Littérature Japonaise
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Un livre totalement surréaliste. Ça passe ou ça casse. Ou encore : parfois ça passe, parfois ça casse.
- La Centrale en chaleur (Koi suru genpatsu, 恋する原発, 2011). Traduit par Sylvain Cardonnel. Books Editions. 253 pages.
Plusieurs citations ouvrent ce livre. Parmi elles : "« Ce livre dépasse les limites de l'impudence ! J'exige la condamnation de l'auteur. » Un internaute." Le narrateur commence par visionner un film. Au début, c'est une parodie obscène du début de 2001, l'Odyssée de l'Espace, la scène avec le monolithe (ou son sosie) et les singes autour. "Avis à tous les Singes :
Il s'agit juste d'un avis. Nous Le message proprement dit commence ici sommes puissamment solidaires Oh ! Oh ! Pas mal ! Tout sosie de monolithe sois-tu, tu n'y vas pas par quatre chemins ! Hautement plus intellocorrect que le monolithe de Kubrick, enfin, je veux dire beaucoup moins monothéiste. Moins autocentré. Plus contributif socialement. Pas mal ! Pas mal du tout ! Et modeste avec ça !" (page 19)
"Fuck ! Le tsunami All We Need is Masturbation ! Ça craint sérieux. Je... Je... je suis gravement ému. Je... Moi... Les larmes aux yeux... Solidarité, lutte, chanson à texte, cela n'a pourtant rien à voir ! Que se passe-t-il ? Qu'ai-je ?! Moi... Il s'est passé tant de choses, je flanche." (page 23). Mais ça n'est pas tout ça de vouloir faire un chouette film porno : il faut commencer par trouver un scénario. Ben oui. Et surtout pas un truc trop compliqué, du genre "Ichiyô Higuchi VS Oussama Ben Laden" (page 41). Surtout pas de références à Sôseki ou à Tayama Katai ! Ces trucs-là font des flops ! "Font pas dresser les queues, tes films ! Tes films ne font pas bander ! Ça fait combien d'années qu'tu fais le metteur en scène dans le porno ? Parce que nous, on ne donne pas dans l'artistique ! Tu bandes : tu raques. [...] Dis, depuis quand tu t'es mis à faire le rabatteur pour les Presses universitaires ?" (pages 43). Bon. Ce coup-ci, il faut mener le projet à son terme et disposer d'un vrai scénario.
La lecture, de toute manière, ne sert qu'à "retenir par coeur les opinions d'autrui" (page 145). Alors...
Tout fiche le camp, décidément... Nous vivons une époque bien difficile. À tel point que certains réalisateurs envisagent une reconversion.
Vers les trois quarts du livre, on trouve une "étude littéraire du désastre" qui parle de Susan Sontag, d'un texte de Kawakami Hiromi, de Nausicaä (le film de Miyazaki, dont on nous dit que "la version intégrale dure huit heures (si bien que personne ne l'a vue)", page 197 - cela me semble faux ; je crois que si personne ne l'a vue, cette version, c'est parce qu'elle n'a jamais vu le jour). Il s'agit, dit la quatrième de couverture, d'"une tentative courageuse de réinventer le rire, intervenue précisément à un moment - la célébration du premier anniversaire du séisme - où la communion dans le recueillement était de rigueur dans l'archipel." C'est un roman foutraque, qui confine souvent au n'importe quoi (un directeur artistique sans doute extraterrestre fait disparaître KFC de la surface de la planète ; des sosies - ou pas ? - de tous les puissants de la planète, y compris un certain leader Nord-Coréen, participent à une copulation à grande échelle), parfois très marrant (à condition d'aimer l'humour bien gras), parfois très lourd.
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