'art australien, comme ces deux serpents ancestraux (pigments naturels sur écorce ; 2005).
Les premières ailes apparaissent !
... suivies des première mâchoires, il y a 445 millions d'années.
D'accord, on a déjà rencontré des bébêtes pas commodes un peu avant. Pas sûr que les gamins comprennent bien la chronologie dans tout le capharnaüm réuni dans cette salle.
... on repart sur les Inuits...
Et on embraye sur les récits des origines du monde.
Récits mythologiques jouxtent les parties consacrées aux découvertes scientifiques. Il y a toujours cette ambivalence dans cette salle.
Voici un squelette local de Mammouth de Choulans (entre -305 000 et - 130 000). À droite, le même mammouth gigantesque, avec des petits papillons devant.
Un peu plus loin, on se demande comment mesurer le temps. Et le visiteur peut apprendre que l'heure au Japon avait une durée qui changeait selon les saisons...
Nous finissons la visite de cette grande salle.
On verra que c'est sans doute la meilleure salle du parcours permanent : la plus spectaculaire et, même s'il y a un peu trop de tout, on peut tenter de suivre plusieurs fils conducteurs.
Maintenant que l'on sait d'où l'on vient, maintenant que nous existons, nous pouvons nous demander quelle est la place des humains dans le monde. C'est le thème de cette deuxième salle.
Encore une fois, c'est très hétéroclite. Egypte, Australie, Grand Nord...
Oh, deux ours dansant ! (début du XXI° siècle)
On trouve aussi de vrais animaux pour faire bonne mesure :
Et on en arrive à l'homme (et à la femme).
Cette fois-ci, illustration avec des pièces africaines (Nigéria, Burkina Faso et Tanzanie) des XIX et XX° siècles.
L'illustration des émotions va passer par des masques japonais.
1/ Obeshimi, époque Edo (1603-1868). Front plissé, lèvres pincées, yeux exorbités, les masques d'Obeshimi (« grands démons ») expriment une force terrifiante et une détermination diabolique.
2/ Deigan, début époque Edo. Bois polychrome.L'inclination progressive du masque permet d'exprimer une large palette d'émotions. Les yeux dorés de ce personnage féminin montrent son caractère surnaturel.
3/ Jô, époque Edo. Bois polychrome, crins de cheval. Les jô correspondent à la catégorie des hommes âgés. Sous certains de ces masques aux apparences de vieillard se cache parfois un dieu ou une âme tourmentée.
4/
Yase-otoko, début époque Edo. Bois polychrome. Yase-otoko, signifiant « l'homme émacié » représente un esprit souffrant en enfer pour avoir désobéi au précepte bouddhique qui interdit de tuer tout animal.
5/ Hannya, fin époque Edo. Bois polychrome. Ce masque représente une femme-serpent devenue démon par haine et jalousie. Sa fureur vue de face laisse place à une grande tristesse lorsque le masque s'incline.
Nous allons pouvoir faire une expérience : inclinons progressivement le masque pour vérifier que les émotions changent :
Une fois la salle vue, on ne sait pas trop quel était le propos, particulièrement décousu.
Faisons une petite pause devant une fenêtre avant d'entamer la troisième et avant-dernière salle : Sociétés, le théâtre des Hommes.
Après avoir vu les origines de la vie, puis la place des humains parmi les espèces vivantes, nous allons voir comment les sociétés s'organisent : "Sociétés, le théâtre des hommes"
Une fois de plus, il y a de tout : la matière première transformée ; des téléphones, minitel, voitures, machines diverses...
On fait ici très fort dans le grand écart. Au premier plan : des vases d'origines diverses (Amérique du Sud et Afrique, de mémoire) et, au deuxième plan... un accélérateur de particules Cockcroft et Walton (datant de 1958 ; les deux britanniques ont obtenu le Nobel en 1951).
Et on revient au Japon de l'Epoque Edo :
Il y a quelques vidéos, ici un extrait de film de Werner Herzog.
Il y a de tout dans cette salle.
Ici, on apprend que peindre des motifs peut permettre de récupérer un territoire disputé devant un tribunal :
Il y a certes des choses intéressantes, mais c'est quand même singulièrement foutraque.
Tout ce qui a commencé doit finir. On arrive ainsi à la quatrième et dernière salle, "Eternités, visions de l'au-delà". On aborde la place de la mort et les rites funéraires dans plusieurs civilisations.
Dans cette partie, la science est moins présente.
Judas Ullulaq (1937-1999) : Inuk à genoux avec deux esprits (1998), Canada (Nunavut, Gjoa Haven). Serpentine, ivoire, bois de caribou.
Hanté par l'esprit d'une femme chamane qui lui mord la cuisse, ce chasseur inuit se tord de douleur et de frayeur.
On finit par une bien jolie pièce :
C'est la salle la plus classique, finalement.
Ce parcours permanent laisse une impression mitigée : de belles choses (et la première salle a de quoi plaire à tout le monde, enfants et adultes), mais parfois il y a trop de tout, et le sens se perd, et il n'y a plus que des juxtapositions d'objets.
Les musées nouvellement ouverts bénéficient toujours d'un effet de curiosité ; c'est la fréquentation sur le long terme qui est plus difficile à maintenir (comme à Beaubourg-Metz, par exemple...).
Le troisième étage n'étant pas ouvert au public, allons jusqu'au quatrième étage pour regarder un peu le panorama (il y a aussi le comptoir gourmand).