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SCLIAR Moacyr
(Porto Allegre, 23/03/1937 - Porto Allegre, 27/02/2011)
"D’origine juive russe, médecin de formation, il est l’un des écrivains les plus novateurs apparus au Brésil dans les années 70. Son attrait pour la fable, son goût de l’humour le rapprochent parfois du courant des écrivains juifs new yorkais. Mais le monde qu’il met en scène vient de la rencontre de son imaginaire et de la réalité brésilienne.
« J’écris à cause d’une contradiction, à la fois conflit et source d’inspiration ; ma double condition de Brésilien et de juif... Raconter des histoires a été ma façon de me dissoudre dans le grand peuple de ce grand pays. » Il a publié plus d’une centaine de textes courts, contes inspirés par la Bible, l'imaginaire des bandes dessinées, ou tout simplement par des faits étranges surgis du quotidien de la vie, et une douzaine de romans d’envergure, notamment Sa Majesté des Indiens (1997)."
Source : http://www.librairie-portugaise.com/ShowAuthor.aspx?id=268
- Le Centaure dans le jardin (O centauro no jardin, 1980). Traduit du brésilien par Rachel Uziel et Salvatore Rotolo. Presses de la Renaissance. 278 pages.
Le roman commence par sept citations : un bestiaire du XII ° siècle, Engels ("Ne nous réjouissons pas trop vite de ces victoires que l'homme remporte sur la nature"), Borges, Bachelard, Heller, etc. N'en jetez plus.
Puis, c'est le début du roman. On est dans un restaurant tunisien, en 1973.
"." (page 11). Moacyr parle de plein d'événements, de personnes qui, on le sent, vont s'éclaircir par la suite. Logique car, par la suite, c'est le flash-back.
On sait déjà que notre héros n'est plus centaure. Reste à savoir comment il a procédé. Avançons de quelques pages.
"" (page 17).
Pour l'instant, c'est bien. On est dans le fantastique.
Moacyr s'interrompt pour parler du père. "" (page 23). La vraie littérature sud-américaine, on le sait bien, ne peut exister sans digressions.
Reprenons. Les cris.
Hmmm... garçon ? fille ?
"" (page 20).
C'est que le bambin, on le sait, est normal au-dessus de la ceinture, mais en dessous, c'est un cheval. C'est un centaure.
Pourquoi ?
Ce sera la grande question de notre héros. Il ne trouvera pas de réponse. De même, le cheval ailé du début, il est tout joli, il met de l'ambiance, on le rappellera vaguement plus tard, mais juste en temps que présence, et puis c'est tout. Un petit tour et puis s'en va.
L'arrivée d'un bébé centaure dans une ferme du Brésil tenue par des Juifs fraîchement immigrés, ça a du potentiel.
Malheureusement, l'auteur n'a pas compris une évidence : ce qui fait la particularité, l'intérêt, d'une histoire avec un centaure, c'est quand c'en est un, de centaure. Mais quand il a pu (on ne dira pas comment, mais ce n'est pas à se rouler par terre) retrouver forme humaine au milieu du livre, forcément, la suite du bouquin perd de son intérêt. On voit tout de suite ce qui peut venir : la nostalgie possible de l'état de Centaure, les galopades dans la pampa, tout ça. C'est peu.
Mais là où ça ne va vraiment pas, mais alors vraiment, vraiment pas, et à ce moment-là je me suis exclamé "oh, il charrie", c'est quand notre héros Centaure tombe nez à nez... avec une Centaure ! C'est n'importe quoi. C'est trop statistiquement impossible. Ca sert juste à créer l'histoire d'amour prévue dans le cahier des charges, et ça permet de cocher une autre ligne du cahier des charges : la scène de sexe, très soft ceci dit (pour rappel, notre héros est cheval en-dessous de la ceinture, avec les qualités de taille qui vont avec, ce qu'a bien constaté le rabbin qui l'a circoncis).
Et la manière dont certains personnages se rencontrent par hasard, pour faire avancer l'histoire dans le sens que souhaite l'auteur, c'est aussi franchement poussé. Le Brésil est un tout petit pays, comme chacun sait, mais quand même...
Alors, on me dira que ce n'est pas du néo-réalisme, que c'est une fable. Bien sûr, mais il y a des limites ! Que de hasards ! que de coïncidences !
Malgré tous ces défauts, ce roman est quand même assez sympathique, grâce à la première moitié de l'ouvrage. Il se lit très correctement. Pas de longues descriptions, il ne donne pas dans le grand style littéraire, c'est écrit à la première personne, il est assez efficace. Mais il aurait pu être tellement meilleur, être marquant ! Eh bien non, c'est raté.
On s'étonne un peu du succès critique de ce livre (il en existe deux traductions, la deuxième étant due à Philippe Poncel), nettement moins original qu'il aurait pu être, surtout si l'on a précédemment lu Le Centaure, la nouvelle de Saramago (extraite de Quasi-objets), dont les 26 pages écrasent ce roman qui en fait 278. Certes, ce n'est pas tout à fait la même chose.
Et on me dira que le centaure doit être la métaphore de quelque chose, mais on a du mal à voir. Le thème de l'Autre, rejeté et qui veut s'intégrer, quitte à renoncer à ce qui fait sa différence ? Ça n'est franchement pas évident.
"Le National Yiddish Book Center américain, l'a inclus dans sa liste des cent meilleurs romans contemporains, au même titre que les oeuvres de Kafka, Issac Bashevis Singer et Saul Bellow. Bernard Pivot le considère, dans sa "bibliothèque idéale", comme l'un des cinquante plus grands récits de la littérature lusophone", écrit l'éditeur Folies d'encre, chez qui le livre ressort.
Pas possible.
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