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AKUTAGAWA Ryûnosuke
(Tokyo, 01/03/1892 - 24/07/1927)
Un des plus grands écrivains japonais. Il est l'auteur de deux cents récits brefs, de poèmes, articles critiques...
Peu après sa naissance, sa mère devint folle. Akutagawa fut alors élevé et adopté (officiellement en 1904) par son oncle maternel.
Il s'intéresse très tôt aux oeuvres de la littérature classique chinoise, mais aussi à l'anglais. Il lit toutes sortes d'auteurs, classiques et modernes, y compris des occidentaux.
Il est diplômé de littérature anglaise à l'université de Tôkyô.
Akutagawa, après avoir enseigné l'Anglais au Collège Naval (jusqu'en 1919), se consacre à la littérature.
" [...]" (Histoire de la littérature japonaise, Jean Guillamaud, collection Ellipses, page 92).
C'est Le Nez (Hana, 1915), remarqué par Soseki, qui le fait connaître. De cette période qui va jusqu'en 1920, citons également Rashomon (1917), Figures Infernales (Jigoku-hen, 1917), Le Martyr (Hôkyônin no shi, 1918).
Les qualités d'Akutagawa : "" (E.De Chavanes, Dictionnaire de littérature japonaise, sous la direction de Jean-Jacques Origas, Quadrige, PUF, pages 4-5).
1921 : Akutagawa interrompt sa carrière et passe quatre mois en Chine, en tant que reporter pour un journal. Ce séjour le marquera physiquement (maladie).
Dans les années 1920, il recourt de moins en moins au passé. En 1923, c'est le Grand Tremblement de terre (voir le livre de Yoshimura Akira, par exemple). "" (La Vie d'un idiot et autres nouvelles, page 103). Il écrit de nombreux essais, mais beaucoup moins de récits, surtout à partir de 1925.
Il commence à introduire plus d'éléments personnels dans ses oeuvres, peut-être poussé par " [...]." : Kappa (1927), Villa Genkaku (1927) ; "" (Histoire de la littérature japonaise, Jean Guillamaud, collection Ellipses, page 92).
Souffrant d'hallucinations, il tenta de se suicider avec la femme d'un ami en 1927. Ce fut un échec. Finalement, il se suicida par absoption de barbituriques, laissant deux mots signifiant "vague inquiétude".
Son suicide eut un grand retentissement.
Un prix littéraire, très prestigieux, qui porte son nom est remis deux fois par an à un jeune écrivain. Il fut créé en 1935, et reste une référence.
- Rashômon et autres contes (Sakuhin-Shu, contes traduits par Arimasa Mori en 1965). Connaissance de l'Orient. Gallimard/Unesco. 292 pages.
Le recueil comporte quinze contes.
Ces histoires sont généralement situées dans le passé.
Le premier conte, Figures Infernales (Jigoku-hen, 1917), met tout de suite le lecteur dans l'ambiance.
Il s'agit d'une histoire de paravent qui représente une scène de l'Enfer.
"[sic]" (pages 42-43). Pour parvenir à peindre ce paravent, le peintre est prêt à tout...
Un conte remarquable, très cruel.
La deuxième, Le nez (Hana, 1915), est d'un style très différent, c'est l'histoire de l'Aumônier Zenchi qui est affublé d'un grand nez.
"" (page 68).
Ah, si seulement il pouvait avoir un nez normal, plus petit...
Puis viennent les deux contes (très courts) les plus connus, grâce à Kurosawa : Rashômon, une sorte de vignette sur la survie, et Dans le Fourré, composé de dépositions de tous les protagonistes d'un assassinat, y compris le mort : que s'est-il réellement passé ?
On pourrait citer d'autres contes, comme Grau d'Ignames (août 1916) ; et encore Les Vieux jours du vénérable Susanoo ou Le fil d'araignée (Kumo no ito, 1917, très court et excellent), qui mettent en scène des divinités ou héros "mythologiques" ; d'autres encore (peu nombreux) n'ont rien de fantastique (Villa Genkaku, L'Illumination Créatrice).
Les Kappa (Kappa, 1927), l'une des plus longues nouvelles, est fascinante : elle nous montre une réalité parallèle, le monde des Kappa - fameux animal imaginaire japonais dont le visage ressemble à celui d'un tigre ("", nous apprend une note).
Ces contes sont très divers (époques, styles narratifs, ...) mais en même temps, on semble percevoir une inspiration commune, une sorte de cruauté morbide.
Bref, un recueil de contes vraiment remarquable, et l'on peut bien le dire de façon globale : un chef-d'oeuvre.
- La Magicienne (Hina, Kaika no satsujin, Kaika no otto, Yôba, Aki, nouvelles traduites du japonais par Elisabeth Suetsugu en 1999). Editions Philippe Picquier. 175 pages.
Le recueil comprend cinq nouvelles.
"" (Avant-propos d'Elisabeth Suetsugu, page 7-8).
Généralement, ces nouvelles sont le récit de quelqu'un.
Par exemple, la première nouvelle, Les Poupées (Hina ; 22 pages), commence (après un poème de Buson : Boîte entrouverte / Deux visages délicats / Inoubliable apparition) par cette phrase : ""
Il y a la volonté de rapporter les dires de quelqu'un, ce qui implique qu'il va sans doute manquer des explications, que tout ne sera pas forcément explicite, sans que ce soit de la "faute" de l'écrivain.
La première nouvelle est assez classique : "... " (page 13).
Une famille doit se séparer de ses très belles poupées ("considérées comme servant à purifier la maison des vicissitudes de l'année", nous explique une note) : Impératrice, Empereur, dames de palais, musiciens... La différence de comportement des membres de la famille : attachement aux valeurs ancestrales, ou au contraire adoption immédiate des nouveautés (éclairage) est très évident. Pas mal. (à noter que cette nouvelle se trouve également, dans une traduction différente, dans le recueil Neuf nouvelles japonaises).
Un crime moderne (17 pages) est un peu dans la même veine. Le docteur Kitabake Giichirô, qui s'est suicidé, a laissé un testament.
" (page 39). On est ici dans les valeurs, modernes/traditionnelles. Pas mal non plus, un peu plus tordu que Les Poupées.
Un mari moderne (30 pages) : un homme veut faire un mariage d'amour. Il rejette les mariages arrangés. Bien sûr, il y a les illusions, les belles idées, ce que l'on voudrait... et ce que l'on a.
On arrive à La Magicienne, la plus longue nouvelle (63 pages), supposément le morceau de résistance du livre. C'est l'histoire d'une opposition entre deux amis d'un côté et une sorcière de l'autre, qui veut garder pour une certaine raison une jolie jeune femme près d'elle. Bien sûr, un des deux amis est amoureux de cette jolie fille.
La tradition apparaît au sein de la modernité de la grande ville par l'existence de cette magicienne, une sorte de sorcière plutôt. Pour faire jeter un sort sur quelqu'un, prévoir l'augmentation de la bourse... on fait appel à elle.
C'est une nouvelle très curieuse : elle est bourrée de contradictions internes, d'illogismes, d'approximations psychologiques.
Par exemple, la sorcière a besoin d'argent d'un courtier qui vient la consulter... à propos du cours des actions (page 118) ! C'est parfaitement absurde : si elle a des informations sur l'évolution des cours, elle peut en profiter directement ! Qu'a-t-elle à faire de ce courtier !
Nos héros savent que la sorcière a beaucoup de pouvoirs, mais ils discutent de leur projet pour la contrer, par téléphone : ils entendent des parasites bien étranges, mais cela n'éveille pas immédiatement leur soupçons... A un autre moment, un de nos héros (à qui il arrive bien des choses !) est "". Quand il parvient enfin chez son ami, ce dernier " [...]" (pages 134-135). La phrase sonne très bizarrement.
Une nouvelle vraiment bancale, mais pourrait-on dire exprès bancale. Perturbant ou agaçant, Akutagawa ne nous a pas habitués à de telles approximations, tout est pensé, polissé, peaufiné. Il l'a donc fait exprès. Quel est alors le sens de cette nouvelle ? Est-ce une parodie ? Est-ce pour montrer le monde qui se déglingue tout à fait, à tel point que le bon sens et la logique même en sont parfois absents ?
On arrive finalement à la dernière nouvelle, Automne (21 pages), probablement (pour moi) la meilleure du recueil.
"" (page 155). Elle semble être douée pour la littérature. Elle fait un mariage sans amour pour que sa petite soeur puisse se marier avec celui qu'elle(s) aiment... Beaucoup de non-dits, c'est quasiment kawabatien par moments.
Globalement, un recueil de nouvelles nettement moins marquant que Rashômon et autres contes, mais intéressant quand même, peut-être surtout par ce qu'il apporte dans la connaissance de l'oeuvre d'Akutagawa, sa diversité.
Une vague inquiétude. Traduit par Silvain Chupin en 2004. Editions du Rocher, 2005. Préface de René de Ceccatty. 84 pages.
Ce petit recueil comporte trois nouvelles.
1/ Le masque (Hyottoko, décembre 1914). 19 pages.
"" (page 15). C'est la fête des cerisiers.
Des bateaux passent, des péniches se succèdent, et notamment une sur laquelle on voit deux joueurs de shamisen, une fanfare burlesque qui se met à jouer.
"" (page 18).
Le lecteur va en apprendre un peu plus sur cet homme... Une nouvelle très courte (le texte n'est pas bien dense, et les pages ne sont pas grandes) vraiment pas mauvaise du tout (surtout la fin), mais un peu mineure dans l'oeuvre d'Akutagawa.
2/ Un doute (Giwaku, juin 1919). 35 pages.
"" (page 35).
Au bout de 10 pages, un homme, qui était venu le voir, lui raconte son histoire, et c'est ce qui constitue le gros de la nouvelle. Il a fait quelque chose qui le turlupine depuis des années, il voudrait avoir l'opinion d'un spécialiste de la morale...
Pas mal, meilleure que la première nouvelle.
3/ Le wagonnet (Torokko, février 1922). 14 pages.
"." (page 71).
Ryôhei va vivre une petite aventure, se faire une peur qui le marquera, comme une initiation...
Vraiment pas mal du tout, également. Finalement, c'est elle, la meilleure nouvelle du recueil.
"J'ai pensé à la nouvelle d'Akutagawa Ryûnosuke intitulée Le
wagonnet. A la fin, une phrase déplore l'ennui de la vie. Au lycée, le professeur nous avait dit : « En fait, tout ce qu'Akutagawa voulait dire tient dans cette dernière phrase. » Nous, les élèves, nous étions indignés : « Si on avait su, on se serait contentés de lire la dernière phrase. »" (Isaka Kôtarô, Pierrot-la-Gravité, page 24).
Voici les trois dernières phrases de la nouvelle : "" (page 84).
Trois nouvelles qui ne comptent pas parmi les chefs-d'oeuvre d'Akutagawa, mais qui sont tout de même de très bonne facture. C'est toujours très bien écrit et très efficace.
La Vie d'un Idiot et autres nouvelles. Traduit par Edwige de Chavanes en 1987. Préface de Jeannine Kohn-Etiemble. Collection de l'Orient - collection Unesco d'oeuvres représentatives. 189 pages.
Ce recueil contient neuf nouvelles, des débuts de l'auteur (le premier texte est écrit lorsqu'il avait 20 ans) jusqu'à la toute fin (publications posthumes).
1/ L'eau du fleuve (Ôkawa no mizu, janvier 1912). 6 pages.
"" (préface de Jeannine Kohn-Etiemble, page 9). Au passage, on voit bien le risque de lire les nouvelles d'Akutagawa à la lumière de sa fin, connue.
Les notices introductives à chaque nouvelle sont vraiment intéressantes, elles ressemblent aux petits textes (qui, pour une fois, seraient réussis) accompagnant les tableaux, lors d'expositions. "" (page 21). Akutagawa a vingt ans, il est encore étudiant.
"" (pages 23-24).
Pas d'histoire dans cette petite nouvelle poétique, différente de ce que l'on avait pu lire de l'auteur jusqu'à présent, qui parle de Venise, du temps passé, des acacias, du Fleuve...
2/ Un Jour, Ôishi Kuranosuke (Aru hi no Ôishi Kuranosuke, 25 août 1917). 12 pages.
Les héros de cette histoire sont quelques-uns des fameux 47 rônin, qui ont finalement réussi à venger leur maître. En attendant le jugement, ils parlent, contemplent le jardin, le soleil, des visiteurs arrivent... Un des personnages se rend compte, avec tristesse, que ses actes et son comportement sont finalement mal interprétés et vont en venir, à l'avenir, à échapper à leur vraie signification, plus complexe qu'ils n'en ont l'air. " (page 44).
Il s'agit d'une nouvelle "historique", écrite la même année que Figures Infernales, pour situer.
3/ Lande Morte (Kareno-shô, septembre 1918). 11 pages.
" [...] (préface, page 14).
On assiste aux dernier instants de la vie de Bashô, entouré de ses disciples. Comme pour la nouvelle précédente, on suit les pensées profondes, les motivations de ces disciples, et ce n'est pas toujours ce que l'on pourrait croire. Il y a une sorte de logique perverse. Très bon.
4/ Les Mandarines (Mikan, avril 1919). 5 pages.
"[...] ." (page 63).
C'est amusant, parce que dans Anthologie de nouvelles japonaises, tome I (chez Piquier), on peut lire à peu près la même chose concernant la nouvelle La Foi de Wei Chang...
Bref, Les Mandarines comptent une anecdote arrivée dans un train, à l'issue de laquelle : "" (page 69).
5/ Le Bal (Butôkai, décembre 1919). 7 pages.
C'est donc un bal, avec une fin un brin nostalgique (de façon quand même facile) pour donner un peu de poids à la nouvelle, qui sinon est (mais il faut vraiment le savoir, et les notes sont là pour cela) une parodie-réponse d'un texte de Pierre Loti, Un bal à Yedo : tout ce qui était décrit comme petit et de mauvais goût est grand et d'un goût exquis !
6/ Extraits du Carnet de notes de Yasukichi (Yasukichi no techô kara, avril 1923). 13 pages.
"." (page 85).
Le texte est constitué de fragments... Il peut laisser un petit peu perplexe.
"" (page 87).
On remarque une note amusante (d'Edwige de Chavanes), page 92, à l'occasion de la phrase : "". Une note : "O.Henry (1862-1910) : auteur américain de récits brefs qui n'offrent qu'un intérêt littéraire limité."
7/ Bord de Mer (Umi no totori, avril 1925) 10 pages.
"" (page 104). C'est exactement ça. Il y a un rêve, au début du texte, qui met dans l'ambiance.
Quelqu'un appelle le narrateur. "" (pages 106-107).
8/ Engrenage (Haguruma, 1927 - publication posthume). 33 pages.
"" (page 117).
"." (pages 124-125). On est presque dans Shining...
Souris qui font leur apparition, comportement incohérent... et "" (page 122).
"." (page 151).
Avant, on peut lire : "" (pages 140-141).
9/ Le Vie d'un idiot (aru ahô no isshô, juin 1927 - publication, posthume). 23 pages.
Ecrit un mois avant son suicide.""
Un extrait :
"" (pages 164-165)
Contrairement aux recueils précédents, celui-ci donne à lire l'évolution de l'oeuvre d'Akutagawa : d'abord les textes classiques, à base historique, extrêmement bien écrits, construits, avec des histoires frappantes, puis un glissement vers des textes qui semblent plus personnels et moins immédiatement marquants par leur sujet ou leur construction, et finalement des textes fragmentés, presque hallucinés.
J'ai eu largement plus de plaisir littéraire à lire le recueil Rashômon (j'ai un gros faible pour ses nouvelles "historiques"), mais La vie d'un idiot, même si certaines nouvelles ne sont pas agréables à lire (car vers la fin, on n'est vraiment plus dans la volonté de faire de l'art, mais dans l'expression de quelque chose qui vient profondément, de manière brute, de l'auteur), est vraiment très intéressant, et fondamental pour tenter de comprendre un peu Akutagawa.
Couverture : Cheval sous un saule, d'Utagawa Kunisada (1786-1864)
- Jambes de cheval. Dix-sept textes traduits par Catherine Ancelot. Postface de Nimomiya Masayuki. Editions Les Belles Lettres. 221 pages.
Une note de la postface explique l'origine de ce recueil : "" (pages 205-206).
Effectivement !
Mais on n'aura donc pas Akutagawa en Pléiade... Quel dommage...
Il n'y a toujours qu'un seul écrivain japonais dans cette belle collection.
"" (page 181).
Les textes sont donc regroupés thématiquement et non pas chronologiquement.
I/ Histoires qui sont maintenant du passé.
"" (page 182)
1. Volupté : c'est l'histoire de Heichu, un Don Juan nippon (apparemment, il s'agit d'un personnage historique connu, que l'on trouve notamment dans La Mère du général Shigemoto, de Tanizaki). Il tombe les filles comme un rien. Mais, lorsqu'il faut conquérir une certaine Jijû, tout ne se passe pas aussi facilement qu'à l'accoutumée.
"" (page 16).
C'est vif, amusant... et vers la fin assez... particulier (on se croirait presque chez Tanizaki, pour le coup).
2. Avec La Dame de Rokunomiya, on a une histoire assez classique, mais un peu trop classique.
3. Dans La Fortune, un potier raconte, à un jeune guerrier, l'histoire étonnante d'une femme qui fait un voeu auprès de la déesse Kannon de Kiyomizu, dans un temple . "" (page 41). Pas mauvais, sans être marquant. C'est une petite chose, mais plutôt bien ficelée.
II/ L'Âge des Kirishitan et des barbares du Sud.
Kirishitan désigne les catholiques. Les textes vont donc tourner autour de la religion catholique.
4. Le Sourire des dieux.
"" (page 51). Ce jésuite italien, venu faire oeuvre d'évangélisation, va conaître quelques problèmes : hallucinations (ou pas ?), rencontre avec un esprit du pays... Les certitudes du jésuite vont-elles résister ? Assez amusant, la thèse de l'esprit est que les différentes croyances ou doctrines étrangères, en arrivant au Japon, subissent une transformation pour s'adapter, de sorte que les dieux japonais restent toujours derrière.
A cette occasion, le lecteur moyen (moi) apprend l'existence d'un certain "" (note page 195). Un Ulysse Japonais, fichtre !
5. Le Tabac et le diable. Dieu arrive au Japon avec les fidèles kirishitan (les premiers catholiques). Logiquement, le Diable arrive en même temps. Dans cette nouvelle, le Diable débarque au Japon incognito. Il va faire un pari avec un marchand... qui gagnera ? Comment notre pauvre marchand pourra-t-il l'emporter face à si forte partie ?
Très sympathique (comme souvent ce genre d'histoires).
6. La Vierge en noir.
"" (page 71).
Le collectionneur va raconter l'histoire maléfique liée à cette statue.
La chute n'est pas une surprise, mais la toute fin est quand même bien...
III/ L'art de raconter des histoires.
Effectivement, les textes regroupés ici sont très intéressants !
7. Jambes de cheval. Au début, un certain homme décède. Il arrive donc dans une grande pièce, devant les autorités compétentes. Là, stupéfaction :
" " (page 80).
Eh bien non. C'est Oshino Hanzaburô, le mort. il y a eu erreur ! Comment corriger ce problème ?
Ah, la bonne histoire que voilà ! Excellente !
8. Magie : c'est l'histoire d'un magicien exceptionnellement bon, Matiram Misra, qui , après une démonstation bluffante, se propose d'enseigner son art au narrateur.
Encore une bonne histoire.
9. L'enfant abandonné. Court mais joli texte
psychologique dans un style plus intériorisé. Bonne fin.
IV/ Fables et parodies
10. Histoire de la tête qui se décrocha :
"" (page 111). C'est le début...
Nouvelle très bien écrite, et à la bonne conclusion : "" (page 120).
11. Momotarô. "", nous dit une note. On a ici une parodie très parodique, avec allusions aux dérives nationalistes du moment. Euh... pas passionnant...
12. Le Combat entre le singe et le crabe. Il s'agit de la suite inventée par Akutagawa d'un conte populaire. Très court texte. Une petite chose.
13. Le Général Kim. Nous sommes à la fin du XVI° siècle, en Corée. Akutagawa raconte une histoire farfelue, qu'il dit être fausse. "". (page 136). Effectivement... c'est peut-être un peu amusant, mais également assez anecdotique dans son oeuvre.
V/ Yasukichi, l'alter ego.
Ces textes sont réalistes et mettent en scène un écrivain qui ressemble beaucoup à Akutagawa.
14. Le Billet de dix yens. Yasukichi est écrivain. Il enseigne, publie quelques nouvelles, mais il tire le diable par la queue. Ah, s'il avait un peu d'argent pour aller à Tokyo ce dimanche, dîner, acheter de la gouache et des toiles... Une histoire sans vraie chute, mais qu'on sent assez "réelle".
15. Ecriture. Yasukichi doit écrire l'éloge funèbre d'un capitaine de corvette qu'il ne connaissait quasiment pas. Réussira-t-il ? Une très bonne réflexion sur l'écriture.
16. Mensura Zoïli. On apprend l'existence d'un curieux pays : Zoïlia. Les savants y ont inventé un valeuromètre, prodige des temps modernes : il permet de mesurer rapidement et de façon fiable la valeur des oeuvres (littéraires, artistiques). Une petite chose, mais amusante.
17. Ababababa. Une bonne nouvelle réaliste.
En conclusion : c'est un recueil hétéroclite,
le niveau global est évidemment moins élevé que les précédents recueils parus précédemment, il y a beaucoup de petites choses (notamment dans la partie Fables et parodies), mais aussi quelques très bonnes nouvelles, dans des genres très différents.
Et puis, quel plaisir de pouvoir lire un "nouveau" livre d'Akutagawa, et de savoir qu'il reste encore quelques textes à publier chez nous !
D'autres nouvelles sont disponibles de-ci, de-là, dans différents recueils :
Dans L'Iris fou :
Le Tableau d'une Montagne à la saison d'automne. 15 pages
" " (page 57).
Et Wang Shih-Kou raconte l'histoire étrange de ce tableau, chef-d'oeuvre parmi les chefs-d'oeuvre.
Très bonne nouvelle, qui traite en fait un peu du témoignage, de l'impression que peut produire une oeuvre, et de la mémoire (thème Akutagawaien, si l'on repense à sa nouvelle Dans le Fourré).
Dans Le Secret de la petite chambre :
La Fille au Chapeau rouge (Akaï bôshi no onna). Ce texte est traditionnellement attribué à Akutagawa. 90 pages.
L'histoire commence "".
"" (page 45).
Un jour, quittant ses amis, il va se promener tout seul.
"" (page 45).
Il regarde les femmes, certaines le regarde. Mais comment communiquer avec elles ? En effet, il ne connaît pas un traître mot d'allemand (page 48, ce qui est démenti à la page 53, lorsqu'il dit avoir pris la précaution d'acquérir les rudiments de cette langue... curieuse contradiction).
"." (page 49).
On apprend que, dans une Allemagne en crise, les Japonais (notamment) avec leurs yens sont les rois du monde (le jour du début de la nouvelle, un yen équivalait à quelque chose comme 15 millions de marks... reste bien sûr à savoir ce qu'on peut acheter avec).
"[...]Comme le dit un de ses amis, un peu ivre à ce moment-là : " (page 80).
Bien sûr, il y a les inévitables et très descriptives scènes de coucherie (pas toujours couché, d'ailleurs), mais cette nouvelle a un vrai intérêt, et est finalement marquante, grâce aux problèmes qui se posent au narrateur non germanophone (comment sauver les apparences au restaurant lorsqu'il y invite sa conquête, avec qui il ne se comprend pas ?), au fait que le narrateur veut respecter les convenances vis-à-vis de ses compatriotes Japonais qui vivent à Berlin (et ils sont nombreux !), et donc de manière générale grâce au contexte, à tout ce que l'on voit de sordide dans le Berlin de ces années d'après première-guerre, avec toutes ces jeunes filles qui cherchent à lier connaissance avec des Japonais forcément riches... Dure et triste époque.
Adaptations de son oeuvre :
- Rashomon (1911), court-métrage.
- Kumo no ito (1946), réalisté par Ôfuji Noburô
- Rashômon (1950), réalisé par Kurosawa Akira. Avec Toshirô Mifune :
- Bijo to touzoku (1952), réalisé par Kimura Keigo
- Rashomon (1960). Série télé.
- Play of the Week -Rashomon. Série télé.
- Rashomon (1961). Téléfilm de Rudolph Cartier.
- L'Outrage (The Outrage, 1964), réalisé par Martin Ritt. Avec Paul Newman, Claire Bloom, Edward G. Robinson :
- Jigokuhen (1969), réalisé par Toyoda Shirô.
- Yoba (1976), réalisé par Imai Tadashi.
- Fame - The Incident (saison 5, épisode 24 ; 1986). Une histoire est reconstituée d'après les souvenirs des différents protagonistes, voilà ce qu'Akutagawa vient faire ici...
- Iron Maze (1991), réalisé par Yoshida Hiroaki. Avec Bridget Fonda.
- Nan Jing de ji du (1995), réalisé par Tony Au.
- Yabu no naka (1996), réalisé par SatoHisayasu.
- Misty (1996), réalisé par Saegusa Kenki. Avec Kaneshiro Takeshi.
- Aoi Bungaku Series (2009). Série d'animation, d'après Akutagawa, Dasai Osamu, Natsume Soseki et Sakaguchi Ango.
- Tajomaru (2009), réalisé par Nakano Hiroyuki
- Bungo: Nihon bungaku shinema (2010). Le deuxième épisode est adapté d'Akutagawa (les autres sont des adaptations de Dazai Osamu, Kajii Motojiro, Tanizaki, Mori Ogai) et réalisé par Yoshida Keisuke.
- Torocco (2010), réalisé par Kawaguchi Hirofumi
- Ayashiki bungô kaidan (2010), série télé. Le troisième épisode, Hana, est adapté d'Akutagawa et réalisé par Sang-il Lee. Les autres épisodes sont des adaptations de Dazai Osamu, Kawabata Yasunari,...
- Kumo no ito (2011), réalisé par Akihara Masatoshi. Il doit s'agir de l'adaptation de la nouvelle Le Fil d'araignée.
- In a Grove (2011), court-métrage (40 minutes) réalisé par Mike Bazanele.
Son fils aîné, Akutagawa Hiroshi (1920-1981), était acteur. On a pu le voir dans Dodes'kaden (il y interprète Hei, un homme silencieux), de Kurosawa Akira (1970).
Son deuxième fils, Takashi (1922-1945) est mort au front en Birmanie. Il étudiait le français à l'Ecole des langues étrangères de Tôkyô.
Son troisième fils, Hiroshi (1925-1985) était chef d'orchestre et compositeur renommé (plusieurs nominations et une récompense aux Nippon Akademī-shō - les César japonais)
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