PHOTOS ---> Maison de la Culture du Japon. : exposition "Kunihiko Moriguchi : Vers un ordre caché", du 16/11 au 17/12/2016.
"Élevé au rang de « Trésor national vivant », Kunihiko Moriguchi perpétue la tradition de teinture de tissus appelée yûzen qu’il a profondément renouvelée. Ses kimonos novateurs sont ornés de motifs souvent géométriques. Ils sont le produit de sa connaissance des arts graphiques européens qu’il a étudiés à Paris et de son apprentissage dans l’atelier de son père, lui-même éminent maître du yûzen.
L’exposition Kunihiko Moriguchi – Vers un ordre caché réunit pour la première fois en France un ensemble exceptionnel de 26 kimonos constituant autant de pièces uniques, 11 peintures et de créations dans les domaines du design et des arts appliqués.
Moriguchi, né en 1941, étudie la peinture de « style japonais » (nihonga) à l’université des Arts de Kyoto. Il part pour la France à l’âge de 22 ans et devient un élève brillant de l’École nationale des arts décoratifs, un jeune Parisien rêvant de devenir « graphic designer ». Il se lie d’amitié avec le critique Gaëtan Picon et le peintre Balthus qui l’invite à la Villa Médicis. Ce dernier le persuade de se consacrer à l’art du yûzen, technique tricentenaire réservée aux kimonos d’apparat, dont le père de Kunihiko est un illustre représentant (Trésor national vivant en 1967).
Peu après son retour à Kyoto en 1966, Moriguchi entre dans l’atelier de son père. Il affirme bientôt un style très personnel, géométrique et abstrait, en respectant les processus techniques traditionnels. Mais sans jamais perdre de vue qu’il s’agit de vêtir un corps de femme, sa sensualité. Ses kimonos connaissent le succès, sont acquis par les plus hautes personnalités et les musées de son pays comme à l’étranger (Victoria and Albert Museum à Londres, Metropolitan Museum of Art à New York, LACMA à Los Angeles).
L’exposition de la MCJP est un condensé de 50 ans de création. Kunihiko Moriguchi a en effet sélectionné 26 de ses kimonos, du premier qu’il réalisa en 1967 à celui qu’il a spécialement conçu pour cette rétrospective. Subtiles et rigoureuses, ses œuvres sur papier japonais réalisées dans cette même technique du yûzen témoignent elles aussi de la recherche d’une forme de perfection. Enfin, ses collaborations avec les grands magasins Mitsukoshi et la Manufacture nationale de Sèvres montrent qu’il a brillamment réussi à appliquer ses recherches graphiques à des supports incarnant la vie quotidienne, sacs de course ou tasse à café.
Kunihiko Moriguchi nous invite à rechercher un « ordre caché » dans la structure géométrique de ces œuvres intimement inspirées de la nature et des cycles temporels." ( http://www.mcjp.fr/fr/agenda/kunihiko-moriguchi )
Commençons par quelques panneaux explicatifs.
Voici le kimono n°24, Ecailles (Uroko-mon ; 2012), dont il est question, et qui est utilisée pour l'affiche de l'exposition :
"La disposition de ces petits triangles sombres et clairs, aux différentes couleurs, crée des changements graduels faisant apparaître, imperceptiblement, des motifs de cercles.
En distribuant ces motifs selon une diagonale allant du pied droit du kimono vers la partie supérieure gauche, Moriguchi a fait en sorte que lorsque le vêtement est porté, les lignes verticales qui apparaissent quand celui-ci est regardé de dos prennent vie." (Catalogue de l'exposition Kunihiko Moriguchi, Vers un ordre caché ; page 76)
De gauche à droite : Lumière (Hikari, 1967) ; Torrent (Keiryu, 1973) ; Première neige (Shinsetsu, 1986) ; Ondes lumineuses (Kôha, 1989).
A propos de Ondes lumineuses : "Après l'application de filets de pâte de riz sur les parties réservées [itomenori oki], l'ensemble de la pièce a été teint en indigo. Puis de la pâte de riz a été saupoudrée [makinori], et une couche de noir a été appliquées sur toute la surface, parachevant le charme profond qui émane de la pièce." (page 56)
A gauche, le kimono bleu-vert : Averse (Haku.u, 1970) ; au milieu : Sables en mouvement (Ryûsa-mon ; 1984) et tout à droite : Croisillons (Kôshi-mon ; 1993).
A gauche : Mystère (Gen ; 1988) ; à droite : Le Val enneigé (Sekkeri ; 1999) ;
Quand danse la neige (Yukimai ; 2016). "Voici un demi-siècle, Kunihiko Moriguchi étudait à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs sous la direction de Jean Widmer. Ce graphiste célèbre a conçu le logo de la Maison de la culture du Japon à Paris.
Si Moriguchi avait déjà vu ce logo dans un recueil des oeuvres de Widmer, c'est lors de sa venue à Paris en 2014, quand fut décidé de consacrer une exposition à son oeuvre à la MCJP, que le symbole de l'identité visuelle de cette institution s'est mis à occuper son esprit. Il décida alors de concevoir une nouvelle pièce.
Après s'être longuement interrogé sur l'inclinaison du carré rouge du logo, Moriguchi prit la décision de créer un kimono à base de losanges qui, assemblés par groupe de quatre, formeraient un carré. " (Catalogue de l'exposition Kunihiko Moriguchi, Vers un ordre caché ; page 80).
A gauche : Ondes lumineuses (Kôha, 1989) et Fructification (Minori, 2013) ; au milieu : Topologie - Carrés (Isô Shikishi-mon ; 2006) ; à droite, tout au fond : Ecailles (Uroko-mon ; 2012), déjà vu plus haut.
On trouve également quelques peintures : Les Vingt-quatre saisons (1997) ; Dimension égale (1996, centre Pompidou) ; Série cobalt (1986).
Puis vient la partie "design".
Les magasins Mitsukoshi ont demandé à Kunihiko Moriguchi, en 2014, de concevoir le nouveau design de ses sacs. Il a utilité le motif de Fructification :
"Invité par Sèvres, Kunihiko Moriguchi crée un service à café inédit. Reprenant la tasse à café du service Litron (une forme de Sèvres datant du XVIII° siècle), il en redessine tout d'abord la soucoupe et en transforme les lignes. Avec l'aide des artisans de Sèvres, il adapte ensuite le décor du kimono Fructification" ( page 100).
On pourra voir une autre vidéo, Trésor vivant ( https://vimeo.com/64943972 ) :
TRESOR VIVANT from Marc Petitjean on Vimeo.