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Jonas Lie
(Hokksund, Norvège, 06/11/1833 - Stavern, Norvège, 05/07/1908)

jonas lie

 

 

"Jonas Lauritz Idemil Lie est un écrivain norvégien né à Hokksund, dans le sud de la Norvège le 6 novembre 1833 et mort le 5 juillet 1908 à Stavern. Il est considéré comme l'un des quatre plus grands écrivains norvégiens du XIXe siècle avec Henrik Ibsen, Bjørnstjerne Bjørnson et Alexander Kielland.

Lorsque Jonas est âgé de cinq ans, sa famille déménage dans la ville de Tromsø, au nord du pays, où son père exerce la fonction de juge. Les paysages et les marchands et pêcheurs russes, lapons et finlandais le fascinent, il les placera souvent au cœur de ses romans. Lie suit des cours de droit à l'université de Kristiania où il rencontre Ibsen et Bjørnson. Il devient avocat en 1859 à Kongsvinger en Norvège méridionale et écrit des articles pour des journaux et un recueil de poèmes.

En 1860, il épouse sa cousine Thomasine Lie qui le pousse à écrire. En 1868, le couple s'installe à Kristiania et en 1870 paraît le premier grand livre de Jonas Lie, Den fremsynte, suivi de Tremasteren Fremtiden en 1872. Les deux romans décrivent avec réalisme et talent la vie des hommes dans le grand nord et leur rapport à la mer.

Jonas et Thomasine vivent à Rome, en Allemagne puis à Paris de 1882 à 1906 où le couple côtoie la génération en exil temporaire de la bohême norvégienne, en particulier Knut Hamsun et Hans Kinck. Puis ils visitent l'Europe avant de retourner en Norvège où Thomasine Lie meurt en 1907, un an avant Jonas.
" (merci Wikipedia)

 

trolls

En couverture : Theodor Kittelsen -Sjøtrollet (Le Troll des mers), 1887.
kittelsen

- Trolls (Trold I & II, 1891 et 1892). Traduit du norvégien par Georges Khnopff, Sébastien Voirol et André Bellesort. 95 pages. L'Elan. 2005.

Le livre commence par une présentation de Maurice Bigeon (1894) de 20 pages. Il connaît manifestement son sujet.
Il fait naître une certaine attente.
"[...] la mer est salée dans ses livres. C'est un visionnaire, doué d'organes d'une rare puissance. Longtemps avant Loti, il est impressionniste." (page 17)
"On a comparé Lie à Balzac. Il est plus serré, moins vigoureux, moins colossal. Il est de la famille de Daudet et de Dickens par son tempérament artistique ; il est de l'école de Flaubert et Maupassant pour ses procédés d'écrivain. En somme, il est le seul maître scandinave qui ait été presque uniquement préoccupé par la beauté matérielle de la forme qui ait à ce point l'horreur de la thèse dogmatique." (pages 25-26).

Viennent les contes, enfin, une sélection de cinq d'entre eux seulement, ce qui est bien dommage. Une édition complète devrait tourner autour de 200 pages, au lieu de la toute petite centaine que nous avons.

Commençons avec Hans de Sjøholm et le sorcier finnois. (Jo i Sjøholmene). 26 pages.
"A l'époque de nos aïeux, quand il n'y avait que de mauvais bateaux dans le Nordland et que les gens devaient acheter le bon vent au sorcier finnois qui le tirait de son sac, il n'était pas sûr de se risquer en pleine mer par les temps d'hiver. Jamais alors un pêcheur ne devenait bien vieux. Il n'y avait, pour ainsi dire, que les femmes et les enfants, aussi les estropiés et les contrefaits, qui fussent enterrés dans le sol." (page 29).
Nous suivons Hans de Sjøholm, un tout jeune gaillard qui, alors que des semaines et des semaines se passent sans que le poisson ne veuille mordre, incite ses compagnons à aller plus haut dans le nord.
Dès la page suivante, c'est la catastrophe : la tempête est là, et le bateau chavire.
"Ils étaient là tous, sans espoir de secours, accrochés à la quille parmi la rage de la mer, accablant de malédictions ce Hans de malheur qui les avait tentés et les avait menés à leur perte. Que deviendraient à présent leurs femmes et leurs enfants ?
Ils allaient mourir et plus personne ne pourrait veiller à leur subsistance.
L'obscurité se faisait ; leurs mains devenaient roides ; les vagues les emportèrent un par un.
" (page 30).
Hans survit, bien sûr. Et, comme le nom du conte l'indique, il rencontre un sorcier. À partir de là, les développements de l'histoire sont souvent inattendus (par contre, il y a un malheur qu'on voit arriver de loin).
Souvent déroutant, mais finalement pas mal du tout.

La ferme à l'Ouest dans les Montagnes Bleues. (Vest i Blaafjelder). 11 pages.
Il s'agit d'un conte de facture beaucoup plus classique.
Un fils de fermier, qui joue du tambour, doit participer aux manoeuvres annuelles à l'armée. Sur le chemin vers Moen, où doivent avoir lieu les manoeuvres, et après une bonne sieste réparatrice, il voit "une jolie et fine demoiselle, qui riait et se moquait de lui. Elle le regardait de dessous sa main, à cause du soleil, et ses manches étaient relevées. Quelques minutes après, une blouse bleu foncé apparut par-dessus le taillis.
Il était à sa poursuite.
" (page 58).
Bien sûr, il aurait mieux fait de s'abstenir !
Très lisible, mais trop classique.

Le poisson enchanté. (Huldrefrisken - Ad inferos). 4 pages.
Après avoir mangé une truite bien curieuse, notre héros, vit une étrange aventure rêvée : son petit bateau, tiré par un poisson qui lutte pour sa survie, s'enfonce dans un lac, passe par un trou tout au fond...
Toute petite nouvelle.

Le troll des mirages (Speiltroldet). 10 pages.
"Le troll des mirages se prélassait au loin sur la mer.
Et, sur le rivage où était le petit hameau de pêcheurs, les gens regardaient vers l'horizon, voyant là-bas, tout ensemble, ce qui pouvait bien exister et ce qui n'existait certainement pas.
Parfois, dans l'air, apparaissait l'image renversée d'une ville magnifique, aux maisons innombrables, et le port, en avant, semblait hérissé de mâts de navires. [...]
Les personnes avisées savaient que cela ne pouvait être qu'une illusion provoquée par le troll et qu'il leur fallait avant tout s'éloigner à force de rames et ne pas s'égarer.
Mais, au hameau, vivait un petit compagnon voilier qui abandonnait ses outils et ses ficelles dès qu'il entendait dire que la grande cité était visible, la tête en bas. Toujours, il accourait pour voir. [...] Et il se disait que c'était vraiment trop beau pour n'être qu'illusion et mensonge.
" (page 77).
Il va tâcher d'aller y voir de plus près... les conséquences en seront inattendues, pour lui, mais aussi pour tous les habitants du hameau.
Bonne nouvelle.

La grande aigle (Hunørnen). 4 pages.
"Là-bas, loin, très loin, là où les montagnes de Norvège se dessinent en bleu sur le ciel, où les pics, les pitons et les dents étincellent et brûlent avec d'étranges couleurs violettes, la grande aigle avait son aire dans l'anfractuosité d'un roc abrupt et sauvage. Des ravines revêtues de sapins, où des torrents bruissaient, y grimpaient comme des sillons de plus en plus étroits. [...]
Un matin, après une chasse de cent lieues au-dessus de landes rocheuses, l'aigle revenait vers son petit avec un renne nouveau-né dans les serres. Quand elle s'approcha de son nid, elle battit violemment des ailes : son cri sauvage retentit, multiplié par les échos des gorges montagneuses. Les fortes branches dont elle avait fait la base de son aire avaient été brisées. Le nid avait été pillé, dévasté ; et son aiglon qui déjà commençait à voler, son aiglon dont le bec et les serres s'aiguisaient sur une proie tous les jours plus grande, son aiglon avait été pris ! L'aigle s'éleva bien haut, si haut que l'écho de ses cris ne troubla plus l'immense solitude.
Tout à coup, deux chasseurs, qui débouchaient d'un bois, entendirent au-dessus de leur tête un bruissement et un sifflement. L'un d'eux portait sur son dos, dans un panier d'osier, un aiglon captif. Et pendant que les deux hommes poursuivaient la longue route qui descendait vers les fermes de la vallée, l'aigle, toujours planant, ne les quittait pas du regard.
" (pages 89-90).
Comment l'aigle pourra-t-elle tenter de reprendre son petit ?
Vraiment très bien.


Le titre du livre, "Trolls", amène le lecteur à penser que le recueil qu'il va lire sera centré autour de ces créatures... Du coup, nouvelle après nouvelle, on se dit que, enfin... mais non. Des Trolls, on n'en verra finalement qu'un seul, et encore. Parfois, un titre, avec une couverture, peuvent faire qu'on ne lit pas un livre dans le bon état d'esprit : les attentes sont trompées.

En-dehors de cela, ce recueil est très inégal : une première nouvelle déroutante (Hans de Sjøholm et le sorcier finnois), suivie de deux nouvelles pas très marquantes... On nous a présenté l'auteur comme l'un des quatre plus grands écrivains norvégiens du XIX° siècle, on a donc quelques attentes !
Heureusement, les deux nouvelles suivantes sont nettement meilleures, et même bonnes, la dernière nouvelle, finalement étant réaliste, et semblant presque ne pas appartenir au même registre que les précédentes, d'où une sensation d'hétéroclicité.
On aurait donc vraiment aimé pouvoir lire tous les contes, et pas une sélection, surtout dans laquelle se trouvent deux nouvelles mineures (même si elles ne sont pas désagréables). Et peut-être, dans le recueil complet, y a-t-il une progression dans les thèmes, un regroupement... ?

"Le meilleur est sans doute, pourtant, le dernier recueil de « contes » : Trold (1891-1892), d'abord pour ce qu'il faut bien appeler sa maîtrise de la psychologie des profondeurs et son art comme impressionniste de la description. Les tableaux de la grandiose nature du Nordland y alternent avec une esquisse très subtile des forces profondes qui nous mènent et que sous-tend un sens averti, précurseur à sa façon, des grands mythes dont se nourrit l'humanité. En somme, au terme d'une évolution dont aucune étape ne nous laisse indifférent, Jonas Lie s'attache à faire sentir, en se gardant bien de chercher à le percer, ce mystère essentiel que dit la nature autant que l'homme. Belle oeuvre, au total, qui ne mérite vraiment pas l'ignorance où nous la tenons." (Régis Boyer, Histoire des littérature scandinaves, Fayard, page 191)

 

 


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