Littérature Anglo-saxonne
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Samia Serageldin est née au Caire dans les années 50. Elle a fait des études de politique à l'Université de Londres. - La Maison du Caire
(The Cairo House, 2004). Traduit de l'anglais en 2006 par Rose-Marie Makino-Fayolle, Rivages, 315 pages. Gihan, que tout le monde appelle Gigi, est une femme qui revient en Egypte après de nombreuses années passées aux Etats-Unis. Elle veut y retrouver son fils, resté au pays. Au début du roman, alors qu'elle est encore dans l'avion, Gihan parle avec des Américains, elle agit en Américaine. Mais dès qu'elle atterrit en Egypte, elle s'adapte : Les mécanismes du caméléon se mettent en place... La Maison du Caire, c'est la maison familiale dans laquelle réside le Pacha, qui est le chef du clan et le plus vieil oncle de la narratrice. C'est une famille importante, qui pèse politiquement. Faire partie de cette famille peut être un privilège, mais aussi une source de désagréments. Les souvenirs constituent les deux premiers tiers du roman et commencent par un sacrifice du mouton qui ne se déroule pas comme il l'aurait fallu, à cause de la petite Gihan. Cet événement annonce des problèmes... et c'est la réforme agraire de 1961. "Nasser faisait son discours, une de ses harangues de trois heures régulièrement diffusées à la radio et à la télévision. La voix hypnotique et familière s'élevait et retombait, faisant écho, à travers les fenêtres ouvertes, aux radios marchant à fond dans les rues." (page 27). Tout change... l'éducation aussi : "Le nouveau cours de socialisme arabe semblait se focaliser sur l'identification des « ennemis du peuple », et le professeur éprouvait une satisfaction évidente à l'enseigner. Il nous enfonçait dans la tête les noms du triumvirat du Malin : « Impérialisme, féodalisme et capitalisme. » Chaque fois qu'il répétait les mots « propriétaires terriens », ou « capitalistes », il regardait dans notre direction, à Aleya Bindari, qui était assise un rang derrière moi, et à moi." (page 33). La situation matérielle se dégrade, les avoirs sont confisqués. Avant Gigi, son avait fait un mariage arrangé : "On admit de mauvaise grâce que le choix de Shamel était parfaitement approprié de bien des façons, et que sa fiancée avait la meilleure des réputations, c'est-à-dire aucune" (page 52). Coup d'état, assassinat... la situation de la famille dépend étroitement de la situation politique. Puis vient Sadate, les Soviétiques sont jetés dehors et les Américains gagnent en influence... Les choses changent... un peu. De son côté, Gigi se marie, mais ce n'est pas une réussite. Il y a quelques passages amusants dans le roman, par exemple : Gigi n'est pas la seule exilée... il y a aussi les exilés de l'intérieur : Lorsque l'exil dure trop longtemps, on a du mal à trouver sa place : les souvenirs emmènent vers un ailleurs, et lorsque l'on y retourne, c'est pour s'apercevoir que le temps a passé, emportant irrémédiablement ce que l'on a connu, pour laisser quelque chose de différent à sa place. La société évolue sans nous.
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