Littérature Japonaise
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(Tokyô, 03/12/1879 - 30/04/1959)
"Pour écrire de la bonne poésie," écrit Kafû en 1909, "il faut valoriser la solitude. Il faut s'isoler des gênes de la famille, des sanctions de la société... Je suis totalement indifférents de ce que ma famille pense de moi. Je suis un poète, ils sont des gens ordinaires." (voir http://www.japantimes.co.jp/text/fl20090426x2.html )
Il tiendra son journal de 1917 à 1959 (en 1944, à propos des militaires : "Que leurs crimes soient inscrits pour l'éternité").
Il reçoit les honneurs, connaît la popularité, ses textes sont portés au cinéma. Il reste toutefois solitaire, se promène dans les vestiges de la ville basse. Il avait demandé à être enterré dans le cimetière des prostituées de Yoshiwara, mais il rejoindra le caveau familial. Scènes d'été (Natsu sugata, 1914, 103 pages). Editions du Rocher, traduit et présenté par Jean-Jacques Tschudin.. "Déjà proche de la quarantaine, Keizô avait succédé à la tête d'un magasin de vêtements importés, depuis longtemps solidement établi dans le quartier d'Ogawa-machi." page 7). Il ressent des choses différemment, maintenant que Chiyoka est à lui : "C'était pourtant une femme dont il avait acheté régulièrement les services pendant plus de six mois, mais depuis qu'il en avait la jouissance exclusive, certaines situations auxquelles il n'avait jamais particulièrement pensé auparavant lui faisaient curieusement éprouver des sensations inédites [...]" (page 24). Sa passion pour elle croît. Il passe des nuits avec elle. "[...] lorsqu'elle était en yukata, tant les rondeurs du volumineux postérieur débordant de l'étroite ceinture que la plénitude d'un ventre bombé suggérant que le cordon du sous-kimono ne pouvait être bien noué paraissaient particulièrement séduisantes." (page 27). Elle est très gentille, Chiyoka, elle ne dit jamais non, on peut en faire ce que l'on veut. "Tant le débraillé et le manque de classe d'O.Chiyo dans son kimono que la lourde chaleur dégagée par son corps aux fesses rebondies procuraient à Keizô une sensation de liberté et d'opulence que ne donnent guère les geishas, mais qui lui rappelait étrangement le corps dénudé des actrices occidentales entraperçu au cinéma." (page 30) Elle l'excite sexuellement. Elle a aussi une qualité qu'il a toujours appréciée chez elle, c'est sa docilité : "[...] il ne pourrait sans doute pas retrouver cet abandon absolu d'O.Chiyo auprès des geishas ordinaires, car si toutes les prostituées livrent leur corps à leurs clients, aucune ne pouvait autant qu'elle s'abandonner sans la moindre retenue à leurs caprices ; aussi avait-il supporté les désagréments et continué à faire appel à ses services." (page 60). Chiyoka a-t-elle tiré un trait sur son passé ? C'est vraiment un très bon texte, un peu tordu : l'obsession physique de Chiyoka sur Keizô est très bien rendue, ainsi que ses conséquences, et l'hésitation de Keizô : doit-il la garder coûte que coûte, quel que soit son comportement ? Et si, finalement, son comportement "répugnant" la rendait pas encore plus désirable à ses yeux ?
On trouvera un récit érotique de Nagai Kafû dans le recueil Le Secret de la petite chambre.
Films d'après son oeuvre :
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