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Ogawa Ito
(1973 - )
"" (Philippe Picquier)
La couverture japonaise du Restaurant de l'Amour retrouvé ; la française, l'espagnole, l'anglophone, l'italienne (photo extraite du film, visiblement)... et puis, pour l'anecdote, la couverture d'un autre livre d'Ogawa Ito (La cena degli addii - un recueil de sept histoires qui parlent de perte... et de nourriture) qui repompe étrangement la couverture anglaise, même s'il ne s'agit pas du même livre (voir http://www.dariopigato.com/la-cena-degli-addii.html )
- Le Restaurant de l'Amour Retrouvé (Shokudo Katatsumuri, 食堂かたつむり ; 2008). Roman traduit par Myriam Dartois-Ako. Editions Philippe-Picquier. 243 pages.
Disons-le tout de suite : le titre fait peur (est-on chez un Marc Lévy nippon, un autre Katayama Kyoichi ou Ichikawa Takuji ?). Il n'est pas spécifique à la France, le monde entier y a droit ("The Restaurant of Love Regained", "El Restaurante del amor recuperado", "Il ristorante dell'amore ritrovato"...). Une directive, sans doute... Et un titre qui se veut plus vendeur que Le Restaurant de l'Escargot (titre traduit par Google Translate, et qui doit être le bon - il faudrait bien que je me décide à prendre des cours de japonais un jour...).
Heureusement, le contenu vaut bien mieux que le titre ne le laisse supposer.
On trouvera des photos du film, réalisé par Mai Tominaga, ci-après.
Le roman commence ainsi :
"" (page 7)
Il n'y a plus rien !
Rinco a vingt-cinq ans. Son petit ami indien vient de la plaquer.
Que s'est-il passé ? On n'en sait rien (mais dans le film, c'est dit : le petit ami est un voleur). Toujours est-il que Rinco se retrouve sans rien. Economies parties et, presque pire : ses chers ustensiles de cuisine ont disparu.
""
(page 9).
Elle part en car, avec ce qui lui reste d'argent (c'est-à-dire bien peu), vers son village natal, où elle n'était pas revenue depuis des années. Entre elle et sa mère, les relations ne sont pas terribles.
Rinco achète aussi quelques fiches sur lesquelles elle écrit les mots dont elle a besoin dans la vie de tous les jours.
Mais pourquoi donc ?
Eh bien, "" (pages 19-20).
Rinco arrive dans son village natal, qui vit vaguement du tourisme (il y a un site fameux de saut à l'élastique).
"" (page 25)
Sa mère, qui a la réputation de multiplier les relations avec des hommes, tient un bar. Elle a un cochon, Hermès, "" (page 55).
"" (page 56).
L'album-photo de la mère avec son gentil cochon
Il y a quelques excentricités dans le livre (ce sont en quelque sorte les épices destinées à contrebalancer les bons sentiments) : le cochon, donc, mais aussi Papy hibou, un hibou qui, quasi miraculeusement, fait retentir ses hululements à minuit pile.
Rinco ne connaît pas son père : un homme marié, paraît-il...
La mère de Rinco veut bien héberger sa fille, mais il faudra qu'elle s'occupe du cochon, Hermès...
Rinco nourrit le cochon. Dans le film, il se trouve fréquemment chez la mère, pour dormir et manger, ce qui n'est pas le cas dans le livre ("", page 32)
... et aussi qu'elle paye un loyer.
Mais comment gagner de l'argent dans le petit village ? Rinco va décider d'ouvrir un restaurant !
"" (page 59).
Pour cela, Rinco ne va pas faire un bête menu. Il sera personnalisé, réfléchi en fonction du client, de ses aspirations.
"" (page 89).
Ah, les bonnes recettes de grand-mère !
Elle peut aussi mettre au point un incroyable repas végétarien, avec des carottes frites, un steak de radis blanc... Elle porte une grande attention au goût, mais aussi à la présentation, à l'accompagnement... Et, à chaque fois, il y a une raison à ses choix. Elle veut rendre les gens heureux.
Alors, bien sûr, on a droit au classique apprécions les petites choses de la vie avec si possible en fond la musique de la pub Herta : "" (page 70) ; tout le monde est gentil, on tire un peu vers le "feel-good book", et vers la fin c'est un peu poussé ; il y a des séquences "émotion", mais le livre n'est jamais cruche, il est plutôt pas mal écrit et donne souvent faim. Il a d'ailleurs obtenu le Premio Bancarella della Cucina 2011 en Italie, et le Prix Eugénie Brazier 2013 en France.
Vraiment pas mal du tout, donc.
On pourra en lire une soixantaine de pages sur : http://www.editions-picquier.fr/catalogue/fiche.donut?id=886&cid=
Le film de Mai Tominaga (2009) est globalement fidèle, mais tient plus du téléfilm que du "vrai" film et ne fonctionne pas bien : il est excessif, pas subtil, pas toujours bien joué, mais le plus gros problème, c'est que là où le livre donnait faim, excitait l'imagination et les papilles, la nourriture est filmée de façon plate, terne. On est à des années-lumière du modèle du genre, Le Festin de Babette (Gabriel Axel, 1987).
Le film est donc, comme souvent, inférieur au livre. Très inférieur.
Bande-annonce :
A droite, la couverture japonaise.
Le Ruban (Ribon ; リボン; 2013). Roman traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako. Editions Philippe Picquier. 283 pages.
" [...]" (page 5).
Sumire est une grand-mère originale, une ancienne chanteuse qui reçoit toutes sortes de choses de la part de ses fans (provisions...). Elle s'exprime d'une façon toujours très polie, et s'habille
bien, en fonction des circonstances. Elle s'entend très bien avec sa petite-fille, Hibari (Alouette). Les autres membres de la famille sont quasiment inexistants, réduits à l'état d'esquisse. On sait qu'ils sont là, on les entend appeler quand c'est l'heure d'aller à table, mais guère plus : ils restent à l'arrière-plan. On sent que Hibari n'apprécie pas trop son père. Pourquoi ? On n'en sait rien.
Un jour, Sumire recueille des oeufs :
"" (page 15).
Sumire, aidée de sa petite-fille, va couver les oeufs d'une étrange façon. Bientôt, voici ce qui va en sortir :
Calopsitte mutation lutino (voir Wikipedia)
Le début n'est pas mauvais, peut-être tout de même un petit peu trop long.
Après, grâce à une petite astuce de scénario, le roman se transforme en recueil de nouvelles avec pour fil rouge - ou plutôt pour ruban - la perruche calopsitte, sorte de Symbole de la Consolation et de l'Espérance.
C'est souvent plutôt pas mal : qu'est-il arrivé à l'oiseau entre deux nouvelles ? le lecteur ne peut pas le savoir, mais des indices permettent parfois de s'en faire une vague idée. Toutefois, la louche à émotions est généralement assez pleine et manque déborder à plusieurs reprises, et la volonté d'originalité est parfois forcée (le deuxième métier de l'homme qui travaille dans la Maison aux Oiseaux).
Et les soixante dernières pages sont vraiment beaucoup trop longues, franchement pas très réussies, et cousues de fil blanc.
Il y a quelques passages amusants, par exemple le perroquet qui chante le générique de la série Mito Kômon (page 95).
Impression finalement assez moyenne ; ce roman est moins bon que le précédent de l'auteur, le Restaurant de l'Amour retrouvé, les séquences émotion sont trop appuyées, c'est dommage.
A un moment, on a une histoire dans laquelle une mère a un fils anormal : "" (page 215).
Là, le lecteur se dit : quand même... un roman de Ogawa avec des oiseaux et un enfant qui s'exprime dans un langage original... ça rappelle furieusement Petits Oiseaux, de Ogawa Yôko, écrit l'année précédente. Hasard ? Clin d'oeil ? Peut-être : la comparaison entre les deux livres ne va pas beaucoup plus loin.
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