Littérature Japonaise
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"Dazai Osamu est mort en 1948, mais il fait toujours l'objet d'un culte au Japon. Pour avoir été en révolte contre une société extrêmement rigide et conformiste, il demeure l'éternel favori des jeunes gens, sa réputation étant d'ailleurs fondée sur sa vie plus que sur son oeuvre." (Ralph McCarthy, introduction à Cent vues du mont Fuji, Picquier poche). Fils d'un riche propriétaire, Osamu Dazai, de son vrai nom Shuji Tsushima, est issu d'une famille très nombreuse (au moins onze enfants). Brillant élève, il édite des publications estudiantines et y publie
quelques oeuvres.
Après le suicide d'Akutagawa en 1927, Shuji délaisse ses études, et se met à dépenser en
alcool, vêtements et prostituées. Il s'intéresse au marxisme, se sent
coupable d'être né dans la "mauvaise classe sociale". Il échappe à la guerre à cause de (grâce à) sa santé : on lui diagnostique la tuberculose, dont un de ses frères mourut. Malgré la censure, il parvient à continuer à publier, notamment des contes. Les oeuvres de Dazai Osamu sont généralement écrites à la première personne et sont de nature autobiographique (le Watakushi shôsetsu, ou "roman-je", voir l'article de wikipedia).
La Femme de Villon (Viyon no tsuma, 1947) Traduit en 2005 par Silvain Chupin. 66 pages, Editions du Rocher. "La porte d'entrée s'est ouverte brutalement, et ce bruit m'a réveillée, mais comme ce ne pouvait être que mon mari qui rentrait ivre mort à la maison, je n'ai rien dit et je suis restée couchée." (page 8). La narratrice est une femme qui, malgré l'adversité, lutte ("Le principal, c'est qu'on soit en vie", page 66). Elle ne reste pas à se lamenter. Le mari, lui, ressemble furieusement à Dazai... Une bonne nouvelle, pas misérabiliste. Un film en a été tiré en 2009. Pays Natal (Tsugaru, 津軽 1944). Traduit par Didier Chiche en 1995. Picquier. 284 pages. "L'écrivain désespéré, alcoolique et drogué, hanté par l'autodestruction et traînant son ennui jusqu'au suicide : telle est l'image qu'on a le plus communément de Dazai [...]. Lui-même ne s'est pas fait faute de cultiver savamment le désespoir, la solitude, le sentiment d'être à juste titre mal aimé, et la fascination morbide de l'échec. Puis, le texte commence par un Prologue de l'auteur :
"Il y a quelques années, une revue m'avait demandé Quelques mots pour le pays natal. J'écrivis : Dazai dit avoir évité, au cours de son voyage de jouer au spécialiste parlant de géographie, d'économie, d'histoire... Le prologue fini, commence le texte à proprement parler. Parfois, il arrête ses descriptions, notamment de la côte du Japon, "pour des raisons de sécurité nationale" (page 78) : c'est qu'on est en 1944, c'est la guerre... Comme on ne se change pas, Dazai aimerait que les amateurs de littérature qu'il rencontrent ne parle et n'admire que ses oeuvres à lui. Du coup, il se met à critiquer des collègues écrivains (notamment, semble-t-il, Shiga Naoya), tout en se le reprochant, en pensant à une phrase de Bashô : " « Il ne faut pas critiquer les autres en se vantant. » [..] Oui, c'est peut-être écoeurant, mais je me suis bel et bien abandonné à ce comportement lamentable." (page 89). Pays Natal est un livre sympathique, mais qui ne "parlera" pas toujours au lecteur occidental puisqu'on y trouve de nombreux passages sur l'histoire locale (les clans...), la politique agraire, des interrogations sur l'origine de tel ou tel mot...
Films d'après son oeuvre :
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