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Andrus Kivirähk
(Tallinn, Estonie, 17/08/1970- )
"" (Wikipedia).
- L'Homme qui savait la langue des serpents (Mees, kes teadis ussisõnu, 2007). Traduit de l'estonien et postfacé en 2013 par Jean-Pierre Minaudier. 428 pages. Editions Attila.
On commence par une note du traducteur : ""
Le roman se situe à cette époque charnière. Il est déjà trop tard pour le mode de vie mythique du peuple de la forêt :
" [...]" (page 5).
La langue des serpents permet bien sûr de communiquer avec les serpents, mais aussi de donner des ordres aux autres animaux, qui ne peuvent s'y soustraire. Vous avez faim ? Vous sifflez les mots qu'il faut, un chevreuil arrive, et le repas est prêt !
Le livre retrace la vie de notre héros, son apprentissage de la langue des serpents auprès de son oncle. Et l'on découvre tout un monde incroyable.
"" (page 65).
Drôles de personnages pour qui les habitants de la forêt, à part eux, sont déjà bien loin sur le chemin de l'évolution. Eux sont les tenants d'une vraie ancestralité, pour ainsi dire.
Ces sortes de fossiles vivants n'ont donc pas d'enfants. Tôt ou tard, ce sera la fin...
On apprend à connaître les fameux serpents (très bon passage d'hibernation)... on sait maintenant que les mamans serpents "" (page 58).
Et les ours drageurs ! Les tombeurs de ces dames !
"" (pages 67-68)
Pourtant, de plus en plus de familles quittent la forêt pour vivre dans les villages pour profiter des bienfaits de la Civilisation : le pain, le vin, le Christianisme. Ils en arrivent à nier qu'une langue des serpents puissent exister : il ne peut s'agir que de l'oeuvre du démon. Ceux qui habitent dans le village n'ont pas l'air très finauds, ils suivent la mode : ce qui est bon pour le monde entier est forcément bon pour les Estoniens ! Ce qui vient de l'étranger est toujours si extraordinaire ! Ils ont donc perdu la mémoire et la capacité de raisonnement.
Il n'y a plus assez de gens qui maîtrisent la langue des serpents pour invoquer, en faisant masse, la Salamandre, gigantesque créature volante qui, à elle seule, pouvait massacrer les envahisseurs... Cette Salamandre doit dormir quelque part... mais où ? Est-il déjà trop tard ? Oui, bien sûr. Mais faut-il accepter l'inévitable sans lutter ? Contempler tranquillement le coucher du soleil, ou bien tenter un dernier feu d'artifice ?
Le roman est donc franchement crépusculaire : c'est la fin d'une civilisation, et celle qui suit n'a pas l'air bien joyeuse.
L'intolérance est bien répartie entre les habitants du village et certains qui, restés dans la forêt, sont des tenants fanatiques de la tradition (ou plutôt d'une conception déformée qu'ils se font de la tradition).
Les amateurs de massacres ne seront pas déçus. De plus, si l'on n'a pas déjà lu Le Dit des fils de Ragnarr (notamment), on pourra découvrir une charmante méthode d'exécution : l'Aigle de sang (dont la réalité historique est apparemment contestée, voir l'article de Wikipedia).
L'homme qui savait la langue des serpents est un roman historico-fantastique crépusculaire vraiment très intéressant, très original, avec des passages parfois scotchants, même si le dernier quart est quand même moins bon, avec des événements trop synchronisés, qui s'emboîtent trop bien ("faut pas pousser !"). Kivirähk en fait alors un peu trop.
La postface permet de mieux comprendre le contexte contemporain, car l'histoire a bien sûr des échos contemporains, ce que l'on devine (on n'est pas ici dans une histoire d'anneau qu'il faut trouver pour sauver le monde) sans forcément tout comprendre.
"" (Jean-Pierre Minaudier, postface pages 424-425)
Couverture : vision d'un kratt par Denis Dubois. A droite : couverture de l'édition estonienne.
- Les Groseilles de novembre. Chronique de quelques détraquements dans la contrée des kratts. (Rehepapp ehk November, 2000). Traduit de l'estonien par Antoine Chalvin en 2014. 266 pages. Le Tripode Editions.
"", dit le rabat du livre, qui n'a pas tort.
L'histoire se déroule dans un village estonien, à une époque indéterminée, moyenâgeuse, durant tout le mois de novembre. Les journées sont très courtes, le temps est au gris, il neige souvent.
Dans le village, tout le monde embobine, trompe, dupe tout le monde, et au premier chef le baron allemand qui réside au manoir.
En effet, chacun cherche à survivre et, pour survivre, il faut se procurer de quoi manger. Pour cela, c'est simple : il suffit de voler. Et il n'est même pas besoin de le faire soi-même, il suffit de demander à son kratt.
Mais qu'est-ce qu'un kratt ? Une note du traducteur nous l'apprend, page 12 : "". Assembler de vieux objets, c'est facile... Mais comment transformer l'ensemble en kratt ? C'est très simple : il suffit d'aller trouver le Vieux-Païen (le Diable) dans la forêt. Il sera ravi d'insuffler une âme dans le kratt pour pas cher : un pacte, une petite signature avec son sang... il faut à chaque fois faire preuve d'intelligence pour espérer échapper à la damnation... Heureusement, le Vieux-Païen est un peu comme le baron allemand : pas très intelligent.
" [...] (page 15).
La forêt est pleine de créatures étranges. Il faut savoir ce qu'il faut faire pour leur échapper. Mais le danger peut aussi venir frapper à la porte des gens...
Les maladies rôdent. Elles sont futées. La pire de toutes, c'est la peste. Un certain Villu, d'un village voisin, vient prévenir un des personnages principaux de l'histoire, le granger :
"" (page 129-130).
Comment échapper à la peste, qui risque d'arriver à tout instant ? Il va falloir jouer serré.
Duperies, tromperies en tout genre, magie, créatures infernales et originales... Un très bon roman qui déborde d'imagination.
La version cinématographique est apparemment prévue, mais actuellement à l'arrêt, s'il faut en croire la notice de Wikipedia.
Le Papillon, premier roman de l'auteur, sort en janvier 2017.
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