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Clifford D. Simak
(Millville, Wisconsin, 03/08/1904 - Minneapolis, Minnesota, 25/04/1988 )
"" (Plus de détails sur : Wikipedia)
Il est notamment l'auteur de Coraline, adapté au cinéma par Henry Selick (le réalisateur de L'Etrange Noël de monsieur Jack, James et la pêche géante...), Stardust (également adapté au cinéma) et de American Gods, qui devrait bientôt être adapté en série télé.
- Demain les chiens (City, 1952). Traduit de l'anglais en 1953 par Jean Rosenthal. 311 pages. J'ai Lu.
Le livre commence par une "Note de l'Editeur".
"" (page 5).
Le livre est constitué de huit "contes" qui, un peu comme l'excellent Des milliards de tapis de cheveux (d'Andreas Eschenbach), forment finalement un roman.
Chaque conte est précédé d'une présentation, rédigée par un exégète Chien, qui s'interroge sur la véracité de l'histoire qui va être contée, sur son caractère symbolique, et sa signification.
L'Homme a disparu, on le voit. Mais comment ? Que s'est-il passé ? Quand même pas encore une bête apocalypse, un conflit extra-terrestre ?
Le lecteur va découvrir le destin de l'humanité, depuis 1986 (le futur proche pour l'époque), pendant plusieurs milliers d'années, jusqu'à...
Le début est très classique, Clifford D. Simak nous présente un monde futuriste maintenant daté. On a le grand-père qui se refuse à laisser sa vieille voiture crachotante pour utiliser l'hélicoptère personnel, comme tout le monde. Il regrette les gentilles banlieues d'autrefois.
Depuis que l'énergie est illimitée, et grâce aux moyens de locomotions aériens rapides, les villes ont éclaté : chacun habite désormais un coin tranquille à la campagne.
De plus, la culture de la terre a laissé place au "" (page 20). Il n'y a plus de problèmes d'alimentation.
C'est une des originalités de l'oeuvre. Généralement, on nous présente des villes tentaculaires, surpeuplées. Pas ici.
La première histoire est, malgré tout, assez moyenne, les personnages sont parfois grossièrement dessinés, les motivations un peu simplistes.
La deuxième histoire est déjà meilleure. On se rend compte qu'on va assister aux moments importants de l'histoire de l'humanité, qui mettra en scène à chaque fois un membre d'une famille, les Webster.
Ce procédé donne au lecteur une impression de continuité, de familiarité au-delà du passage des années. Un peu de nostalgie, aussi.
L'homme est débarrassé de nombreux problèmes ; il va sur Mars. La robotique se développe. On tente de nouvelles façons de penser, de vivre ensemble.
Un des descendants Webster
veut faire une expérience. Ecoutons-le en parler :
"" (page 97).
Il ne cherche pas encore une alternative au développement de l'Homme, une autre voie, mais un point de vue différent, qui pourrait enrichir sa façon de penser et de voir le monde. L'Homme, grâce à ses mains, envisage son évolution sous forme d'une développement technologique.
Puis vient le quatrième conte.
"" (page 129).
L'Homme colonise d'autres planètes, grâce à divers procédés (on ne va pas tout raconter). Il tente de coloniser Jupiter, ce qui est bien sûr très compliqué du fait de la gravité, de la pression, et des gaz toxiques... Jupiter est totalement hostile à l'homme.
C'est une très bonne histoire, finalement la plus importante du livre.
Le livre aborde des questions essentielles.
Le bien individuel immédiat doit-il primer sur l'avenir de l'humanité ? Le confort empêche-t-il d'avancer ? Mais à quoi sert-il d'avancer, finalement ? (on a un thème un peu équivalent dans La Fin de l'Eternité
d'Asimov). Une civilisation de loisirs sert-elle à quelque chose ? (on pense un moment à certains passages du Cycle de la Culture de Ian Banks, ceux qui abordent la civilisation de loisirs décadente, mais ici la décadence reste très soft). Quelle est alors la raison de vivre ? Quel but a l'existence ?
Où doit aller l'Homme ? Quelles limites doit-il repousser ? Quelles sont les choix de société qui s'offrent à lui ?
Peut-on durablement s'améliorer et supprimer toute guerre, tout conflit ? Est-ce souhaitable ? Peut-on risquer de tout perdre pour se conformer à son idéal ?
La paix, l'absence de conflits, le confort, tout ça, n'est-ce pas totalement ennuyeux, finalement ?
Le livre a un petit côté suranné : on a des rouages, des manettes, et les gens, des milliers d'années dans le futur, se trimballent toujours des liasses de papier. C'est amusant de voir que ce qui n'a vraiment pas été anticipé par Simak, c'est tout ce qui touche à la dématérialisation (du papier, de l'information). Mais ça n'est pas gênant du tout.
Demain, les Chiens est parfois poétique ; il aborde un grand nombre de vraies questions, de façon intelligente, à travers une histoire intéressante et parfois vertigineuse.
C'est donc un excellent livre, tellement supérieur à nombre de romans de SF récents couverts de prix (American Gods, par exemple), qui ne sont que du divertissement. Ici, on a un vrai questionnement (sans vouloir tomber dans le "c'était mieux avant", bien sûr !).
- Au Carrefour des Etoiles (Way Station, 1963). Traduit de l'américain par Michel Deutsch. 223 pages. J'ai Lu.
Au tout début du roman, c'est la Guerre de Sécession. Des soldats s'affrontent, puis c'est le silence, les morts sont si nombreux...
Parmi les survivants, il y a un homme : Enoch Wallace. Le héros de notre histoire.
Et ce même homme est toujours frais et bien portant, un siècle plus tard. Ça intrigue, bien sûr. Ses voisins ne posent pas de questions : on est dans l'Amérique profonde, chacun fait et vit comme bon lui semble tant qu"il n'embête pas ses voisins. Et ça tombe bien : Enoch est très discret. Il sort à heure fixe pour faire une balade, avec son fusil sous le bras, et c'est à peu près tout. Il ne reçoit jamais de courrier, à part des tonnes de journaux (qui parlent de la situation internationale très tendue : une guerre nucléaire se profile à l'horizon) et de revues...
Mais les services secrets ont eu vent de l'affaire, et ils y portent une attention soutenue bien que discrète. Mais ils sont aussi intrigués par une pierre tombale bien curieuse.
Il vit dans une vieille maison (voir la couverture du livre). Lewis, un agent des services secrets, s'en approche, en l'absence de son propriétaire:
"" (pages 21-22).
Etonnant, non ?
Contrairement à Demain, les Chiens, ce n'est plus le destin de l'Homme, mais sa place dans la Galaxie qui se joue.
Mais on retrouve dans ce roman des thèmes similaires : la façon dont des races très différentes peuvent vivre ensemble, qu'est-ce qui peut rassembler au-delà des différences de formes, de logique... Peut-il y avoir une compréhension mutuelle, de la tolérance, une fraternité ?
Toujours comme dans Demain, les Chiens, on voit que l'évolution de la science humaine part dans une certaine direction, en omettant la compréhension des forces "surnaturelles". (page 87) ; on a également le thème (ici mineur) de la transformation qui peut être nécessaire pour coloniser (ici, ce sont des Andromédiens qui changent de forme pour coloniser les planètes les plus exotiques, page 83) ; ou encore, de façon également anecdotique, mais qui contribue à donner un air de famille, l'importance d'une maison, de la nature...
Il y a de jolis passages. Ainsi, à un moment, Enoch manipule un "" (page 96)
Joli, non ?
Mais que fait donc Enoch dans cette maison ? (indice : c'est écrit sur la quatrième de couverture).
Un vrai bon roman (qui a reçu le Prix Hugo en 1964), avec pas mal d'originalités, mais un peu moins bon que Demain les Chiens. En comparaison, c'est plus de la SF de "chambre".
On peut lui reprocher quelques ficelles romanesques, dans la deuxième moitié : des événements surviennent tous en même temps, de telle sorte qu'il y ait du suspens, il y a quelques hasards...
A noter qu'il est très étonnant de voir un élément ressemblant (à un détail près, certes essentiel) à ce que l'on trouve dans un certain livre de Christopher Priest... Dire quoi serait déflorer l'intérêt du livre en question de Priest. Simak aurait pu en explorer les dimensions métaphysiques (comme Priest l'a fait), mais il n'a curieusement pas insisté dessus... ça n'était vraisemblablement pas le sujet qu'il voulait traiter. N'empêche que c'est troublant.
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