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MURAYAMA Yuka (村山由佳)

(Tokyo, 10/07/1964- )

murayama yuka

"Avant de devenir écrivaine, elle exerce les métiers d'agent immobilier et d'enseignante dans une école de rattrapage. En 1987, son premier roman intitulé Angel Egg, remporte le prix Shosetsu Subaru du nouvel écrivain, se vend à plus d'un million d'exemplaires et est adapté au cinéma par Shin Togashi en 2006. Murayama continue à publier, notamment Comment faire un délicieux café (Oishii kohi no irekata).

Elle remporte le prix Naoki avec Voyage à travers les étoiles (星々の舟, Hoshiboshi no fune, 2003). En 2009, son roman Double Fantasy (ダブル・ファンタジー), sur une femme mariée qui a des aventures sexuelles, remporte trois prix, dont le prix Shibata Renzaburo.

Dans son œuvre, Murayama explore de manière parfois provocante les voies du désir et de la sexualité, les tabous, les relations maritales et l'adultère, comme dans Hanayoi (2012), sa première œuvre traduite en français." (Mix de deux sources http://www.booksfromjapan.jp/authors/item/1091-yuka-murayama et Wikipedia)

hanayoi     couverture japonaise

- Hanayoi - La chambre des kimonos (Hanayoi, 花酔ひ , 2012). Roman traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin. 379 pages. Presses de la Cité.
Le roman se focalise tour à tour sur quatre personnages : deux couples.
Après avoir travaillé dans une société organisatrice de mariages - où elle a rencontré celui qui allait devenir son mari, Seiji - , Asako a démissionné et travaille maintenant dans le magasin familial de kimonos. Seiji, lui, travaille toujours comme commercial dans l'entreprise organisatrice de mariages. Ils habitent à Tokyo.
Le deuxième couple travaille dans une société de pompes funèbres : Masataka a de l'ambition, il fait ce qu'il faut pour décrocher des contrats, ce qui implique d'être dans les petits papiers des chefs (ou chèfes) de service des hôpitaux. Sa femme, Chisa, a un poste administratif. Ils vivent à Kyoto.

"Bien que fille unique des gérants de ce commerce ouvert depuis trois générations, Asako, jusqu'à récemment, n'avait eu aucune envie d'aider sa famille à le faire tourner, et encore moins de le reprendre. Elle avait grandi au milieu des kimonos, mais de nos jours, en dehors des cérémonies importantes, quasiment plus personne n'en portait." (page 9).
Son père ayant eu de graves problèmes de santé, Asako est contrainte d'aider. Contre toute attente, elle se découvre un grand intérêt pour les kimonos, intérêt décuplé lorsqu'elle découvre l'immense collection de kimonos anciens qu'avait constitué son grand-père.

hashiguchi goyo
Hashiguchi Goyō (1880-1921) : Beauté en kimono d'été (1920)

"A la différence des vêtements occidentaux, les kimonos sont fabriqués à l'aide d'un unique morceau d'étoffe travaillé, le tanmono. Aucune pince, aucun pli, aucun rentré dans le costume japonais. Mais cela suffit pour qu'un même habit présente un aspect radicalement différent selon la carrure ou la taille de qui le revêt." (page 15).
"Asako apprit très vite que le cachet d'époque d'un kimono ne mettait pas son porteur à l'abri du mauvais goût ; les faux pas le faisant passer irrémédiablement pour un rustre étaient possibles pour les kimonos anciens comme avec les modernes.
De plus, les créateurs d'antan se permettaient certaines folies aujourd'hui impensables, notamment au regard des motifs. Des titres de pièces de théâtre kabuki cousus en entier sur des obis, des kimonos recouverts d'emblèmes porte-bonheur comme des chrysanthèmes, des grues ou des phénix... Ces dessins tapageurs, oeuvres de couturiers désinvoltes, auraient dû demeurer sur le revers de l'habit, mais bien souvent, et contre toute attente, ils en ornaient le devant.
" (pages 29-30).
Asako ouvre une annexe à la boutique, consacrée aux kimonos anciens.
"À la différence des vêtements occidentaux, les plis du kimono doivent rester visibles sur son porteur. Les lignes droites des coutures garantissent un rendu magnifique." (page 144).
"Les grands couturiers de l'époque confectionnaient évidemment des kimonos de tailles différentes, mais comme les Japonais étaient plus petits autrefois, les modèles anciens, dans l'ensemble, devaient être réajustés. Les manches ou, plus précisément, la mesure allant de l'épaule au poignet se révélaient le plus problématique. Pour régler la largeur du corps du kimono, un bon expédient était de jouer sur la façon de l'enrouler autour de la taille et, quant à la hauteur, une cordelette nouée au bon endroit pouvait aisément faire l'affaire, mais, en ce qui concernait les manches, il n'y avait aucun espoir : la retouche était indispensable. Un poignet qui ressort trop de l'emmanchure suffit à gâcher tout le charme suranné d'un kimono d'époque." (page 32)
On apprend pas mal de choses sur les kimonos, les usages...
"Pour en chasser l'humidité, un kimono porté doit être accroché plus d'une demi-journée à l'abri du soleil. Il faut toutefois prendre garde à ne pas le laisser pendre trop longtemps, car certains colorants s'affadissent après seulement quelques heures d'exposition à la lumière." (page 143).
"Le 1er septembre était déjà là - d'après l'almanach des kimonos, on abandonne à cette date les vêtements fins pour entrer dans la saison des kimonos non doublés, les hitoe. Pendant une quinzaine encore, on peut continuer à porter des obis d'été, mais les tissus donnant une impression de transparence sont prohibés." (page 142).
Pour éviter de se tromper et se couvrir de honte dans le métro, on pourra par exemple consulter la page : http://kitsuke.e-monsite.com/pages/pratique/calendrier-du-kimono.html

Il y a parfois des phrases bizarres. Ainsi, à un moment Asako reçoit un coup de téléphone : c'est Masataka, l'homme du deuxième couple, qui l'appelle parce qu'il a des kimonos anciens à vendre (c'est ainsi que les deux couples vont être mis en relation) : "À en juger par sa voix, il devait avoir un peu plus de quarante ans." (page 33). Evaluer l'âge à quelques années près grâce à une voix entendue au téléphone, c'est du grand art.

madame monet en kimono
Claude Monet : La Japonaise, portrait de Madame Monet en kimono.

Du côté de Masataka, qui travaille rappelons-le dans une entreprise de pompes funèbres, les affaires vont bien : "Dans une société japonaise vieillissante, l'industrie avait pour premier avantage de ne pas souffrir du manque de clientèle. Peu importe la dureté de la crise économique, les gens continuent d'offrir des funérailles dignes de ce nom à leurs morts. De plus, une famille endeuillée marchande rarement le montant des obsèques." (page 47).
"Un dicton circulait dans leur milieu : « Un cadavre dans le mois, tes factures sont payées ; deux le même mois, tu as de quoi épargner ; au bout de trois, c'est les vacances à l'étranger. » Après quinze ans de métier, Masataka devait bien avouer qu'il y avait une part de vrai dans tout ça." (page 73 ; les puristes de la langue française diront que ce n'est pas ça, un dicton).
Jusqu'à la moitié du livre, c'est donc intéressant.
Après... Chisa, la femme de Masataka, a des tendances dominatrices (mais elle a une excuse : cela vient d'un traumatisme enfantin ; sinon, bien sûr, elle n'aurait certainement pas ces pulsions, ouf !), qu'elle cache à son mari. Or, Seiji - le mari d'Asako - rêve de se faire marcher dessus, de se faire humilier : c'est qu'il se sent si nul comparé à sa femme...
Ils sont donc faits pour s'entendre !
"Seiji poussa un faible râle et rampa un peu en avant. L'effroi au corps, il s'apprêtait à recevoir un nouveau coup de talon et, paralysé par la peur qui précède la douleur, fut traversé par une sensation insupportablement exquise.
Il tira une langue pointue tel un lézard et s'aboucha au ventre de Chisa.
" (page 222)
Nos deux tourtereaux font plein de trucs avec la langue (surtout lui), ils échangent des fluides divers et variés, les organes sexuels sont à la fête, tout est décrit sans métaphores.
Un peu, ça va, mais ça devient long... d'autant qu'on retrouve ici ce qui est très courant dans la littérature japonaise : les répétitions (d'autant que l'on passe du point de vue d'un personnage à un autre).
Bien sûr, il n'y a pas que des scènes de sexe, il y a aussi la description de la montée des obsessions masochistes de Seiji et sadiques de Chisa, l'impact sur leurs couples ; mais on a vite compris, et c'est vraiment trop long.

On pourra vaguement penser à Tanizaki (Svastika ou, plus encore, Un Amour insensé), mais d'un point de vue littéraire, on en est malheureusement très loin.
Hanayoi est donc intéressant dans sa première moitié (la mise en place), mais nettement moins après (alors qu'il s'agit de la partie principale du livre).
Mais ce n'est vraisemblablement pas le meilleur livre de l'auteur, qui a reçu de nombreux prix.... pour d'autres de ses romans.



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