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Dave Eggers
(Boston, 12/03/1970
- )


dave eggers

Dave Eggers est écrivain, scénariste, fondateur du magazine littéraire The Believer, de Might Magazine, et de la maison édition McSweeney's.
Son premier livre, Une oeuvre déchirante d'un génie renversant (2000) fait pas mal parler de lui (en bien ou en mal - Bernard Quiriny le démolit dans Chronicart). Suit notamment Le Grand Quoi (2006 ; Prix Médicis Etranger en 2009), livre basé sur la vraie vie d'un réfugié soudanais.
Dave Eggers a également co-écrit les scénarios de Away we go (film sympathique de Sam Mendes, 2009) et de Les Maximonstres (Where the wild things are, Spike Jonze, 2009 ; c'est l'adaptation d'un livre de Maurice Sendak).

 

du haut de la montagne, une longue descente

- Du haut de la montagne, une longue descente (up the mountain going down slowly, 2002). Traduit de l'américain par Laurence Viallet. 98 pages.
Il s'agit d'une nouvelle extraite de McSweeney's-Méga-anthologie d'histoires effroyables, dont on pourra lire la critique sur le site du Cafard Cosmique.

Nous sommes en Tanzanie. Un groupe de cinq randonneurs américains va gravir le Kilimandjaro.
On s'attachera à Rita. "Ses cheveux sont roux comme deux d'une Roumaine et elle a de grandes mains. De grands yeux et une bouche sans lèvres ; elle déteste, elle a toujours détesté sa bouche sans lèvres." (page 12). Elle a pris la place de sa soeur, qui a eu un empêchement.

Outre les touristes-randonneurs, il y a également le guide blanc, Franck, et le guide local, un "beau Tanzanien" (page 22), Patrick.
"Le groupe est composé de cinq randonneurs et de deux guides, et sera accompagné par trente-deux porteurs.
« Je n'en reviens pas, dit Rita à Grant, derrière elle. J'imaginais qu'il n'y aurait que quelques guides et un ou deux porteurs. »
Elle se représentait alors des serviteurs portant des rois sur leur trône doré, suivis par des éléphants, des trompettes annonçant la procession.
« Et encore, c'est rien », dit Frank.
Frank écoute toutes les conversations et y participe dès qu'il le juge opportun.
« La dernière fois que j'ai fait l'Everest, on était six et on avait quatre-vingts sherpas.»
Il tend le bras à l'horizontale, pour indiquer la taille des sherpas, un mètre trente environ.
« Des petits bonshommes, dit-il, mais durs à cuire. Plus coriaces que ceux-là. Sans vouloir te vexer, Patrick. »
" (pages 25-26).

On commence l'expédition.
"Rita avait redouté de devoir parler au même petit groupe de personnes - des gens qu'elle ne connaissait pas et qu'elle n'aimerait peut-être pas - pendant des centaines d'heures, ou, si les randonneurs ne restaient pas groupés, d'être seule, sans personne à qui parler, seule avec ses pensées. Mais déjà elle sait que ce ne sera pas un problème. Voilà deux heures qu'ils marchent et elle n'a pensé à rien. Ses facultés sont bien trop monopolisées par le choix de l'endroit où poser ses pieds, où placer le pied gauche, puis le droit, où mettre ses mains, qui tantôt saisissent les arbres pour garder l'équilibre, tantôt touchent la terre humide pour éviter toute chute. [...] Il est immense et hermétique, son paysage à elle, les calmes arpents de son esprit, et il y a même une bande-son : le battement de la pluie, le frotti-frotta de son poncho contre les branches, le cliquetis métallique des mousquetons qui se balancent contre son sac à dos. Tout cela produit une musique minimale et apaisante ; elle aspire et expire avec la force élémentaire et machinale d'un ours - lourde, puissant, robuste." (page 38).

Bien sûr, tout ne se passe pas toujours de façon optimale. Les relations entre le guide et les randonneurs sont très bien rendues (il y en a toujours qui veulent en faire trop, qui prennent de l'avance, et ça énerve toujours le guide, c'est un classique), ainsi que les relations entre les randonneurs qui ne se connaissaient pas, ou encore la fierté bébête de connaître quelques mots locaux qu'on utilise dès qu'on le peut (ici : "Jambo"), la tentation d'améliorer les conditions des porteurs, qui sont un peu hors champs, tout en étant essentiels.

Une bonne nouvelle, bien écrite, qui "sonne" vrai.
Je suppose que le titre est à prendre au second degré : quand on a vécu un certain type d'expérience, même si physiquement on est revenu dans son quotidien, et qu'on refait les mêmes gestes un peu dépourvus de signification, qu'on se rend compte que ce que l'on a accompli l'avait déjà été avant nous par des milliers de gens anonymes - alors que tout paraissait tellement neuf, unique, mais il l'a été des milliers de fois pour des milliers de gens -, il y a quelque chose de soi qui est resté en haut, ou au loin, ailleurs, et qui finira par descendre ou revenir, mais cela prendra du temps.
Quelque chose comme ça.

 

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