Littératures Grecque et Romaine
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Euripide a été l'un des tous premiers à posséder une bibliothèque. A part de nombreux fragments des 90 pièces qu'il aurait écrites (selon la tradition), il nous est parvenu 17 tragédies, ainsi qu'un drame satyrique et une pièce apocryphe. Wikipedia dit aussi : "Euripide est le seul des trois « grands tragiques » auxquels on puisse attribuer, avec quelque vraisemblance, une œuvre musicale. Un extrait de son Oreste (v. 338-344), inscrit sur papyrus, daterait de 200 av. J.-C. , soit « seulement » 200 ans après sa mort. Dès lors, en tenant compte de l'académisme de l’Athènes d'alors, il semble plausible qu'il en soit le compositeur." On peut entendre ces fragments sur la piste 1 du CD "Musique de la Grèce antique chez Harmonia Mundi", par l'Atrium Musicae de Madrid. Cette reconstitution date de 1979. Concernant la musique d'Euripide, outre le CD signalé, une reconstitution plus récente (et sans doute plus juste ?) est en écoute sur : La comparaison des deux interprétations, c'est comme la comparaison de deux traductions d'une même pièce d'Euripide : on pourrait croire qu'il s'agit de deux oeuvres différentes...
Electre. Traduit du grec par François Rosso. Plus loin, il aborde les structures la tragédie. "La caractéristique principale de la tragédie attique, et qui remonte presque certainement au dithyrambe, est la dissociation des intervenants entre un choeur, d'une part, mené par un ou une coryphée soliste, et des personnes d'autre part. Ces deux éléments dialoguent, mais ne se fondent jamais. Ce partage fondamental se marque dans la structure du texte, dans la dissemblance des mètres employés, et même par une division de l'espace." (page 13). Il aborde ensuite les origines de la légende d'Electre. Il montre l'évolution de l'attribution de la "faute originelle" des Atréides : curieusement, plus le temps passe, plus l'origine remonte plus loin, de génération en génération : pour Eschyle, c'est la faute d'Atrée, qui a offert à manger à Thyeste ses propres enfants. Pour Sophocle, postérieur à Escyhle, c'était la faute de Pélops (le père d'Atrée, donc) ; et pour Euripide, "que l'on situe comme légèrement postérieur à Sophocle", c'est la faute de Tantale (le père de Pélops, et donc grand-père d'Atrée).
Oreste, le fils, est sauvé par l'ancien précepteur du roi. Il s'est exilé. Egisthe n'ose pas tuer la fille, Electre. Il choisit donc de lui donner pour mari un simple laboureur, de sorte que sa descendance ne puisse pas réclamer le trône. Mais il avait compté sans les qualités morales dudit laboureur : Electre arrive alors : On repense alors à ce que François Rosso écrivait dans sa préface : Le Laboureur part travailler aux champs. Il dit : "Qui veut gagner son pain ne doit pas répugner à l'ouvrage. C'est en vain qu'on invoque les dieux si l'on vit dans l'oisiveté". De manière similaire, Electre se complait dans l'avilissement de tâches auxquelles sa naissance ne la destinait pas, peut-être pour mieux invoquer les dieux… Elle pense à son frère Oreste… Où est-il ? "Que pour mon père, mes lamentations de la nuit se poursuivent quand point l'Aurore ! C'est dans la thrène d'Hadès qui s'élève, l'hymne d'Hadès, ô mon père ! Et dans les ténèbres souterraines je t'adresse l'hommage de mes pleurs. Sans relâche, chaque jour je m'y abandonne, déchirant de mes ongles ma tête que j'ai rasée en souvenir de ta perte cruelle." (page 54). Oreste, bien sûr, revient. Il admire la vertu du Laboureur, et son imprévisibilité : "Que la vertu est chose imprévisible et comme le hasard semble présider, pour les mortels, à l'attribution des qualités et des travers !" (page 67). "Oreste : mais comment ta mère put-elle permettre qu'on forçât sa fille à un tel mariage ? Pour fêter l'arrivée de l'étranger qui apporte des nouvelles d'Oreste (et qui est Oreste lui-même), le vieillard qui l'avait sauvé jadis apporte de quoi manger. Electre motive Oreste. Il doit assassiner Egisthe et Agamemnon. Oreste va-t-il reculer ? Clytemnestre, elle, justifie le meurtre de son mari. "[…] il a tranché la gorge blanche de mon Iphigénie !" et ce, pour de mauvaises raisons. La faute de "cette Hélène dépravée et de son mari trop faible pour châtier sa trahison." (pages 104-105). Et puis, il revient de la guerre avec Cassandre ! Mais la question est posée : Hélène est-elle vraiment dépravée ? Un classique parmi les classiques, excellent. A propos d'Euripide, Jacqueline de Romilly, dans son Dictionnaire de littérature grecque ancienne et moderne, page 83, écrit :
Nous sommes à Corinthe, devant la demeure de Médée. Médée, pour l'amour de Jason, a tué son propre frère, Apsyrtos. Elle a également fait montre de son intelligence en amenant les filles de Pélias, le roi usurpateur, à découper leur père en morceau. Elle est intelligente, a des pouvoirs, est déterminée… et amoureuse de Jason. Donc, Médée. Au début de la pièce. Une esclave resitue un peu l'action. ("dans les épisodes précédents…")
Puis on lit un passage que l'on peut sentir (après avoir lu la petite biographie) très personnelle de la part d'Euripide. C'est Médée qui parle : Créon arrive. Il confirme à Médée sa volonté de la voir partir. Elle s'en étonne. "Je suis dépouillée de tout, perdu… […]Cette malheureuse peut-elle encore demander à Créon pourquoi elle est poursuivie avec tant d'âpreté ? Jason arrive. Une excellente pièce, encore un classique (mais qui suis-je pour émettre un jugement sur cette pièce ? Franchement ?). Rarement on aura vu un héros aussi lamentable. Hippolyte. Traduction de Marie Delcourt-Curvers. Folio. Gallimard. 63 pages. Pour se venger d'Hippolyte qui trouve son bonheur dans la chasse, la nature, et vénère Artémis, Aphrodite a donc fait en sorte que Phèdre tombe amoureuse d'Hippolyte (qui est donc son beau-fils). C'est un jeune homme pieux qui veut rester chaste (enfin, avec les femmes ; la compagnie de jeunes hommes ne nuit pas à sa pureté).
Hippolyte, mal-aimé de son père, cherche à être son contraire (Thésée multiplie les conquêtes féminines). "PHEDRE
"LA NOURRICE "PHEDRE C'est bien sûr une très bonne pièce, un classique. La première version, Hippolyte voilé, "fit scandale. Phèdre s'abandonnait à sa passion et la déclarait elle-même à son beau-fils qui, d'horreur, se voilait le visage. Ces audaces sont atténuées dans la pièce que nous lisons et qui, en avril 428, quelques mois après la mort de Périclès, obtint le premier prix. Phèdre et Hippolyte se rencontrent en scène, mais sans échanger ni un mot ni même un regard." Marie Delcourt-Cuvers, notice, page 201).
Ecoutons l'ensemble Kerylos interpréter un extrait d'Oreste, d'Euripide : |
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