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TENDO Arata (天童荒太)
(1960 - )
Arata Tendô (de son vrai nom Noriyuki Kurita) est né en 1960. Il écrit des romans privilégiant le mystère et le suspens.
Il a également
écrit des scénarios pour la télévision et le cinéma.
Il a reçu le prix Yamamoto Shūgorō en 1995 (pour Kazoku-Gari, 家族狩り), le Prix des auteurs japonais de romans policiers en 2000 (pour 永遠の仔) .
En 2008, il reçoit le prix Naoki pour L'Homme qui pleurait les morts.
- L'Homme qui pleurait les morts (Itamu Hito, 悼む人 ; 2008). Roman traduit par Corinne Atlan. Editions du Seuil. 607 pages.
Le roman est centré sur un homme aux motivations mystérieuses : Shizuto, 32 ans. On le verra sous différents angles : sa famille, un journaliste...
Shizuto a quitté son travail, sa famille (enfin, ses parents et sa soeur, car il n'est pas marié), et parcourt le Japon, sac à dos, dépensant le minimum.
Un journaliste, Makino, l'interroge :
"" (pages 40-41).
Le voici sur les lieux d'un accident de la circulation. Il demande des précisions sur la victime à un agent de la circulation.
"Puis, il se recueille, il pleure le mort."" (page 45).
À chaque fois, Shizuto tente d'obtenir les réponses à ces trois questions : qui a-t-il aimé, qui l'a aimé, quels actes lui ont valu de la reconnaissance ?
Il expliquera pourquoi.
Ces questions suscitent des réactions diverses : Shizuto serait-il malade ? un criminel en puissance ? appartiendrait-il à une secte ?
Toutes les réactions ne sont pas négatives. Les proches de certains morts peuvent parler à quelqu'un, parfois pour la première fois. Cela leur fait du bien.
"" (page 199).
Shizuto veut garder la trace de tous ces gens, sans les hiérarchiser en fonction des circonstances de leur mort (meurtre, accident, suicide...) Garder quelque chose d'eux, car chacun a été unique.
À mesure qu'on le suit dans son voyage, on perçoit une réalité sombre de la société japonaise : harcèlement au travail, corruption, écoles qui ferment à cause de la baisse du nombre d'enfants, suicides d'époux ou même suicides collectifs...
Et on se posera la question de ce qu'il reste après la mort de quelqu'un qui aura mené une vie simple, banale. Comment en garder la trace, éviter qu'il ne sombre dans l'oubli ?
Plus généralement, on s'interroge sur le sens de la vie, surtout s'il n'y a rien après (mais qui sait ?).
Le livre se compose de plusieurs histoires (généralement pas gaies) qui se recoupent, avec en ligne de force un parallèle entre une femme qui va mourir (d'un cancer) et une autre qui va donner naissance à un enfant.
Il y a quelques séquences "émotions", mais l'auteur n'en fait pas trop.
On peut s'interroger sur le sens réel de ce qu'accomplit Shizuto, qui consacre sa vie aux morts (est-ce que cela a vraiment un sens ? n'est-ce pas vain ? ou égoïste ?), qui appelle ponctuellement, tous les ans, une personne qui lui est étrangère, mais qui n'est pas fichu de passer un coup de fil à ses parents. Par peur de devoir rentrer chez lui ?
On pense un peu au personnage principal de la nouvelle de Henry James, L'Autel des Morts, qui est lui aussi en quelque sorte happé par les morts, au détriment des vivants.
Apparemment (source : http://www.booksfromjapan.jp/publications/item/42-the-mourner ) l'auteur - connu pour écrire lentement - a passé sept ans sur ce livre. En 2009 (l'année suivant la parution de L'Homme qui pleurait les morts), Tendô Arata a publié les Journaux de Shizuto : de façon similaire à Shizuto, qui écrivait jour après jour quels morts il avait pleuré et qui ils étaient, Tendô Arata a tenu lui aussi un tel journal. Shizuto est donc en quelque sorte le double de l'écrivain.
Un bon livre.
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