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SAGAS
(Gottby, îles Åland, 26/06/2009)
- Saga de Hrolfr sans Terre. Traduite de l'islandais ancien par Régis Boyer. Anacharsis. 152 pages.
Régis Boyer, dans son introduction, nous dit : " [...]". Cette saga relève du genre lygisögur (sagas mensongères) : "" (pages 14-15).
Il y a deux rois dans l'histoire.
Le roi Hreggvir. "" (page 25). Il a une fille, Ingigerdr. C'est un peu l'héroïne de cette bien belle histoire.
Il y a un autre roi, Eirekr. " (page 28). A propos d'un de ces champions : "" (pages 29-30).
Très vite, entre les deux rois, c'est la guerre.
Ça se castagne sévèrement :"" (page 32).
Ah, les bastons ! des moments d'anthologie.
"." (page 112). En ayant acquis excellente réputation, cela va sans dire.
J'aime bien aussi : "" (page 119).
Mais il n'y a pas que des bastons. Trahisons, sortilèges, maléfices, voyages mystérieux, retournements de situations...
Tous les ingrédients sont réunis pour une histoire captivante !
18/05/2013 à Malmö, Suède, face au Danemark.
- Saga de Ragnarr aux Braies velues, suivie du Dit des fils de Ragnarr et du Chant de Kráka. Textes traduits du norrois et postface de Jean Renaud. Anacharsis. 142 pages.
L'introduction nous apprend que La Saga de Ragnarr aux Braies velues est mentionnée par Borges dans son Essai sur les anciennes littératures germaniques (1965), mais aussi que le personnage de Ragnarr "" (page 5)
Outre La Saga de Ragnarr aux Braies velues, se trouvent le Dit des fils de Ragnarr (fin du XIII° siècle), qui "", ainsi que le Chant de Kráka, un poème scaldique qui date probablement du XII° siècle qui "." (page 5)
1/ La Saga de Ragnarr (62 pages) commence bien, avec une histoire de fillette cachée dans une grande harpe...
La fillette, Aslaug, est la fille de Brynhildr (une note d'une bonne moitié de page explique le lien avec une autre saga,les exploits de Sigurðr, le dragon Fafnir, la Valkyrie, etc.), et Brynhildr était la fille adoptive de Heimir des Hlymdalir. Or, Brynhildr et son mari, Sigurðr, ont été tués... Heimir, sachant que les assassins sont à la recherche de leur fille, Aslaug, il cache cette dernière dans sa harpe et se met en route...
"" (page 12).
Il se passe des événements dont je ne parlerai pas. Et puis, changement de décor : un prince riche et célèbre a une fille qui, bien sûr, était "" (page 16).
Survient une incroyable histoire de serpent, un danger et, enfin, Ragnarr, notre héros, entre en scène : il réalise quelques exploits, déclame une jolie strophe, et s'en va tranquille, relax. Un vrai héros, quoi. On ne sait pas s'il avait la démarche d'Aldo Maccione sur la plage, mais ça ne devait pas être bien loin.
Bizarrement, les braies velues du titres n'ont quasiment aucune importance. C'est perturbant.
Encore plus bizarre, de très nombreuses pages de cette saga sont consacrées aux fils de Ragnarr.
Voici par exemple les fils de Ragnarr qui sont prêts à partir en expédition.
"" (page 36)
On peut même aller plus loin : le personnage le plus intéressant est un des fils de Ragnarr, Ivarr. "" (page 28).
Bien sûr, il ne peut pas combattre de façon classique. Mais il est très intelligent, et donc à même de régler son compte à des créatures fantastiques, comme la vache Sibilja dont les horribles meuglements mettent toutes les armées en déroute...
On a notre lot d'événements extraordinaires, de combats héroïques, de sacrifices... Et de torture :
"Qu" (page 64). Jean Renaud, après avoir expliqué dans une note ce que cela veut dire (voir l'article de Wikipedia), et contrairement à Wikipedia, écrit que ""). On trouve également cette méthode d'exécution dans L'Homme qui savait la langue des serpents (roman d'Andrus Kivirähk)
Une saga avec plein de bonnes choses, mais dont le titre semble ne pas vraiment correspondre au contenu.
Comparée à la Saga de Hrolfr sans Terre, on remarque qu'elle est plus décousue, comme une juxtaposition de faits chronologiques, historiques, alors que Hrolfr sans Terre ressemble plus à une oeuvre littéraire (d'imagination) construite, et donc plus attrayante pour le lecteur moderne.
Pourquoi cette bonne saga a-t-elle été plus connue que d'autres ? Mystère.
2/ Le Dit des Fils de Ragnarr. Après un rappel des exploits du père (un résumé de ce qui touche à Ragnarr dans la saga précédente), on se focalise officiellement sur les fils de Ragnarr. Là, pas de tromperie sur la marchandise : c'est bien des fils de Ragnarr qu'il s'agit, mais le tout (en gros : les mêmes événements) est raconté de manière plus sèche... logique, la saga ne fait que quinze pages.
3/ Le Chant de Kráka. 14 pages et 110 notes, sans lesquelles il faut bien le dire, le lecteur de base (moi, et beaucoup d'autres) ne comprend rien.
Prenons la strophe 7 :
"."
Les chiens de charogne, ce sont les épées. Les lancettes de la discorde, ce sont aussi des épées ; le plat-bord, c'est un bouclier ; la sueur en question, c'est le sang (et je passe deux autres notes).
La traduction peut-elle vraiment rendre un ce type de poésie, ultra-codé ? ("pluie des boucliers" = bataille, "secoueur de heaume" = guerrier ; "anguille de la bruyère" = le serpent ; "plaine des macareux" = la mer...).
Mais une poésie peut-elle vraiment être traduite dans une autre langue ?
On pourra lire, sur le très bon site anglophone The Literary Saloon : Goethe in translation, qui parle du problème de la traduction en anglais des poèmes de Goethe : "." ; mais il ne s'agit bien sûr pas que de la traduction de l'allemand vers l'anglais : The Rime of the Ancient Marriner, de Coleridge, ne donne pas grand-chose en français - le rythme de "I pass, like night, from land to land / I have strange power of speech" et des vers qui suivent est perdu ; pareil pour Verlaine traduit en anglais...
Et donc, pire encore (car la culture est tellement différente), que reste-t-il, pour nous francophones de la première moitié du XXI° siècle, de textes aussi codés que les poèmes scaldiques en norrois du XII ° siècle ? Les quelques pages nous en donne une vague idée, nous font deviner obscurément ce continent qui nous restera inaccessible. C'est donc intéressant.
Finalement, une postface érudite de 29 pages étudie les origines historiques de la légende de Ragnarr et de ses fils. Et on finit par 5 pages de bibliographie.
On pourra trouver un réel plaisir à lire la Saga de Ragnarr aux braies velues : bruit, fureur, complots, un peu de fantastique, garçon sans os mais non sans cervelle...
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