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Xavier Plathey... c'est moi !

 


Lire un bon livre, oui, mais quoi ? Echappons aux sempiternelles mêmes têtes de gondole.
Voici quelques suggestions.

 

feininger
Andreas Feininger, Fourth Avenue book store, circa 1940s.



I. Commençons par des livres peu ou pas assez connus en France.

Allemagne:
Theodor Fontane : Madame Effi Briest (1892). Une mère volontaire, qui veut diriger la vie de son petit monde, y compris un de ses fils (un mollasson), et lui choisir son épouse... une jeune fille intelligente mais pas riche qui se dit que l'argent, ça peut quand même avoir du bon... Des dialogues vifs, beaucoup d'humour et de légèreté... on croirait presque que ce livre n'est pas allemand ! Critique à lire ici.

 

Autriche :
Adalbert Stifter : L'Homme sans postérité (1851). Des gens bons, intelligents et souvent cultivés parlent de choses élevées. En gros. J'aurais pu vanter les mérites de l'Arrière-saison, un pavé, mais mieux vaut commencer par l'Homme sans postérité, qui ne fait que 150 pages. Il produit un ennui sans nom sur certains lecteurs, tandis que d'autres le trouvent beau, délicat, profond. Stifter est un auteur très peu connu en France.
On pourra lire la critique ici.

 

Marlen Haushofer : Le Mur invisible (1963). La narratrice de ce roman est seule, coincée derrière un grand mur invisible, dans une forêt. Derrière, il semble que l'Humanité soit morte, comme figée. Elle repense au passé, elle tente de survivre. Ca pourrait être de la SF (le style en plus). C'est très prenant, avec presque rien. On pourra lire la critique ici.


Empire austro-hongrois :
Leo Perutz : Le Cavalier Suédois (1936).
On est au XVIII° siècle. Rencontres étranges, voleurs, pactes, destinée tragique, la frontière entre le fantastique et la réalité est fluctuante. Une histoire remarquable, ultra accrocheuse, une fin remarquable. On pourra lire la critique ici.


Etats-Unis :
Peter Cameron : Un jour cette douleur te servira (2007). Il y a un peu de l'Attrape-Coeur dans ce roman. Un jeune de dix-huit ans ne sait pas très bien quoi faire de sa vie, il a du mal à gérer ses relations avec les autres, la vie, la médiocrité.
On pourra lire la critique ici.


Espagne :
Ramon J. Sender : Requiem pour un Paysan espagnol (1953). Un curé se souvient de la vie de Paco, de son baptême jusqu'à sa mort... On est dans un petit village d'Espagne, il y a la guerre civile.
Voir la critique ici.


Portugal :
Gonçalo M. Tavares : Apprendre à Prier à l'ère de la technique (2007). C'est l'histoire de Lenz, de sa vie. Il est un chirurgien hors pair. Cela ne lui suffit pas, il veut plus. Il ne croit pas dans la bonté de l'homme. Il veut donner du pain et de la peur à sa ville et la dominer. C'est analytique et impressionnant.
On pourra lire la critique ici.

 

José Maria de Eça de Queiroz : Les Maia (1888). Un des chefs-d'oeuvre de la littérature portugaise. On est dans le dernier quart du XIX° siècle. C'est romanesque, vivant, l'histoire d'une famille, les Maia.
On pourra lire la critique ici.



Pologne :
Piotr Bednarski : Les Neiges bleues (1996). Il y a pas mal de livres sur les camps en Sibérie. Celui-ci est beau et tragique, poétique et symbolique. L
a critique se trouve ici.


Japon :
Se reporter à la page consacrée aux conseils de lecture en littérature japonaise.


spitweg
Carl Spitzweg, Le Rat de bibliothèque. Vers 1850.



 

II. Des ouvrages largement plus connus (on trouve même des Prix Nobel... )

 


J'aurais pu vanter les mérites des grands chefs-d'oeuvres que sont les Buddenbrook, Madame Bovary, le Quichotte, ou Cent ans de Solitude... les pièces de Shakespeare, l'Idiot ou la Guerre et la Paix. Mais à quoi bon ? Ces livres sont tellement et justement connus... Mieux vaut commencer par les lire, bien sûr.
En voici d'autres, bien connus quand même, mais un petit peu moins, et dans des genres très différents.

Albanie :
Kadaré, Ismaïl : Le Palais des Rêves (1981). Dieu envoie des rêves prémonitoires. Seulement, Il est loin. Ainsi, les rêves ne sont pas forcément très bien ciblés : n'importe qui est susceptible d'en recevoir. Une administration est donc mise en place pour collecter les rêves de tous les habitants d'Albanie, jusqu'au fin fond de la plus obscure province. Ils seront triés et analysés dans le Palais des Rêves, sorte de gigantesque ministère bureaucratique. Quelles sont les parts de symbolique et de fond historique dans ce roman ? On notera que Nicolas Bouvier, dans son livre Chronique japonaise (excellent livre, disponible dans la Petite Bibliothèque Payot) nous apprend qu'en l'an mille après J.-C., au Japon, "existe un Bureau impérial des Présages auquel les gouvernements des provinces les plus lointaines sont tenus de signaler tout ce qui sort de l'ordinaire. Parce qu'un auspicieux nuage est apparu sur une préfecture du Nord, tous les prisonniers ont été libérés." (p.37)
Dans ses livres, Kadaré raconte les faits, les analyse, en étudie toutes les possibilités, analyse jusqu'à l'absurde le moindre petit détail qui revêt soudain une importance capitale (par exemple dans "Qui a Ramené Doruntine ?", "Le Pont aux Trois Arches", deux excellents livres). Le thème majeur qui traverse toute son oeuvre, c'est la dictature s'appuyant sur une bureaucratie monstrueuse qui oppresse le peuple ("La Pyramide"...). Autre très bon livre, "Avril Brisé" va jusqu'au bout de la logique du code de l'honneur à l'albanaise...

 

Angleterre :
Kate Atkinson : Dans les Coulisses du Musée. Ce premier roman a reçu le Whitbread. Beaucoup d'humour pour une histoire en fait assez désenchantée, brillante, bourrée d'anecdotes qui ne s'inventent pas.

 

Argentine :
Adolfo Bioy Casares, Adolfo : L'Invention de Morel (1952). Un homme se réfugie sur une île déserte à propos de laquelle courent de mystérieuses rumeurs. Il l'explore, et découvre qu'elle est habitée : chaque jour, les mêmes gens viennent, font et refont invariablement les mêmes gestes et disent les mêmes phrases, comme si leur vie était une pièce de théâtre destinée à être répétée. Etrange mais néanmoins rationnel d'une certaine façon... une réflexion sur l'Eternité. Le meilleur livre - de loin - de l'auteur, ami de J.L.Borges. A ranger dans la catégorie "fantastique métaphysique".

 

Etats-Unis :

Carson McCullers : le Coeur est un Chasseur Solitaire (1940, Carson avait alors 23 ans). Un livre sur la solitude. Dans la moiteur du "Sud profond" des Etats-Unis, le quotidien d'une petite ville plongée dans la chaleur quotidienne. On y suit les vies croisées de plusieurs personnes : Mick (une adolescente qui rêve de neige et de musique), le docteur Copeland (un intellectuel Noir qui veut sortir son peuple de sa condition misérable), Biff (un homme étrange qui tient un bar), et tant d'autres... tous des solitaires à leur façon... mais le personnage central, le pivot, c'est Singer, un sourd-muet. Tous se confient à lui, mais il ne répond jamais. Dieu ?

 

France :

Supervielle : l'Enfant de la haute mer (1931). Un recueil de nouvelles d'un écrivain français au style magnifique. C'est poétique, parfois nostalgique, loufoque... Lire la critique ici.

 

Inde :
Vikram Seth : Un Garçon Convenable (prix W.H.Smith 1994). Succès international. Un gros (plus de 1500 pages) et grand livre. Il s'agit d'une vaste saga familiale, l'histoire tournant autour du choix du mari de l'héroïne. Des scènes mémorables (mouvements de foules), beaucoup de personnages... Disponible en format de poche, avec un inconvénient : l'arbre chronologique qui figure dans la version grand format a disparu... Sauvons les arbres !
Bref, un roman qui a du souffle.

Pérou :
Mario Vargas Llosa : La Ville et les Chiens (prix Biblioteca Breve 1962) : le quotidien d'un collège militaire de Lima. Education sévère, règlements de comptes. Plusieurs histoires s'entrecroisent, comme souvent chez l'auteur. On pourra lire aussi La Tante Julia et le Scribouillard, livre flamboyant d'où se détache  la figure d'un écrivain de sitcoms radiodiffusées à l'imagination extraordinaire qui rédige toutes les sitcoms diffusées par sa radio jusqu'à ce qu'il finisse par s'emmêler les pinceaux, les personnages passant d'une histoire à l'autre.

 

Portugal :
Saramago : L'Aveuglement (1995). Une épidémie qui rend aveugle, la chute de la civilisation, le style de Saramago avec ces phrases qui circonvolutionnent, ces images incroyables, cette noirceur et en même temps cette beauté... c'est brillant.
On pourra lire la critique ici.

 

Suède :
Pär Lagerkvist : Le Nain (1944) :
C'est l'histoire d'un nain, nous sommes pendant la Renaissance. Le nain est petit par la taille, mais il se croit supérieur aux autres : il est froid, manipulateur. Il méprise les autres. Lire la critique ici.

 

 

abranowicz

William Abranowicz, Livre. Santorin, 1991.

 

 

 

 


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