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KURUMATANI Chokitsu (車谷 長吉)
(actuel Himeji, 01/07/1945 - 17/05/2015)
"" (Wikipedia)
Il a également remporté le prix Kawabata en 2001.
On trouvera un portrait de Kurumatani sur : http://vagabonde.net/spip.php?article73 :
""
- Double Suicide manqué aux 48 cascades (赤目四十八瀧心中未遂, Akame shijuyataki shinju misui, 1998). Traduit du japonais par Véronique Perrin. 209 pages. Editions vagabonde.
Même s' "Il ne s’agit pas de confession, mais de fiction" ( http://vagabonde.net/spip.php?article75 ), on sent bien qu'il y a de forts échos autobiographiques dans ce texte. Normal : ce livre relève du Watakushi shōsetsu (voir Wikipedia), tout comme les oeuvres de Dazai Osamu.
"." (page 7).
A quarante-trois ans, notre héros (né en 1945, tout comme l'auteur), Ikushima Yoichi, tombe malade d'épuisement au travail, victime d'une affection pulmonaire. Deux ans plus tard, il a une crise de cardiopathie ischémique... Bref, ça ne va pas fort.
Rapidement, on revient en arrière. L'auteur, ou plutôt le narrateur, explique comment il en est arrivé à la situation qui va occuper le livre :
"" (pages 11-12).
Ikushima Yoichi a fréquenté une bonne université, a lu Nietzsche et Kafka, Orikuchi Shinobu et Maruyama Masao.
Après quoi, il a été salarié : "" (page 21).
Ensuite, c'est la déchéance volontaire. Une force le pousse à partir, à chaque fois, d'un endroit à l'autre. "" (page 50)
Ikushima Yoichi se retrouve donc, à la fin des années 70, à Amagasaki dans une petite chambre surchauffée, à faire des brochettes avec des abats d'animaux morts dans des conditions douteuses. De la chambre d'à côté, il entend les voix de prostituées au bout du rouleau.
Onishi Takijiro dans le rôle de Ikushima Yoichi
Lorsqu'il voit, à la télévision, un documentaire sur les réfugiés des guerres et révolutions du XX° siècle : "" (page 72). Sans doute, mais ce n'est pas son cas à lui : c'est en effet de son plein gré qu'il est nomade.
D'ailleurs, à un moment, alors qu'il est dans un quartier chic - enfin, un quartier qui ne ressemble pas au trou dans lequel il s'est fourré - il a l'occasion de vomir la vie petite-bourgeoise : "" (pages 159-160).
Comme souvent dans les romans japonais, notre héros connaît un grand nombre de plantes : houttuynia, solidage du Canada, œnothère à fleurs jaunes... Il reconnaît aussi à leur chant le bécasseau variable (on pourra l'entendre sur : http://www.oiseaux.net/oiseaux/becasseau.variable.html) et la fauvette des roseaux.
Ikushima Yoichi est un intellectuel qui se pose beaucoup de questions, mais qui finalement n'en sait pas plus sur la vie en général que les prostituées, trafiquants, voyous et autres traîne-savates du quartier. Et, quant à la vie des habitants de l'immeuble louche où il loge, il ne comprend rien. Il observe beaucoup, écoute les bruits en provenance des chambres voisines, se pose de nombreuses questions, suppute, mais en est réduit à cela : des conjectures. Il lui manque la connaissance des codes, et n'ose pas poser les questions qui lui permettraient de comprendre ce monde hors du temps (on a tendance à oublier qu'on est au tournant des années 1970-1980 : rien ne nous y raccroche, ou pas grand-chose, d'autant que ce "roman du moi" avec auto-dénigrement quasi-constant fait parfois penser à Dazai Osamu... l'effet est étrange). S'il n'est pas à sa place dans le monde petit-bourgeois, il n'est pas non plus à sa place dans ce milieu.
"" (page 166). Peut-être, quand on est mort, peut-on plus facilement observer que parler.
Un livre curieux mais intéressant, et très sombre. On est loin du divertissement souvent associé au prix Naoki.
Un film a été tiré du livre, sous la direction de Genjiro Arato en 2003. Il a reçu de nombreux prix.
On peut voir la bande-annonce sur : https://www.youtube.com/watch?v=FsNOwB68hJM
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