Littérature Espagnole
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"Postérieurement il rejette la dictature de Franco et il maintient une attitude indépendante et provocatrice envers le régime." (wikipedia) 1989 : il obtient le Prix Nobel de littérature Il aimait bien choquer ; il a publié un dictionnaire de l'argot et des mots tabous.
Ce roman se veut les mémoires vraies d'un condamné à mort, Pascal Duarte, marqué par la fatalité, comme une mauvaise étoile qui le poursuit. "Moi, monsieur, je ne suis pas méchant et pourtant j'ai mes raisons pour cela. […]
Je suis né voilà bien des années – cinquante-cinq pour le moins – dans un village perdu de la province de Badajoz. Il était accroupi à quelque deux lieux d'Almendralejo, sur une route monotone et longue comme un jour sans pain, monotone et longue comme les jours – dont, pour votre bien, vous ne pouvez même imaginer la longueur ni la monotonie – d'un condamné à mort…" (page 17). La maison familiale, elle, est à l'écart du village. Pascal aimait aller à la chasse avec sa chienne. A un croisement, elle avait l'habitude de l'attendre. Lui, Pascal, s'asseyait sur une pierre ronde et fumait. "La petite chienne s'asseyait en face de moi sur ses pattes de derrière et me regardait, la tête inclinée sur l'épaule, de ses petits yeux marron très éveillés ; je lui parlais et, comme pour entendre mieux, elle dressait un peu les oreilles ; si je me taisais, elle en profitait pour courir après les sauterelles ou simplement pour changer de posture. Il me fallait toujours en m'en allant, sans savoir pourquoi, tourner la tête vers la pierre, comme pour lui dire au revoir et, un jour, elle dut paraître si triste de mon départ qu'il me fallut revenir sur mes pas et m'asseoir de nouveau… La chienne revint se camper devant moi et me regarda ; je sais maintenant qu'elle avait le regard des confesseurs, scrutateur et froid, comme l'est, paraît-il, le regard des lynx. Un frisson parcourut tout mon corps ; on aurait dit qu'un courant voulait me sortir par les bras. Ma cigarette s'était éteinte ; le fusil à un coup se laissait caresser, lentement, entre mes jambes. La chienne me regardait toujours de ses yeux fixes, comme si elle ne m'avait jamais vu, comme si d'un moment à l'autre elle allait m'accuser ; son regard me brûlait le sang dans les veines et je voyais venir le moment où je devrais m'avouer vaincu ; il faisait chaud, une chaleur épouvantable, et mes yeux se fermaient, dominés par le regard, perçant comme un clou, de l'animal…
Je pris le fusil et tirai ; je rechargeai et tirai une seconde fois. La chienne avait un sang noir et visqueux, qui s'étendait peu à peu sur la terre." (pages 23-24) "De mon enfance, je ne garde pas précisément de bons souvenirs." (page 25). Père violent, mère alcoolique. Parfois, ses mémoires s'interrompent. Pascal précise qu'il s'est écoulé du temps. Un livre court, très bien écrit, mais sans frime stylistique. Un chef-d'œuvre. Wikipedia précise : "C'est la deuxième œuvre littéraire espagnole la plus traduite au monde après Don Quichotte."
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