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Peter Stamm : Au-delà du lac / Seerücken.
Lecture et discussion avec Peter Stamm et Alban Lefranc.
Jeudi 12 janvier 2012, 19h
Goethe-Institut - 17 avenue d'Iéna, 75116 Paris
En alternance, Peter Stamm et Alban Lefranc lisent la première nouvelle du recueil "Au-delà du lac" (2011), Les Estivants. En alternance, cela veut dire que Peter Stamm commence en allemand, Alban Lefranc continue en français, etc. Il ne s'agit donc pas d'une traduction, mais bien d'une lecture dans la continuité. Il faut donc vraiment s'accrocher (enfin, moi). Les raviolis, notamment, ont bien fait rire. Le passage où Ana réagit comme si les personnages de Gorki étaient vrais, aussi.
Peter Stamm lit finalement assez vite, il donne une certaine vivacité à son texte.
Après vient le petit jeu des questions (posées par Alban Lefranc) et réponses de Peter Stamm (traduites par Nicole Roethel, peut-être ? je ne sais pas si c'était elle ou pas).
Alban Lefran commence en disant qu'un article du New-York Times comparait les écrits de Stamm à des photos : il n'y a pas de jugement [au passage, dire qu'une photo ne porte pas de jugement ne me paraît pas tout à fait exact]. Peter Stamm dit que ce qui l'intéresse, c'est l'atmosphère. Il aime créer des attentes qu'il déçoit. A propos de la nouvelle qui venait d'être lue, Alban Lefranc disait que cela lui rappelait un peu, toutes proportions gardées, le film Shining (le grand hôtel vide). Peter Stamm dit que lorsque, à la fin d'une histoire, tout le monde meurt, c'est la fin, et puis voilà, on passe à autre chose, on oublie ; tandis que lorsque l'attente est déçue, ce n'est pas vraiment fini. "Je n'aime pas les chutes dans les histoires, elles les détruisent." Les points culminants, dans la vie, se trouvent à plusieurs endroits, pas juste à la fin (à la fin, c'est la mort, et puis c'est tout).
Il y a tout de même certaines histoires qui ont une chute, mais elles sont très minoritaires.
Alban Lefranc dit que souvent, dans les histoires de Stamm, les situations glissent vers le malaise. Peter Stamm cite alors l'architecte italien Rossi [je ne sais pas lequel] qui a dit qu'"il y a un abîme dans chaque pièce".
Ses oeuvres littéraires, picturalement parlant, se rapprochent des toiles de Balthus ou de Hopper : ce sont des situations normales avec quelque chose d'étrange, de décalé. "C'est ma représentation du monde."
Il y a une littérature rassurante et une littérature inquiétante. La tâche de la littérature n'est pas de rassurer, mais d'inquiéter. La télé, les hommes politiques, sont là pour rassurer, mais la littérature doit inquiéter."Mais j'aime bien regarder un James Bond de temps en temps."
Alban Lefranc : Il existe une vraie attention au quotidien, une poétisation du quotidien (il le dit en allemand, puis traduit en français) : "le bonheur de tartiner un morceau de pain".
Peter Stamm : "Dans mes histoires, il y a des moments de bonheur".
Mais beaucoup de textes sont très urbains, très quotidiens. "C'est notre temps", dit Stamm. Les centres commerciaux, les aéroports exercent une fascination sur lui.
Puis, Alban Lefranc parle de son extrême laconisme. Peter Stamm dit qu'il ne veut pas être appelé styliste. "Le style, c'est le vêtement ; je veux montrer la peau."
Il cite Urs Widmer, qui disait que des auteurs viennent du langage, alors que d'autres viennent du monde. "Je représente le monde de façon à ce que l'on oublie le langage." L'exactitude est la chose la plus importante dans l'écriture, ainsi que le respect pour les personnages. La compassion, c'est le lecteur qui la ressent.
Alban Lefranc lui demande alors s'il n'est pas tenté de reprendre ses personnages dans d'autres nouvelles, des romans... Stamm répond qu'en tant que membre des Verts, il est pour le recyclage, mais pas en littérature. "L'invention, en littérature, c'est gratuit."
Et son art de l'ellipse ? Procède-t-il par éliminations ?
Pas tellement, en fait. Il ne retire qu'à peu près 5% de son texte.
Il dit que, parfois, il lui faut plusieurs lectures pour comprendre ce que ses personnages ont voulu dire. "On vous en donne beaucoup plus, a répliqué Ana sèchement" (page 19 du livre). Peter Stamm dit avoir relu dix fois le texte avant de comprendre ce qu'Ana avait voulu dire. Il a interrogé un lecteur, qui lui a répondu : "Mais j'avais compris tout de suite, c'est évident !"
L'analyse ne fait pas partie du travail de l'écrivain.
Qu'est-ce qui fait l'unité du recueil ? Il les a écrites pendant la même période. En fait dans Au-delà du lac, 5 nouvelles se déroulent dans la région où il a vécu son enfance ; 3 nouvelles peut-être (rien n'est précisé), et 2 nouvelles, non.
Puis vient une question plus générale : qu'est-ce qui caractérise la littérature contemporaine suisse ?
En fait, Peter Stamm va se sentir plus proche de Martin Walser qui, bien qu'Allemand, est né près du lac de Constance, plutôt que de certains auteurs Suisses d'autres cantons. Le lieu de naissance, de l'enfance, est important.
Stamm précise que personne, en Suisse, ne parle le haut-Allemand (Hochdeutsch) dans la vie quotidienne : ils parlent en dialecte. Du coup, dans les livres, l'Allemand épuré utilisé dans la vie quotidienne a quelque chose d'artificiel. "Nous ne sommes pas aussi éloquents que les Allemands". Les Suisses emploient un langage simple, des phrases courtes. Il n'y a jamais de bavardage.
Les Suisses font des choses (Dingen machen), ils ont donné des ingénieurs, pas de philosophes, contrairement aux Allemands [je suppose que cela ne concerne que les Suisses germanophones, sinon on pensera bien sûr à Rousseau].
Puis, vient le temps des dédicaces. Là aussi, il est laconique.
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