Littérature Nordique
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| Frans Emil Sillanpää En 1958.
"Frans Emil Sillanpää est un écrivain finlandais, romancier et nouvelliste, adepte du néo-réalisme psychologique. Son principal roman, Sainte Misère (1919), évoque la Guerre civile finlandaise. F-E Sillanpää est le fils de petits fermiers de l'ouest de la Finlande. Après avoir accompli sa scolarité au lycée de Tampere, il commence des études de biologie à l'Université d'Helsinki en 1908, études qu'il abandonnera en 1913 pour rédiger des articles dans le journal Uusi suometar. "Si la deuxième guerre mondiale a surtout coûté la vie à des millions d'être humains, le revolver de Hitler n'en a pas moins porté un coup sévère à la production artistique de son époque et à sa réception.
"Aucun des ouvrages de Sillanpää ne connut un succès aussi immédiat et quasi triomphal que Nuorena nukkunut, qu'on pourrait traduire par « Si jeune et déjà assoupie » et que nous publions sous le titre de Une brève destinée. Comme dans tout livre finlandais qui se respecte, il y a quelques descriptions de la nature bienvenues : "Doucement, sans faire grincer la porte, Silja sortait dans la cour où s'attardait le crépuscule printanier. Les touffes fleuries des merisiers sur les rives lointaines et le long des chemins semblaient suspendues dans l'air. Le chant des oiseaux se taisait peu à peu dans le voisinage des maisons ; mais au coeur des forêts éloignées, quelques chanteurs puissants exprimaient par leur longue, longue mélopée le charme profond de la nuit d'été nordique qui les avait attirés d'au-delà les mers et les terres." (page 87). On trouve des lacs, bien sûr. "Le miroir de l'eau reflète en profondeur tout ce qui s'élève vers la hauteur. Les perceptions des sens semblent assurer Silja de leur bonté, en lui murmurant : s'il te manque quelque chose, nous ne pouvons que bercer ta langueur et tes désirs." (page 88). Le passage progressif à la nuit, dans le calme de la nature, est très bien rendu. L'auteur n'hésite pas à utiliser quelques bonnes grosses ficelles légèrement emphatiques : "Pour la première fois, le regard de la jeune fille brilla dans cette maison, où, plus tard, devaient lui arriver des aventures superbes et capitales." (page 140). C'est la guerre civile. Les Blancs contre les Rouges. C'est sans doute cette partie qui est la plus intéressante. Diego Marani, dans son roman Nouvelle Grammaire finnoise, écrivait : "Finlandais rouges et blancs se sont massacrés et exterminés à tel point que le pays resta vide pendant des décennies. Aujourd'hui encore, on ne parle pas de ces années-là." Je ne sais pas si c'est exagéré ou non, mais comment peut-on dire qu'on n'en parle pas quand le seul prix Nobel de Littérature finlandais y consacre de nombreuses pages dans un de ses romans ? La guerre civile, donc. Elle sert toujours de révélateur : les rancoeurs qui ressortent, les réglements de comptes... les vrais caractères s'affirment, le courage comme la lâcheté, et on regarde ça d'autant plus effrayé que, nous mêmes, nous n'avons pas la moindre idée de ce qu'aurait été notre comportement. On espère le meilleur, on craint le pire. Mais il y a encore de jolis passages, par exemple celui du soleil qui semble tout voir, éclairant un monde très beau, mais où quand "une petite bestiole s'envolait joyeusement dans la mer rayonnante, une hirondelle accourait allègre pour la gober" (page 226). Les points forts du livre, c'est la guerre civile ainsi que les descriptions de la nature, et de nombreux passages, finalement. Un timbre à l'effigie de Sillanpää a été édité en Finlande :
Et voici le Chant de marche de Sillanpää (Sillanpään marssilaulu), poème de 1939, musique de 1940.
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