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MIURA Ayako
(25/04/1922, Asahikawa, Hokkaido - 12/10/1999, Asahikawa, Hokkaido)
Institutrice pendant la Seconde Guerre Mondiale, Miura Ayako "quitte cette fonction, réalisant que l'éducation qu'elle a donnée aux enfants a contribué au militarisme japonais" écrit Marie-Renée Noir à la page 5 de sa préface au roman Au col du mont Shiokari). Elle contracte la tuberculose, rencontre un ami d'enfance chrétien, tente de se suicider puis se convertit au protestantisme.
Elle acquiert la notoriété avec la publication en 1964 de son roman Le Point zéro (Hyoten, prix Asahi Shinbun).
En 1968 sort Au col du mont Shiokari (Shiokari Tôge), best-seller traduit dans dix langues.
En 1992 se révèlent les premiers symptômes de la maladie de Parkinson.
Au col du mont Shikari (Shiokari Tôge, 1968, 319 pages, Editions Philippe Picquier, traduit par Marie-Renée Noir, traduit en 2007).
Le livre commence par une préface de la traductrice. "" (page 6).
Franchement, il est difficile de ne pas saisir le message martelé par le roman, qui est "", comme le proclame la quatrième de couverture, qui précise dans un souci vraisemblablement informatif que ce roman "".
Là, le lecteur a un peu peur, et il ne va pas être déçu par l'histoire, assez édifiante.
" [l'ouverture du Japon au monde] ", écrit encore Marie-Renée Noir.
Passionnant, je ne sais pas, mais facile à lire, oui, c'est vrai.
"" (page 7).
On commence par le commencement, l'enfance de notre héros, Nagano Nobuo, "". (page 13).
"". (page 16).
Eh oui, le père va expliquer à son fils qu'être descendant de samouraï ne l'autorise pas à se sentir supérieur aux autres, parce qu'on est tous égaux, etc. (à notre époque, il suffit de mettre la télévision en route pour se l'entendre seriner, comme quoi la télé remplace bien les parents... dommage que plus on appelle à la tolérance plus il semble qu'il y ait d'intolérance : mais alors, à quoi sert la télé ?)
Nobuo va vite se rendre compte qu'on lui cache des choses, les fameux secrets de famille qui font les délices des romanciers.
Sans vouloir trop en dire - c'est-à-dire moins que la quatrième de couverture - il va tomber amoureux de la soeur d'un ami, atteinte de tuberculose, et chrétienne (là, ce n'est pas une maladie). D'abord réticent envers cette religion "étrangère", ce qui doit arriver arrivera (même une taupe cacochyme le verrait arriver à des kilomètres) : l'idée de tolérance, de respect, de dévouement, voire de sacrifice, fait du chemin dans son esprit. C'est vraiiiment beau. Presque passionnant... non, quand même pas.
A noter, quand même, que certains passages sur le manque de considération des chrétiens de la part des Japonais, les préjugés, etc. ne sont pas inintéressants, mais les personnages manquent de complexité.
C'est facile de combattre les préjugés quand tous les chrétiens sont présentés comme des êtres formidables, extraordinaires, etc.
Là où le roman aurait été plus intéressant, c'est si parmi les chrétiens du roman, il y avait eu des être bons, et d'autres moins, bref, des humains. Le plaidoyer pour la tolérance aurait pu être crédible, alors que là, plaider pour tolérer des gens tous plus formidables les uns que les autres, dévoués, généreux, c'est comme de faire un sondage pour demander aux gens s'ils préfèreraient être riches, beaux et célèbres, ou bien pauvres, moches et obscurs : inutile et un peu ridicule.
Curieusement, cette ambiguïté de la nature humaine est mentionnée dans un roman dans le roman. L'auteur, un certain Nakamura, explique que "" (page 156). Très bien, mais pourquoi ne pas avoir prolongé ce début de réflexion ? La peur de faire réfléchir le lecteur ?
Si l'on est un peu blasé et un brin cynique, on ne verra dans ce roman que des câbles, des personnages-clichés (la jolie fille malade, toujours très émouvante, les gros et bons sentiments qui dégoulinent, les ressorts mélodramatiques ultra-classiques), bref un roman à lire avec du Francis Lai dans les oreilles ; ou bien on pourra se dire qu'un livre qui exalte des valeurs par ailleurs pas assez partagées (si tout le monde était bon, gentil et si on s'aimait les uns les autres, ça serait rudement sympa), ça ne peut pas faire de mal.
En conclusion, c'est un livre édifiant, pas transcendant, mais sympathique et au style simple, qui se lit vite. C'est de la littérature populaire, grand public, avec un message clair et consensuel.
Toutefois, pour ceux qui cherchent un écrivain japonais chrétien (catholique en l'occurence) plus consistant et moins "confortable", il vaut quand même mieux aller voir du côté de Endo Shusakû.
Films d'après son oeuvre :
- Tsumi no hako (1968), réalisé par Masumura Yasuzo.
- Le Point Zéro (Hyoten, 1966), réalisé par Yamamoto Satsuo.
- Hyoten (2006), drama.
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