- dictées
- listes
- liens recommandés
-> retour Japon <-
retour
page d'accueil
|
AKASAKA Mari
(Tokyo, 1964 -)
Akasaka Mari est née en 1964. Diplômée de sciences politiques.
Elle a été rédactrice de magazines.
Vibrations (Baiburêta, 1999, 134 pages, Editions Philippe Picquier, traduit par Corinne Atlan). Nominé au prix Akutagawa.
Ce court roman commence avec un style subjectif, heurté (mais pas autant que Charivari, de Machida Ko) :
" " (page 5).
Tout cela se passe dans la tête de notre héroïne, Rei, qui fait des reportages pour des magazines.
Elle
a un petit problème : elle entend des voix, qui envahissent l'espace de ses pensées :
"" (page 6).
Cette cacophonie l'empêche de dormir.
"" (page 9-10).
De fil en aiguille, elle va plus loin :
"" (page 11).
Elle se met donc à se faire vomir, ce qui donne des passages... euh... savoureux.
""
Elle explique tout bien en détail. Se faire vomir devient une vraie drogue. On apprend un tas de détails pratiques. Par exemple, Rei ne vomit que des aliments pas encore digérés.
"" (page 15).
C'est bon à savoir !
La première partie du roman est donc sympathiquement tordue, dans le genre de Serpents et Piercings ou d'autres livres qui affichent la volonté un peu trop évidente de faire "différent" ou de choquer par la crudité des descriptions.
Malheureusement, cela ne dure pas. Ce n'était qu'un préalable au "vrai" roman, et c'est là que les choses se gâtent.
Rei rencontre un chauffeur de poids lourds : "." (page 65). Et voilà qu'on tombe dans un travers pénible : l'apparition du gars un peu mystérieux, qui vit en accord avec lui-même, grand philosophe à deux balles de la vie, le type qui a essayé plein de trucs, qui a roulé sa bosse, et qui comprend tout de la psychologie tordue de la fille sans qu'elle ait rien à dire, il l'accepte comme elle est, tout ça.
Ce personnage qui semble tout droit sorti d'un mauvais manga est une vraie plaie, un ectoplasme sans profondeur, le bouche-trou d'une histoire dans laquelle il manque un personnage.
Dans l'Attrape-Coeurs (de J.D. Salinger), Holden Caulfield parle ainsi de son romancier de frère : "Maintenant D.B. se prostitue à Hollywood", bref, il écrit là-bas des scénarios commerciaux pour se faire de l'argent facile. Eh bien, on a l'impression que c'est un peu pareil ici : après un bon début, certes tape-à-l'oeil, Akasaka utilise les ficelles du commercial actuel : sexe cru et malaise existentiel banalement rendu.
Tout cela ne ferait pas assez de pages pour un roman, même court, alors on a droit à de la psychologie de remplissage : "" (page 105)
Ah la la, ce qu'il ne faut pas lire...
Et tout ça pour finir (sans rien dévoiler du peu qu'il y a à cacher) sur pas grand chose. Il paraît (voir sur http://www.orient-extreme.net/index.php?menu=litterature&sub=critiques&article=16 que Vibrator, le titre original en japonais, aurait dû se traduire par "vibromasseur", et pas par "vibrations" (titre qui met plus l'accent sur les voix qu'elle entend, et sur les émissions radios captées dans le camion). Et que le camionneur sert de "nourriture" à notre héroïne, qu'au fur et à mesure qu'elle l'"absorbe" (il est un objet sexuel pour elle), elle se reconstruit. C'est sans doute ce qu'a voulu montrer Akasaka Mari. Mais bon, le cliché du camionneur...
Un peu d'arithmétique : 30 pages intéressantes + 100 pages assez inutiles = au final, roman ban(c)al et un peu vain.
Autres livres, non encore traduits en français :
- Kibakusha (1995).
- Chô no Hifu no Shita (1997)
- Vanille (1999).
- Calling (1999).
- Myuzu (2000) Prix Noma. Nominé au prix Akutagawa.
-
Kare ga Kanojo no Onna datta Koro (2003)
Film tiré de son oeuvre :
- Vibrator (d'après Vibrations), réalisé en 2003 par Hiroki Ryuichi, avecnotamment Shinobu Terajima (qui était très bien dans Le Soldat Dieu - Kyatapirâ, 2010 -de Kôji Wakamatsu).
|