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Eric FAYE

(Limoges, 03/12/1963 - )

eric faye

"Éric Faye est un journaliste de l'agence de presse Reuters. Il publie sa première fiction, Le Général Solitude, une nouvelle, dans la revue Le Serpent à Plumes en 1992. Trois ans plus tard, il a développé cette nouvelle en un premier roman, éponyme.
Ses premiers livres, parus tous deux en 1991, sont un essai sur Ismail Kadaré et un recueil d'entretiens avec cet écrivain. En 1998, son recueil de nouvelles fantastiques Je suis le gardien du phare obtient le Prix des Deux Magots.
Son œuvre se partage entre des nouvelles, le plus souvent à caractère absurde ou teintées de fantastique, des romans (dont le roman d'anticipation Croisière en mer des pluies, en 1999 - prix Unesco-Françoise-Gallimard), des essais et des récits, parmi lesquels Mes trains de nuit, puisés dans des voyages à travers l'Asie et l'Europe de 1982 à 2005.
En 2010, il se rend avec l'écrivain Christian Garcin en Iakoutie, descend la Lena jusqu'à son embouchure dans l'océan Glacial Arctique. Ils en tirent un récit, "En descendant les fleuves - Carnets de l'Extrême-Orient russe".
Ses nouvelles, comme celles des recueils Un clown s'est échappé du cirque, portent un regard souvent ironique et très critique sur le monde du travail et le libéralisme économique.
Eric Faye a dirigé en outre un numéro sur Kafka (Autrement, 1996) et pris part à l'édition des œuvres d'Ismail Kadaré aux éditions Fayard.

Le 28 octobre 2010, il reçoit pour Nagasaki le Grand Prix du roman de l'Académie française. Ce roman est traduit dans une douzaine de langues dont le chinois, le coréen, le russe, l'espagnol ou l'italien."

(merci Wikipedia)


nagasaki

- Nagasaki. (2010). 108 pages. Stock. Grand Prix du roman de l'Académie française 2010.

Le livre commence par une citation de Pascal Quignard : "On raconte que les bambous de même souche fleurissent à même date, meurent à même date, si éloignés que soient les lieux où ils ont été plantés dans le monde".
Puis, il est écrit : "Ce roman est tiré d'un fait divers rapporté par plusieurs journaux japonais, dont Asahi, en mai 2008".

Dès le début, on sait que le livre que l'on a entre les mains relève de la Littérature. "Il faut imaginer un quinquagénaire déçu de l'être si tôt et si fort, domicilié à la lisière de Nagasaki dans son pavillon d'un faubourg aux rues en chute libre. Et voyez ces serpents d'asphalte mou qui rampent vers le haut des monts, jusqu'à ce que toute cette écume urbaine de tôles, toiles, tuiles et je ne sais quoi encore cesse au pied d'une muraille de bambous désordonnés, de guingois. C'est là que j'habite. Qui ? Sans vouloir exagérer, je ne suis pas grand-chose." (page 11).
Après, le style se calme un peu. Heureusement.

Notre héros est un célibataire quinquagénaire qui travaille dans un service météorologique. Il a une vie banale, bien réglée...

On le découvre extrêmement ordonné chez lui... il inspecte tout... Il se demande si quelqu'un ne vient pas chez lui en son absence, car de la nourriture semble disparaître...
Le texte étant tiré d'un fait divers difficilement croyable, on le lit avec plus d'attention que si l'histoire était sortie, mettons du cerveau shooté à la théine d'Amélie Nothomb.

Et on le lit avec plus d'attention encore, car dans un livre écrit par un auteur non japonais mettant en scène des Japonais, on cherche la petite bête, le détail qui dénoncerait le gaijin...

En fait de détails, certains sont curieux.
Le narrateur semble être un scientifique. A un moment, dans un élan littéraire, il parle de "quarks et de protons" (page 44). Bizarre, puisque les protons sont constitués de quarks... Déjà, quelques pages avant, il parlait d'une étoile (le soleil, j'imagine) "à cinquante millions de kilomètres". Etonnement du lecteur, vu que le soleil est à cent cinquante millions de kilomètres. Ce mot a-t-il sauté à la mise en page ?

Et puis, d'autres détails apparaissent : le mot "gobelin" (page 55), est sans doute peu connu des Japonais ; à la même page, on parle d'Herculanum... Est-ce une ville bien connue au Japon ? Tellement peu, semble-t-il, que le narrateur parle de "gaz asphyxiants" (page 55), ce qui est bien sûr assez idiot, car les gaz étaient avant tout brûlants, tuant en cramant bien avant d'avoir le temps de tuer par asphyxie... Sans compter que Herculanum a été recouvert d'une coulée de boue brûlante (contrairement à Pompéi, je crois, qui a été surtout recouvert de pierres et de cendres). Enfin, je chipote. Et je peux difficilement reprocher d'un côté de trop connaître la culture européenne, et de l'autre de ne pas assez la connaître.
Le narrateur a quand même quelques références japonaises (il faut faire couleur locale, il n'y a pas que la culture européenne dans la vie !) puisqu'il parle d'Edogawa Ranpo (en se trompant quand même sur un détail de l'histoire, page 61, il parle d'un canapé au lieu d'une chaise, voir la nouvelle La Chaise).

Tout ce flou est vraiment étrange. Est-ce fait exprès, pour exprimer quelque chose du flou des connaissances et de la vie du narrateur ?

Dans le roman, une autre personne, qui a fait quelques études à l'université mais sans grand succès, parle spontanément de Troie, de fil d'Ariane... Tout cela sent quand même l'écrivain occidental (ou bien les cours portaient-ils sur la civilisation occidentale). Et puis, dans une lettre écrite par une personne qui, est-il précisé, "n'aime guère écrire, et, pour tout dire, l'a rarement fait", on lit : "Non que j'attendisse d'eux un quelconque salut [...]" (page 102)... Argh, l'imparfait du subjonctif... C'est le problème de ces textes qui veulent faire littéraire : ils vont jusqu'à nuire à la vraisemblance. Une lettre écrite dans un roman qui se veut bien écrit n'a pas nécessairement à être aussi bien écrite que le reste du livre !

Malgré l'intrusion (anecdotique) de l'Armée rouge japonaise, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe (pour tenter d'apporter une dimension autre au texte ?), et malgré tous les détails un tout petit peu agaçants et artificiels, Nagasaki est vite lu et franchement intéressant (particulièrement ce qui est dit dans la première partie, et ce qui n'est pas dit dans la deuxième) ; mais ce qui fascine, c'est finalement la part d'histoire vraie là-dedans.
Je ne suis pas bien sûr de ce que l'auteur a ajouté au fait divers de départ... J'ai bien aimé l'histoire (dont il est difficile de parler ici sous peine de tout raconter, ce qui se ferait d'ailleurs vite, le livre n'étant pas épais), mais moins la volonté parfois artificielle de faire littéraire (dans la narration, je veux bien, mais dans les lettres écrites par des gens qui ne visent pas un prix littéraire, cela s'explique moins !), ainsi que des détails un peu gênants qui surviennent souvent quand quelqu'un d'une culture fait parler et agir des gens d'une autre culture. Les références sont différentes, et il est parfois difficile de s'en défaire...

En tout cas, on s'interroge sur la différence culturelle entre le Japon et, mettons, la France, différence qui a sans doute nécessité que l'histoire se déroulât là-bas plutôt qu'ici (un imparfait du subjonctif dans une phrase, ça peut aussi faire très moche).


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